Chapitre 22 : Ennemis

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Je venais tout juste de prendre une douche après m'être assoupie deux bonnes heures. Toujours patraque, la tête encore dans les vapes du sommeil, ma main abaissa la poignet de ma chambre d'hôtel. J'avais l'attention de rendre visite à Priam comme d'habitude. Maintenant que j'avais l'autorisation de le voir, je passais mon temps avec lui. En deux jours, la situation n'avait toujours pas changé. Ses entraînements avaient été mis de côté du jour au lendemain, la tournée n'avançait plus. Priam était cloîtré dans sa chambre, ses journées étaient rythmées par le sexe intensif et un sommeil lourd. Tout ça durait maintenant depuis neuf jours. Du peu que je pouvais observer, il passait par différentes phases. Un coup il me suppliait de rester aussi longtemps que je pouvais, un autre coup il repoussait le moindre de mes efforts pour me rapprocher de lui. Ses émotions dérapaient pour un rien mais j'avais arrêté de me poser trop de questions. Depuis ma conversation avec Gabriel et mes recherches, j'en savais assez pour être en mesure de ne plus subir cette situation, ni d'en être la simple spectatrice ; à présent, je la vivais du mieux possible.

Le couloir était silencieux. Je m'aventurai dans les méandres de l'hôtel sans même avoir besoin d'allumer les lumières tant je connaissais désormais le chemin mieux que ma poche. Il était trop tard pour manger mais encore trop tôt pour se rendormir alors tout était plutôt sombre. Je croisai peu de monde. Mais, j'avais parlé trop vite. En arrivant devant la porte de Priam, une ombre passa dans mon coin de l'œil. Kate.

Visiblement prête à faire ce pour quoi on l'avait appelée, elle était affublée d'un simple T-Shirt. Mes dents grincèrent.

—  Tu comptais y aller ? me demanda-t-elle sans rien laisser transparaître.

J'étais malade de la voir. En plus de coucher avec un homme que je désirais, elle ne montrais aucune méchanceté à mon égard alors que j'étais verte de jalousie. Son indifférence m'énervait. Mais, elle n'avait aucune raison d'en faire autant puisqu'elle avait déjà ce qu'elle voulait. Lui.

Brûlante de frustration à l'intérieur mais pourtant si intimidée de l'extérieur, je fis profil bas en hochant la tête. Alors qu'elle se mordit la lèvre, j'observais son visage aux traits fins et mâtures qui me fascinaient toujours autant. Elle était si éblouissante... si charismatique.

— Bon, je passerais plus tard. S'il commence à s'agiter, appelle Gab.

Au moment où elle commença à tourner les talons, je l'arrêtai.

— Est-ce que vous l'aimez ?

— Qui ? Priam ?

Quelle question ?

  Oui, Priam, articulai-je en appuyant sur son prénom.

Elle émit un petit ricanement, penseuse.

— Au début, c'était le cas. Je le voulais, je voulais qu'il me désire aussi autant que moi je le vénérais. Maintenant... C'est juste pour lui permettre de rêver.

— Alors, vous ne l'aimez plus...

— On n'a pas forcément besoin d'aimer pour avoir du sexe, ma chérie. Avant, on le voulait tous les deux, ça l'aidait. Aujourd'hui, on le fait parce que c'est presque vital  pour sa santé.

— Vous parlez du fait qu'il peut oublier ses idées noires grâce à ce que vous faîtes ?

Elle acquiesça.

— C'est préférable. Priam est rapidement sujet aux addictions. Entre l'excès de drogue, d'alcool et de sexe, lequel choisirais-tu à sa place ?

Je me mordis la lèvre en refusant d'admettre qu'elle avait raison.

— Je vois que tu es un peu paumée, déclara-t-elle avec un soupir. Viens, il attendra.

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