45. Ne me force pas

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et puisque je suis un peu en retard dans mes publications quotidiennes, voici votre Nono national pour compenser 👆🏼

bonne lecture, là.

🖤

— Elle ne parle pas ?

— Elle insiste qu'elle n'a rien à dire.

Je serre la mâchoire en me retenant de défoncer la porte à coups de pieds pour l'interroger à ma manière.

Je suis d'humeur massacrante.
Même Margaux n'arrive pas à me tempérer.

— Torturez-la pour qu'elle parle, alors, grincé-je en fusillant Donovan du regard.

Appuyé contre le mur, les bras croisés sur son torse large, il me sert une œillade ennuyée. Il attend qu'un groupe d'enquêteurs passent près de nous et disparaissent au coin du large couloir pour murmurer :

— J'ai l'impression que cette fille n'en aura pas besoin, de toute façon. On va lui mettre encore un peu la pression et elle va parler.

— Ça fait trois jours, putain. Ils pourraient être n'importe où, maintenant.

Dans un excès de colère, je pousse un grognement et donne un coup de pied dans la porte de la salle d'interrogatoire pour l'ouvrir où, assise sur une chaise devant une table, elle sursaute.

— Noah !

— Tu vas parler ou pas ?

Elle me défie de ses yeux intensément noirs malgré la peur qui suinte de chacun de ses pores.

— Je n'ai rien à dire.

— Mon cul, ouais.

Je m'assois devant elle et plaque mes mains sur la table.

— Parle.

— Non.

— Ne me force pas à demander à Donovan de faire ce qu'il a à faire avec toi.

Du coin de l'œil, je vois mon ami poser une main ferme sur son fusil à sa ceinture pour menacer gentiment, mais fermement la jeune femme qui serre les lèvres en se recroquevillant dans sa chaise.

— Et toi, ne me force pas à sacrifier la vie de dizaines de personnes pour quelques informations, murmure-t-elle les yeux perdus dans le vide. Plus tu en sais, plus tu es proche de la mort.

Elle se gratte presque violemment le bras, tic nerveux que j'ai aussi remarqué chez Zoé.
Un réflexe de manque, j'en ai bien l'impression.

— Je ne peux pas parler.

En appuyant mes coudes sur la table de métal, je me frotte les paupières. Donovan approche dans mon dos dans le froissement du tissu épais de son uniforme.

— Écoute. Aide-nous et tu n'auras plus à avoir peur. On est là pour ça.

— Il doit déjà savoir que je suis ici, souffle-t-elle en promenant son regard apeuré entre lui et moi. C'est Zoé qui va en payer le prix, pas moi. J'ai peur pour elle. Pas pour moi.

À la mention de ma sœur, mon dos se raidit. Je la fixe droit dans les yeux.

— Elle en paiera comment ? Tu as dit qu'il l'aimait.

— À... à sa manière.

J'écrase mon poing sur la table, frustré.

Je suis continuellement frustré depuis plus d'une semaine et ça en devient presque contagieux parce que Donovan soupire aussi avec exaspération. C'est un état de découragement et d'impuissance constant qui ne fait que se renforcer ces dernières semaines parce qu'on a l'impression de faire face à un réel cul de sac sans issue. Même si je refuse d'y croire, ça commence à me hanter, à me faire peur. Et si je n'étais pas capable de sauver Zoé ? Et s'il fallait que je laisse les choses devenir publiques pour son bien ?

Sue Me - T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant