SO BAD - PARTIE VII

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Quand elle referme la porte derrière elle, Erza a le souffle court. Elle entend le bruit d'une discussion, qui l'intrigue mais qui la térifie aussi ; est-ce-qu'il a tout avoué ? Est-ce qu'il a dit à Simon qu'ils ont couché ensemble, alors qu'il se douchait ? Elle espère que non, elle croise les doigts. Après tout, c'est à elle de gérer ses bêtises.

Pourtant, une fois dans le salon, elle voit simplement son fiancé sur son téléphone, sur le canapé. Il n'a l'air de l'avoir remarqué, du moins pour le moment. La rouquine tourne la tête pour voir la porte de chambre appartenant à Gerald ouverte. Puis, lentement, son regard se glisse sur les cartons qui parsèment le couloir.

La réalisation vient peu à peu chatouiller son esprit. Son sang ne fait qu'un tour et elle se précipite vers cette pièce, ignorant au passage Simon qui vient de l'appeler, réalisant sans doute sa présence.

Ne souhaitant pas être dérangée, elle claque la porte derrière elle pour ensuite la verrouiller. Son colocataire l'observe en levant un sourcil, ses mains tenant un t-shirt plié, prêt à être mis dans le sac de sport sur son lit.

« Qu'est-ce que tu fais ?, marmonne-t-il en rangeant son vêtement. Je suis plutôt occupé.

- Tu ne peux pas t'en aller comme ça.

- Ah bon ? Première nouvelle. »

Sa voix est basse, mais vibre d'une colère retenue. Elle entrouvre les lèvres puis sursaute quand on toque à la porte. Par instinct, la jeune femme s'en écarte en soufflant.

« Erza, ça va ?, demande le brun en essayant d'ouvrir.

- Oui ! Oui, ne t'en fais pas.

- Pourquoi tu as fermé ?

- En voilà une bonne question, glisse Gerald en remontant la fermeture du sac.

- Retourne t'asseoir, Simon, j'arrive. »

Elle a tenté de paraître ferme dans sa façon de s'exprimer mais sa gorge est serrée ; les conflits n'ont jamais été son fort mais, là, elle ne peut plus y échapper.

Le placard se ferme brusquement et le jeune homme traverse la pièce pour descendre le volet. D'une façon peut-être désespérée, elle l'empêche de terminer son action.

« Tu pars ?

- Ça ne se voit pas ?

- Pourquoi ? Tu peux rester. Ne pars pas.

- Je ne vois pas ce qui me retiens. »

Ça lui brûle la langue, les lèvres. Ça veut sortir mais elle n'ose pas, sans aucun doute par peur ; peur qu'il parte quand même, peur qu'il se mette à lui rire au nez, peur de s'exposer.

Il lui fait lâcher sa prise, les sourcils froncés. Ses mèches bleues, qu'il a coupé, touchent doucement son front qu'elle a envie de caresser, pour dessiner son tatouage.

Son ventre est encore tordu, l'angoisse ne l'ayant pas encore quitté. Si elle ne fait rien, elle va le regretter.

« Reste, s'il te plaît, dit-elle en posant finalement ses mains sur ses épaules.

- Je ne suis pas là pour évacuer ta frustration. J'ai des sentiments, moi aussi, je reste humain. »

Même si, oui, il a joué avec des filles. Même si, oui, il couche à droite et à gauche. Évidemment qu'il a un cœur. Il en a un, énorme, débordant de gentillesse pour qui veut bien le voir.

« Tu sais ce que je ressens pour toi, tu as partagé mon lit et tu t'es barrée. Si tu ne veux pas de moi, dis-le clairement et je te laisse faire ta petite vie de mensonges avec Simon. »

Il est dur. Très dur. Et ça pique.

Erza serre un peu ses doigts et agrippe son haut. Elle se cherche du courage, parce que là, ça se voit que le point de non retour est arrivé ; si elle n'agit pas maintenant, il va partir.

Ses yeux verts brûlent d'une certaine fureur, partagée entre le pardon, l'amour, mais aussi la colère. Une colère qui n'a pas encore éclaté, vu cette manière de contracter répétitivement la mâchoire, mais ça ne va pas tarder.

Surtout lorsque Simon tape à nouveau contre la porte.

Agacée, la rouquine relâche sa prise et part ouvrir. Elle ne sait pas ce qu'elle fait, ni comment elle doit procéder. Punaise, elle n'a jamais demandé à se retrouver dans un triangle amoureux, digne d'une série télé !

Et voilà que, maintenant, c'est elle qui est furieuse.

Alors tout explose.

« J'ai couché avec Gerald ! »

Silence.

Les deux hommes de la pièce sont stoïques, l'un avec une expression de surprise, l'autre avec un visage se tordant peu à peu sous la douleur.

« Tu as quoi ?, siffle le brun. Tu n'es pas sérieuse.

- Je ne peux pas être avec toi, Simon. Je ne peux plus. Je suis fatiguée de jouer la comédie et de faire comme si tout allait bien. »

Elle sait qu'elle est en train d'agir comme une personne mauvaise, selon les avis des gens. Si elle en avait parlé plus tôt, de ce mal-être, peut-être qu'ils auraient pu régler ça, pas vrai ?

Sauf que les pots cassés ne se réparent pas toujours. Et elle n'en a plus envie. Elle veut vivre sans se retenir. Elle ne veut plus être une ombre qui est juste satisfaite par un confort, une valeur sûre.

« Qu'est-ce que tu racontes ? On va se marier !

- Non ! Non. Je ne peux pas, je ne peux plus. Tout ca... Tout ça, c'est trop pour moi, je-

- On peut arranger tout ça, ce n'est pas grave, Erza. Ne dis pas que tu veux rompre. Pas après tout ce temps. Pas comme ca. »

Le désespoir tente sa voix. Elle fait sans doute tout de travers, elle doit aussi le blesser énormément mais. La rouquine est désormais dans l'incapacité de faire comme si tout allait bien.

Plus maintenant.

Pas alors que Gerald fait parti de sa vie.

« Je crois... Qu'on devrait partir sur des chemins différents. »

Sa voix n'est plus qu'un souffle. Erza déteste ce qu'elle fait. Elle a l'impression d'être une horrible garce qui a profité d'un gentil garçon trop longtemps.

« Tu ne peux pas me faire ça, gémit le brun en s'approchant d'elle. Et tous nos projets ?! »

La main dans son dos, réconfortante, lui indique que Gerald est là, toujours à côté d'elle. Il lui montre qu'il la soutient et qu'il sera là, même après que cette discussion sera finie.

Même après.

Donc la jeune femme se lance. Elle tranche les derniers liens entre elle et Simon. C'est dur, ignoble, les ruptures ne seront jamais une partie de plaisir.

Mais le mensonge non plus.

Quelques mois plus tard, alors qu'elle est assise à une table dans un petit bistro, Erza se dit que ça a été la meilleure décision de sa vie.

Gerald esquisse un sourire et se penche par dessus leur café, pour lui voler un baiser.

« Je t'aime. »

Des moments de la vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant