Chapitre 15 : Nouveau monde

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Mes doigts glissèrent sur le carton pour atteindre le rouleau de scotch que j'avais stupidement posé sur une étagère au-dessus de mon lit. Quelques efforts et tiraillements dans mes omoplates plus tard, je réussis à l'attraper et à décrocher une longue bande collante. Je l'appliquai dans le creux et fermai mon carton plein de bouquins et de cahiers de cours. L'ouverture de celui-ci ne sera pas volontaire, ça c'est certain. D'après Priam, je suivrais mes cours par correspondance. J'ignorais si cela se révélera efficace à long terme, déjà que je n'étais pas un petit génie à l'école, je sentais que j'aurais quelques difficultés à m'y habituer... Surtout avec un boxeur dans les parages avec un sex-appeal dévorant.

— Belle, je te parle. Tu veux que je range tes dessins avec tes crayons de couleurs ou tu veux les mettre avec ta trousse de cours ?

Eden était plantée devant moi, des piles et des piles de feuilles dans les bras.

— Euh... Je viens de ranger mes affaires de cours, bafouillai-je, prise en flagrant délit de paresse.

Elle se mit à genoux et rangea mes feuilles dans un carton encore vide en soupirant.

— Tu es sûre d'avoir pris la bonne décision ? Quand je disais que j'étais prête à tout pour vivre avec Hidden, je rigolais. Je pensais pas que tu prendrais ça au pied de la lettre.

— Je ne craindrai rien avec lui, Ed'.

Je me levai pour aller attraper des cintres encore encombrés par mes vêtements dans mon placard. Tout se vidait petit à petit... J'ignorais quel effet cela me faisait. J'étais nostalgique de ces mois passés à vivre ici, à déambuler dans cette chambre que j'avais faite mienne. L'appartement en lui-même était devenu mon chez moi et le quitter ressemblait bien au jour où j'avais quitté la maison familiale pour New-York mais, me dire que je rejoindrais bientôt Priam et un environnement complètement nouveau n'était-il pas censé m'effrayer ? J'étais pourtant très excitée. Au-delà de la contrainte que j'avais d'y aller, pour la première fois, l'idée de tout quitter m'emplissait d'euphorie.

Eden se mordit la lèvre en me regardant me rasseoir à ses côtés.

— Ben n'est pas...

— Je sais ce que pense Ben.

Il me l'avait bien fait comprendre. Son avis n'avait pas changé d'un poil. Il s'était opposé à toutes les raisons de Priam pour me faire vivre à ses côtés. Pour lui, l'idée de cours par correspondance me pousserait à l'échec scolaire, les voyages perpétuels que nous ferons m'éloigneront d'eux et de mes objectifs, sans oublier les risques que j'encourais de vivre avec un homme coureur de jupons qui pourrait me faire je ne sais quoi. Il s'opposait à tout ce que disait le boxeur et il continuerait de le faire tant qu'il resterait dans les parages.

— La vérité, c'est que...

J'hésitai. Eden ne savait pas trop quoi penser de ma décision. Je ne lui avais encore rien dit concernant mon bail ; elle devait certainement me prendre pour une folle de vouloir partir d'ici pour un inconnu. Je jugeai ce moment le plus opportun que je n'avais jamais eu jusque-là. J'allais partir d'une minute à l'autre. C'était maintenant ou jamais.

— Je n'ai pas les moyens de rester ici, déclarai-je en me concentrant sur mes cartons. Le proprio inonde ma messagerie depuis un mois pour savoir si je renouvelle le bail mais je ne peux pas. Tous les petits boulots sont pris et Priam m'a gentiment proposé de m'héberger, le temps que je trouve une autre solution plus confortable.

La dernière partie était fausse mais dire que Priam m'hébergeait pour le simple plaisir d'apprendre à me connaître relevait d'un sombre rêve. Ce ne serait jamais plausible aux yeux d'autrui. Pourtant, il avait raison, il n'y avait pas de règle en amour, je me sentais juste obligée de rassurer mes amis.

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