Chapitre 31 : K.O

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Ce n'était pas ça.

Rien n'était réel. Je rêvais.

Priam et Aria... ça ne pouvait coïcider. Ça n'allait pas ensemble. Aria était ma meilleure amie. Priam m'aimait... n'est-ce pas ?

Sous mes yeux, la scène se modifia. Aria se releva pour s'habiller à la hâte. Priam enfila un short de sport, sûrement sa tenue pour concourir.

— Non, non, non... l'entendis-je marmonner. Putain, qu'est-ce que c'est que cette merde.

Hébété, il passa ses mains sur son visage comme si tout allait s'effacer. J'aurais bien aimé. Sauf que, dans cette histoire, ce n'est pas lui qui devrait être désorientée, c'est moi.

— Écoute, Belle, je te jure qu'on ne faisait rien de mal, dit soudain Aria en s'approchant de moi, le teint grîsatre. C'était juste pour... pour déconner.

Je me figeai davantage à ses mots, comme les trois personnes présentes derrière moi. Si j'en avais la force, j'aurais lâché un ricanement amer. Pourtant, tout était mort en moi. Il n'y avait plus rien à part un vide béant dans ma poitrine. Ses paroles ne firent que creuser un peu plus dans le trou, elle prolongeait la douleur rien qu'en osant me regarder, en fait.

— Je ne voulais pas te blesser, on voulait juste...

— Tu me dégoûtes, dis-je soudainement.

Alors qu'elle s'était baissée pour ramasser sa veste, ma voix la fit tressaillir.

— T-Tu n'es qu'une sale trainée. Je ne veux plus jamais entendre parler de toi.

Les soubresauts que je subissais rendait mes mots moins crédibles qu'ils auraient dû l'être, mais Aria exorbita les yeux. Elle ne me pensait pas capable d'autant de vulgarité, ni de pouvoir ressentir autant de haine. Pourtant, le vide béant s'accompagnait d'une étrange colère. Elle purulait tellement qu'elle me brulait ce qui me restait de poitrine, balayant le peu de rationalité qui persistait en moi.

Lentement, sans savoir comment, je trouvais la force de me relever, les larmes toujours indomptables.

— Je sais que tu m'en veux, Belle. Mais, ça ne se reproduira pas, c'est promis. Je ne toucherai plus à...

— Vas-t'en, soufflai-je. Pars loin d'ici. Je ne veux plus rien à avoir à faire avec t-toi.

— Tu n'es pas dans ton état normal.

Mon regard la vrilla sur place. Des flammes dansaient devant mes yeux.

— Vas-t'en !

— Tu ne dis pas ça sérieusement ?

Elle semblait enfin prendre conscience de la situation. Son visage se liquéfiait et virait au vert à mesure que le silence devenait parlant. S'accrochant à sa veste, son regard s'assombrit. Elle jeta un coup d'oeil à Priam, derrière elle, dans l'espoir de recueillir son soutien, mais celui-ci s'entêtait à me fixer. Aria se résigna.

— Très bien. Je me casse. De toute façon, il était clair que tu ne lui suffirais pas. Ça devait arriver un jour ou l'autre.

Et, elle se remit en marche. Furibond, elle bouscula Gabriel au passage et disparut.

Quand je rencontrai le regard anxieux de Priam, je ne réalisais toujours pas ce qu'il venait de se passer. L'image de leur deux corps pressés l'un contre l'autre et de leurs gestes saccadés persistait devant ma rétine, mais ça ne me touchait plus de la même façon qu'il y a deux minutes. Je n'arrivais pas à ressentir la tristesse du premier instant, comme s'il s'agissait d'un processus pour me protéger. Mon esprit me censurait, me coupait des émotions susceptibles de me heurter trop profondément. Quelque chose avait dysfonctionné en moi.

K.OOù les histoires vivent. Découvrez maintenant