Chapitre 12 : Protection

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Lorsque Ben ferma la porte de l'appartement, un silence inéluctable fit son apparition.

Encore toute chamboulée, je posai mon sac sur la patère, très vite rejoint par ma veste. Je pris le plus de temps possible pour retirer mes chaussures et les troquer contre une bonne paire de sandales confortables. Le temps de faire tout cela, Ben avait déjà eu le temps de souffler quatre fois.

— Belle, dis-moi ce qui se passe, finit-il par dire d'une voix lasse.

Je haussai les épaules, faussement détendue. Comment pourrais-je être détendue dans une telle situation, bon sang ? Il y avait tellement de choses qui se bousculaient dans ma tête. Priam, cette histoire de bail, ma toute nouvelle vie qui partait en vrille. Je ne savais plus que faire. Alors, comment étais-je censée réagir face à cette proposition ? Je n'avais qu'une envie, tomber de fatigue et me réveiller comme si cet épisode de ma vie ne s'était jamais produit.

— Tu n'y penses pas vraiment, n'est-ce pas ? continua Ben dans mon dos. Tu ne vas pas réellement accepter son offre ?

— Je ne sais pas.

En me retournant, je le surpris écarquiller les yeux.

— C'est censé être une plaisanterie ? Parce qu'elle n'est pas bonne du tout, pour le coup.

Son ton faussement outré m'irrita. Qu'est-ce qu'ils avaient tous à contester mes décisions ? En ce moment, Ben semblait même professionnel pour cela et une part de moi peu conventionnelle voulut lui dire qu'il se pourrait bien que j'accepte

Par ailleurs, plus le temps passait et plus, l'offre de Priam me paraissait concevable. Certes, ce n'était pas la plus sûre mais... J'étais fauchée et coincée dans une impasse. Une telle proposition ne se présenterait pas deux fois.

Pour une fois, je ressentis le besoin de faire quelque chose d'égoïste dans ma vie. Peu importe l'avis des autres, mon avenir était en jeu. Je ne pouvais pas encore prendre de décision mais rien ne m'empêchait d'être objective et de laisser une chance à Priam.

— Où voudrais-tu que j'aille sinon ? déclarai-je. Il m'offre l'hospitalité. C'est presque inespéré.

— Tu le connais à peine.

— Et alors ? demandai-je d'une voix tremblante, en proie à une colère ingérable. Je ne peux pas vivre dans la rue.

Ben posa les deux mains sur le plan de travail de la cuisine, les mâchoires crispées. Lui qui avait toujours l'habitude de réussir dans chacune de ses résolutions, la simple idée de me laisser m'en aller, de perdre contre Priam, lui était visiblement insupportable.

— On trouvera une solution. Tu n'es pas obligée d'aller dans ces extrêmes-là, Belle.

— Tu dis ça comme si Priam était dangereux pour moi.

— Mais qu'est-ce que tu sais réellement de cet homme, hein ? rétorqua-t-il en élevant la voix. Je ne sais pas ce qui se passe entre vous mais tout ça, ça ne te ressemble pas. Tu acceptes de revoir un mec qui se contente de montrer ses muscles pour de l'argent, toutes les femmes se pâment devant lui, tu ne crois pas qu'il cherche juste à t'utiliser ? Ce genre de gars, Belle, ce sont des mauvais gars. Et, tu ne mérites pas ça. Tu ne mérites pas de tomber dans son jeu juste parce qu'il a une belle gueule.

Il s'éloigna du plan de travail à grand pas.

— Jamais depuis que je te connais, tu n'es rentrée si tard la nuit. Tu sais à quel je me suis inquiété pour toi la veille ? Combien de fois je me suis imaginé des films dans lesquelles tu étais en danger ? Et, là, te voir rentrer avec lui aujourd'hui, entendre qu'il te propose de vivre avec lui, c'est le pompon ! Alors, oui, Belle, pour moi, ce mec n'est pas sain. Il a même un sérieux problème et j'ai le pressentiment que tu y seras très vite mêlée.

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