Jeongguk n'a jamais connu l'amour. La perception qu'il en a est erronée et encore en pleine construction ; dû à des blessures du passé à peine cicatrisées et ayant pour seul appui ses romans à l'eau de rose qu'il affectionne depuis son adolescence...
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La sonnerie retentit, annonçant la libération des élèves pour aller manger avant de retourner en classe. Jeongguk rangea ses cours de Méthodologie, rédigés proprement sur ses feuilles simples à grands carreaux, dans sa pochette cartonnée puis mit celle-ci dans son sac. Encore secoué par les récents événements de la fête organisée par Mister Populaire, le brun après une très longue conversation téléphonique avec son meilleur ami avait pris la sage décision d'éviter tout contact avec ce blond mystérieux.
C'est normal à ton âge de ressentir du désir et de l'attirance pour quelqu'un, Ggukie. N'oublie pas que les sentiments ne se contrôlent pas. Si tu arrives à un stade où tu aimes vraiment cette personne, il te sera plus difficile de l'oublier et de t'imposer des barrières. Et Dieu sait qu'on peut faire de sacrées conneries quand on est amoureux.
Les sages paroles de son aîné résonnaient en boucle dans sa tête, tel un écho lointain. L'amour et le sexe étaient trop étranges à ses yeux, trop complexes à comprendre. Beaucoup trop abstraits pour un jeune homme de son âge. Jimin avait beau tenter de lui expliquer le plus simplement possible pour qu'il comprenne bien ces notions mais rien n'y faisait. Sa vision de ces deux concepts était encore assez distordue et loin d'être réaliste, trop calquée sur ses lectures innocentes, stéréotypées et ses visionnages de films et séries truffés de clichés.
Il n'était pas allé à la fac durant plusieurs jours, histoire de faire le point sur lui-même. Pour éviter toutes brimades ou remarques de ses camarades, il avait opté pour un col roulé en tenue vestimentaire ce jour-là pour son retour en cours. Les suçons étaient toujours encrés dans sa peau et semblaient bien décidés à ne pas disparaître avant un bon moment. Ils étaient bien capricieux, ces vilains. Il ne savait toujours pas si l'auteur de ses horribles marques était Tae ou non. Si cela s'avérait être le cas, pourquoi l'avoir embrassé ? Pourquoi l'avoir suivi jusqu'aux toilettes ? Est-ce qu'il lui plaisait ? Est-ce qu'il jouait avec lui ? Trop de questions sans réponses qui ne faisaient que lui emmêler davantage les pinceaux. Son esprit était tellement focalisé sur ça qu'il ne fit même pas attention à Jin qui lui parlait depuis un petit moment déjà.
— Jeongguk, je te parle ! souffla celui-ci.
L'ébène réalisa alors que son ami lui adressait la parole et se reconnecta avec le monde réel, mettant ses questionnements de côté.
— Désolé hyung, tu disais ? s'excusa le plus jeune.
— Je te demandais de quel côté tu veux qu'on mange, aujourd'hui.
C'était hors de question de manger à la cafétéria, si c'était pour revoir le visage de son crush. La simple vue de sa personne lui suffirait pour flancher à nouveau et repartir dans ses travers. Il devait l'éviter, faire en sorte de ne pas le croiser, faire semblant de ne pas le connaître. Mais c'est si difficile pour quelqu'un comme Jeongguk de prétexter, de mentir à soi surtout quand on est très mauvais comédien. Pour la première fois, il allait poser de lui-même une limitation à ne pas transgresser. La dernière personne à l'avoir fait pour lui était son meilleur ami. Pour la première fois, il prenait une décision rationnelle et se comportait en adulte. Et bordel, qu'est-ce ça lui faisait bizarre, bien que l'idée de ne pas rencontrer la source des palpitations effrénées de son cœur le rendît vraiment triste.
