17.1. Des millions

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— Hum... j'ai peur de dire que je couche avec toi, maintenant, chuchote Iris en frottant son corps sur le mien.

— Ne me dis pas que tu en as parlé ?

— Bah oui. Je vis des nuits de baise glorieuses, là, je ne peux pas garder ça pour moi.

Je l'allonge sur moi, cuisses contre cuisses, nombril contre nombril, poitrine contre poitrine. Je frotte le bout de mon nez contre sa joue et elle ronronne en se faisant toute petite dans mes bras.

— Dans ce cas, il n'y aura qu'un petit million de personnes qui viendront cogner à ma porte pour que je les baise, ce n'est rien, plaisanté-je en embrassant son oreille.

Elle appuie son menton sur mon sternum pour me regarder étrangement.

— Et tu les baiserais ?

Bon.

C'est ce que je redoutais depuis que notre relation a débuté, depuis longtemps, en fait : les questions ambiguës.

— En ce moment, je ne baise que toi.

Elle sourit légèrement, mais semble encore intimidée par quelque chose. Ce n'est pas la réponse qu'elle cherchait, ça je sais.
Je sais aussi à peu près ce qu'elle veut : l'exclusivité. Peut-être une promesse d'amour éternel aussi. C'est ce que toutes les femmes veulent au final, non ?

C'est pourquoi je m'étais fait le serment de ne jamais coucher avec la même femme deux fois. Je ne voulais pas me prendre la tête avec ces questionnements, seulement avoir du bon temps jusqu'à ce que j'aie envie de me poser, d'avoir des enfants, ce genre de trucs.
J'ai vingt-huit ans, et je ne pense pas que ça va arriver de sitôt.

Et maintenant, elle est là avec ses grands yeux bleus et son visage d'ange à chercher des réponses à ses questions dans mon regard, à essayer de se rassurer, de se confirmer que je ne la rejetterai pas bientôt. Qu'elle n'a pas merdé en me posant cette question.

Un certain inconfort s'installe dans ma poitrine. Je me sens mal pour une raison quelconque.

— J'ai faim, murmuré-je pour changer de sujet. Tu viens déjeuner ?

— Mmh.

Iris se roule hors du lit pendant que je m'assois et m'étire. Sans dire un mot, elle prend son débardeur et son short de pyjama échoués au sol et s'enferme dans la salle de bains. Je me craque la nuque, enfile mon pantalon de pyjama et prends mon téléphone pour gagner la cuisine. Je sors une boîte d'oeufs et des toasts puis mets un poêle à chauffer pour cuisiner.

Elle s'éternise dans la salle de bains et j'ai le temps de cuire trois oeufs, un pour elle et deux pour moi, de griller des toasts, un peu machinalement, avec des herbes et quelques épices.

Il y a une certaine tension involontaire entre nous et... je dois avouer que ça me préoccupe. Je ne veux pas être la cause de sa tristesse ou peu importe.

Et puis, putain, ce genre de trucs ne m'est jamais arrivé.

— Ça sent bon.

Je redresse la tête pour voir Iris s'approcher de moi, les joues rouges et les cheveux mouillés et dans le pyjama dans lequel elle m'a rejoint hier.

— C'est la seule chose que je sais cuisiner, alors tu es mieux d'aimer ça, lui souris-je doucement en ajoutant des tomates-cerise à nos assiettes.

Elle renverse la tête en arrière en riant, puis saute sur l'un des tabourets du bar avec les yeux brillants.

Je me détends un peu parce qu'elle se remet à se comporter normalement.

Sue Me - T1Where stories live. Discover now