Aime-moi... (et tu le regretteras). © [ÉDITÉ]

| CHAPITRE 7 |

Le comportement de Damon m'a clairement refroidi. Je reconnais que je l'ai sans doute jugé un peu hâtivement par rapport à ce que Tess m'a racontée. Toutefois, ce type tout à l'heure qui a surgi de nulle part pour me demander mes tarifs m'a choquée. C'était la première fois de ma vie que j'étais confrontée à ce genre d'abruti à l'haleine tout aussi douteuse que son apparence. J'ai pété les plombs lorsque j'ai compris qu'il était très sérieux, que ce n'était pas une insulte lancée en l'air uniquement en vue de me provoquer. Mes vêtements n'avaient rien de tapageur et quand bien même cela aurait été le cas, ce n'était pas son problème. C'est mon corps, j'en fais ce que je veux et cela ne donne aucun droit aux autres de me dénigrer de la sorte !

J'ai été énervée, scandalisée, et je suis partie au quart de tour. Je reconnais que ce n'était pas nécessairement très malin de ma part. S'il avait été armé, j'aurais été dans de beaux draps. Ce qui m'a de plus désarçonné, c'est le fait qu'il se soit carapaté en découvrant que Damon était dans le coin, à me suivre comme un toutou en manque de croquettes ou de papouilles. Oui, ça m'a surprise, puis un peu effrayée. Parce que si ce type louche avait peur de lui, alors cela signifiait que Tess était probablement bien en dessous de la réalité, qu'il n'est clairement pas fréquentable. Peut-être que je me fais des films ? Oh, je n'en sais rien.

Je n'ai pas su le regarder en face ni lui dire un mot de tout le trajet jusqu'à la maison. J'ai cogité pendant de longues minutes, puis suis rentrée sans même le remercier. Mes lèvres refusaient de se mouvoir tant j'étais encore troublée, par son attitude, sa présence. Il a beau m'énerver, je ne peux pas nier que mon corps, lui, le trouve à son goût et c'est plus que déroutant.

Pourquoi fallait-il qu'il soit attiré par cet indigeste monsieur ténébreux ?

J'ai toujours en travers la gorge – malgré ses excuses – sa petite pique à la plage lors du feu d'artifice, sa provocation et ses sous-entendus nébuleux. Ce genre de mec ne me plaît pas, ça n'a jamais été le cas.

— Tu es déjà rentrée ? s'étonne Mamita, en relevant le nez de ses feuilles de comptes.

— Je viens de faire une mauvaise rencontre, ânonné-je, en posant mon sac sur le meuble de l'entrée.

Elle blêmit, en se levant de sa chaise.

— On ne t'a rien fait de mal ? s'inquiète-t-elle.

— Non. Non, tout va bien, balbutié-je. J'ai eu de la chance.

Elle soupire, soulagée, et me rejoint. Elle m'enlace, me parle avant même que je ne lui évoque ma façon de penser :

— J'aurais dû t'informer du fait que la tranquillité de cette ville n'est plus ce qu'elle était depuis quelques années. Je n'imaginais pas qu'en allant à la plage, tu croiserais des individus douteux. Ils n'ont pas l'habitude de s'y rendre. D'après ce que je sais, les trafiquants en tout genre fréquentent les quartiers nord, là où les plus démunis vivent également. Je suis désolée, Ella. Es-tu sûre que ça va ?