Chapitre 27 : Fin de soirée

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— Seigneur Lyrayem, nous ne vous avions pas vu arriver ! s'exclama Lyze qui semblait plus que rassurée par l'arrivée du seigneur.

— J'ai pu enfin m'échapper de ces conversations lassantes et le buffet me faisait de l'œil depuis un moment.

À ces mots, il prit un des petits gâteaux parmi ceux que Shauna avait commencé à entamer.

— Je suis étonné que le traité d'Hatriaria soit dans votre sujet de conversation. Nul doute que le festival est splendide, mais il est là en réalité́ pour cacher et permettre beaucoup de choses.

— Euh... excusez-moi, c'est quoi le festival et le traité de Hatria, finit par demander Shauna, qui ignorait de plus qui était cet homme à la cicatrice sur le visage.

Eirin engagea directement la conversation avec le seigneur Lyrayem sans accorder la moindre attention à la question de Shauna :

— Il est certain que la situation politique au sein d'Hatraria soit plus qu'inquiétante. Cependant, n'est-ce pas justement une raison pour se remémorer les fondements de l'union ? Nos propres pays sont les premiers à rappeler les traditions dans le cas de la rencontre d'une difficulté et ce qu'elle que soit sa nature. Ces traditions pouvant prendre la forme de pratiques culturelles comme religieuses. Savoir finalement qu'il existe quelque chose qui nous unisse, et dans le cas de la religion des êtres qui nous dépassent, nous préexiste et nous suivrons, rend la situation dans un certain sens immuable et la plupart des conflits inutiles dans l'esprit des hommes. Bien entendu, je ne suis pas naïve au point de penser que cela soit suffisant.

Eirin se tourna finalement vers Shauna :

— Ce n'est pas Hatria mais Hatraria. Il s'agit du territoire le plus à l'est du continent. Du fait de sa cartographie présentant un accès dégagé à la mer et de nombreuses rivières, le commerce y était florissant tout comme les conflits ... Le festival d'Hatraria fut ainsi nommé en l'honneur de la fille d'un commerçant immensément riche qui en souhaitant faire plaisir à son enfant organisa une immense fête suivit de nombreuses pièces de théâtre. Il ne savait pas que cela permettrait de rapprocher les différents territoires autour d'une pratique culturelle commune et ainsi de poser les bases d'un traité politique les unissant. C'est ainsi que des années plus tard, le traité fut écrit et la nation appelée du même nom que cette jeune fille dont la passion avait permis aux différents camps de voir au-delà de leurs différences.

— Je vois que votre père vous a bien fait apprendre la leçon.

L'ancien Paladin avait lâché sa phrase entre deux bouchés d'un petit gâteau, et cela avait surpris les trois jeunes filles, même Shauna.

— Pardonnez-moi, je suis peut-être un peu brusque dans mes propos. Je dois bien avouer qu'il est épuisant de jouer à faire semblant pendant un long moment. Vous êtes une jeune fille intelligente, et je comprends bien que vous tenez ce discours pour répondre aux exigences de votre père, et que ceci ne vous plaît guère. Avant la cérémonie, vous n'avez pas cherché à le retrouver comme la plupart des élèves. Vous me faites penser à moi quand j'avais votre âge, confronté à la volonté de vouloir faire honneur à la famille et à son géniteur, tout en éprouvant de la réticence et du dégoût à son égard. Par chance, si j'ose dire, mon père a perdu la vie tôt et j'ai pu me libérer de ses chaînes, et croyez-moi, ce fût grand soulagement. Contrairement à moi, vous ne devriez pas attendre la disparition de ceux qui vous nuisent pour vous en échapper.

Il fit alors un clin d'œil à l'héritière des Freymïr tout en ajoutant :

— À bon entendeur, bien sûr.

Puis il se tourna vers Shauna, qui semblait bien perdu dans cette conversation.

— L'univers des politiques et des nobles peut paraître bien déroutant quand on ne s'y connaît pas. Mais n'ayez crainte, la plupart de ces gens autour de nous sont inoffensifs. Ils n'ont du pouvoir que parce que les gens du peuple leur en accordent.

L'odyssée des EspritsWhere stories live. Discover now