Chapitre 3 : Courrier

7.7K 468 21
                                    


— Alors, c'était bien ?

La voix d'Eden perça le silence confortable de l'appartement. Je fermai la porte, tournai la clef puis retirai mes chaussures. En relevant les yeux, je les vis, elle et Ben, emmitouflés dans une chaude couverture, sur le canapé avec une tasse à la main.

J'aurais sûrement dû rester avec eux.

— Oui, c'était, euh..

Je bredouillai quelques paroles en m'approchant d'eux. Je n'arrivai pas vraiment à trouver de mots justes pour décrire cette soirée, ce face à face et tout ce qui en a suivi. Mais, finalement, il n'y avait rien à expliquer. J'étais tombée là où il ne fallait pas au mauvais moment. Priam Hidden m'avait aidé parce que c'était son rôle de gentleman de le faire et puis, voilà tout.

Je m'affalai sur le fauteuil en face d'eux en soupirant. Eden, les yeux pétillants, me regarda avec intérêt et se redressa.

— J'ai entendu dire qu'il y avait des boxeurs d'exception, ce soir-là. Est-ce vrai ?

— Depuis quand tu t'y connais en boxe ? humorisa Ben.

— Depuis toujours, riposta-t-elle, indignée. Surtout quand il est question d'homme comme Priam Hidden.

Mon cerveau se réveilla à l'appellation de ce nom et je voulus me maudire pour ma curiosité en demandant :

— Tu le connais ?

— Pas personnellement - malheureusement - mais on ne parlait que de ça sur les réseaux. Alors, tu l'as vu ? Est-il aussi beau que sur les photos ?

Je hochai la tête.

— Je crois même qu'il est encore plus sexy que Channing Tatum... C'est peu dire, rêvassa-t-elle. Je donnerais n'importe quoi pour le toucher.

En la regardant et en étudiant le ton si enjôleur de sa voix, je me rendis compte qu'il attirait vraiment tout le monde. Pas seulement toutes ses personnes prêtes à n'importe quoi pour l'approcher mais aussi une femme comme Eden, en l'occurrence déjà prise.

Ben lui frappa le coude.

— Tu as déjà un petit copain, je te rappelle.

Eden éclata de rire et lui caressa la joue. Ses yeux étincelèrent, son sourire devint bien plus sincère et touchant puis elle déposa ses lèvres sur celles de Ben.

— Il n'y a que toi qui compte et tu le sais, dit-elle.

Je détournai légèrement les yeux et les laissai vagabonder autour de moi, loin de cet amour qui me dévorait parfois. Je fixai le canapé en similicuir gris, les coussins roses duveteux sur lesquels j'aimais poser ma tête le soir. À ma gauche, la cuisine et le bar, débordant de cahiers et de papiers laissés de côté. Puis, mon paysage préféré : le balcon. Là s'étendait une partie de Brooklyn, grandiose et entêtante, près et à la fois loin de tout. J'entrevoyais le pont et ses câbles filants vers le ciel, les gratte-ciels plongés dans l'obscurité qui semblaient s'entrechoquaient comme des quilles, les petites lumières environnantes des voitures. Ce quartier avait le pouvoir de faire taire tous mes doutes. Je me sentais en sécurité ici, perdue parmi tellement d'autres et là où il serait impossible de me retrouver.

— Bon, sinon, me lança Ben, il était comment ce match en dehors des mecs ?

Je détachai mon regard du ciel et tentai un sourire.

— C'était bien, mentis-je.

— Tu peux le dire, Belle, c'était grâce à Hidden, hein ? me taquina Eden.

K.OWhere stories live. Discover now