216 lettres [HS]

Chapitre 36 - L'armée américaine

Je baisse la tête pour le regarder tout en fronçant les sourcils. Est-ce que c'est le moment où cette soirée parfaite se change en quelque chose d'un peu moins parfait ?

Les contes de fée n'existent pas, Béatrice...

- Pourquoi j'ai l'impression que je ne vais pas aimer ce que tu t'apprêtes à me dire ? Je souffle.

Il prend ma coupe de champagne et il la dépose à côté de lui sur les planches de bois du porche. Il se tourne vers moi et prend mes mains dans les siennes. Son regard ne quitte pas le mien. Sa langue passe délicatement sur ses lèvres avant qu'il les entrouvre.

- Je veux que tu m'écoutes jusqu'à la fin. Dit-il. D'accord, honey ?

- Harry, tu me fais peur.

Il se racle la gorge et baisse les yeux pour regarder nos mains qui sont toujours l'une dans l'autre.

- Je veux que tu sois heureuse... commence-t-il.

- Je le suis, Harry. Je le coupe.

Il commence à rire en me regardant à nouveau droit dans les yeux.

- Trice, je t'ai demandé de me laisser parler. Ajoute-t-il.

- Oui, désolé. Je dis avec un sourire sur le coin de mes lèvres.

Il reprend son sérieux.

- Je veux fonder une famille à tes côtés. Je veux que tu sois fière de moi, comme tu l'as été pendant que j'étais militaire. Je ne veux pas que tu te prives de quoi que ce soit. Souffle-t-il. C'est pourquoi... Je me suis engagé. Enfin, je me suis engagé à nouveau.

Mon souffle se coupe au moment où il prononce ces mots. Les larmes me montent aux yeux et coulent doucement sur mes joues. Puis, avec l'aide du revers de son pouce, il essuie quelques-unes d'entre elles.

- Tu n'avais pas le droit. Je dis en me levant du sol. Tu n'avais pas le droit de faire ça sans m'en parler.

- Honey, je te promets que ça va être différent. Dit-il en se levant du sol à son tour. Je vais avoir de plus petites missions et je vais avoir des permissions pour venir te voir. On va se voir aux... Trois ou quatre mois.

- Non, arrête s'il te plaît. Je lâche.

J'entre à l'intérieur de la cabane et m'installe sur le lit. Harry vient me rejoindre en s'installant juste à côté de moi.

- C'était la chose la plus logique à faire, Béatrice. Murmure-t-il en déposant sa main dans mon dos.

Je plisse mes yeux bruns avant de le fixer.

- Je pensais seulement que je ne vivrais plus cette peur, comme je l'ai vécu quand tu étais là-bas. Je souffle entre les larmes qui s'échappent encore.