Chapitre 19 : Symptômes

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La foule criait fort, exultant, dévastatrice. Je percevais ces habituelles vibrations sous mes pieds, crées par les basses du stade. Elles se confondaient avec mes battements de cœur, qui résonnaient si fortement que j'en souffrais. Je fixai Priam dont les deux pieds étaient fermement plantés sur le ring. Les cris, les braillements, les sifflements... Tout se mêlaient en moi comme une litanie entêtante qui me plongeait davantage dans l'atmosphère de la salle. Pourtant, ce que j'entendais le plus était ses grognements. J'avais mes yeux braqués sur lui alors que son adversaire abattait coup sur coup dans son abdomen musclé. Il le regardait avec des yeux noirs d'onyx en aplatissant son poing, comme s'il éprouvait un plaisir malsain à le blesser.

Je n'arrivais pas à détourner mon regard du spectacle. Je voulais que si, par hasard, mon boxeur arrivait à poser ses yeux sur moi, je sois là pour lui insuffler le courage dont j'étais véritablement empli. Être son rempart. 

Personne n'aurait pu penser que Priam puisse se faire laminer ce soir. Il était tellement plein entrain aujourd'hui ! Notre baiser semblait l'avoir requinqué plus que n'importe quoi d'autre mais ses gestes semblaient bien plus lents que d'habitude.

Après sa rasade de coups, l'autre boxeur recula. Priam en profita pour lui barrer la mâchoire d'un violent uppercut. À ma droite, Gab bouillait face au tournent inquiétant que prenait le troisième round :

— Putain, à quoi il joue ! Pourquoi il se laisse frapper ?

Le Coach qui était resté au pied du ring, pour déblatérer ses instructions à l'attention de Priam se retourna vers nous avec un regard anxieux.

— C'est la WWC qui le perturbe, Gab, dit Andrew.

J'avais beau cligner des yeux encore et encore, de grandes cernes noircissaient le dessous de son regard. On n'aurait dit qu'il ne dormait pas. Ses traits étaient tirés au possible, son regard voilé... oui, il ne dormait pas.

— Meg, ces cernes... C'est normal ? demandai-je, soucieuse.

—  Priam a quelques problèmes pour dormir, ma puce. Il est insomniaque.

— Et, il ne prend rien pour calmer ça ?

— Si. En tant normal, il a quelques cachets... Mais, maintenant que tu le dis, je ne les ai pas vus sur sa table de chevet depuis notre atterrissage.

Meg et Gab s'échangèrent un regard consterné, comme s'ils se parlaient silencieusement, à tel point que les mots ne servaient plus pour expliquer une évidence déjà vécue. Je me rappelai soudain de sa venue dans ma chambre à Boston... Il ne pouvait pas dormir.

Que se passait-il ?

Nous étions désormais à Atlanta. Ce laps de temps entre le baiser et aujourd'hui avait bouleversé ma vision de l'existence. Je n'arrêtais pas de me demander comment j'avais pu me contenter de mon ancienne vie en ayant jamais pu goûter à ça. Priam redonnait de la couleur à ma vie. Il utilisait la moindre parcelle de son temps pour être avec moi et me faire découvrir tout plein de choses. Nous avions visiter Boston ensemble la nuit dernière, sous les étoiles du parc de la ville. Il la connaissait d'ailleurs comme sa poche en y étant allé bon nombre de fois durant ces tournées passées. Son sens visiblement accru de la dépense l'avait poussé à me couvrir de cadeaux. Tout ce qu'il voyait en boutique était bon à prendre selon lui. Ma garde-robe était désormais pleine à craquer et ne parlons pas des gâteaux et des fleurs - il savait que j'adorais ça. Ma chambre d'hôtel à Atlanta était remplie de fleurs et sentait les cookies à des kilomètres à la ronde. Chaque fois que j'y entrai, il y avait une nouvelle pâtisserie. Tout semblait parfait. Sauf que pendant les quelques minutes qui avaient précédaient le début du match, il se comportait bizarrement.

K.OOù les histoires vivent. Découvrez maintenant