Aime-moi... (et tu le regretteras). © [ÉDITÉ]

| CHAPITRE 13 |

J'ai réussi à trouver de nouvelles nappes pour aller parfaitement avec la décoration du Diner. Oui, nous revoyons la totalité de ce dernier, et puis, changer de temps à autre ne fait pas de mal. Mamita ne se souvient pas de quand datent celles qui sont actuellement sur les tables, c'est pour dire. De ce fait, pendant les travaux, les locaux sont fermés. J'ai aussi acheté des graines que Mamita s'évertuera à faire pousser. J'en mettrai parfois au Diner, ce sera sympa.

Des gens qui se disputent dans la rue attirent mon attention tandis que la porte de la boutique se claque derrière moi. Une Berline noire passe à mes pieds, les vitres arrière de cette dernière sont teintées. Le chauffeur du véhicule roule vite, faisant crisser les cailloux sur la chaussée. Je distingue mieux le couple qui se chamaille et plisse machinalement les yeux.

Damon est en compagnie d'une femme plus âgée. Son expression est loin d'être détendue, des jurons lui échappent tandis qu'il lui crie de monter dans la voiture, mais elle s'obstine à ne pas vouloir l'écouter. C'est quoi ce plan ?

La brune est plutôt grande, je dirais qu'elle fait environ un mètre soixante-quinze. Ses cheveux raides tombent sous sa poitrine très peu couverte. Elle est perchée sur des talons de dix centimètres allongeant davantage ses jambes interminables. Son corps est assez menu, elle est débraillée et ses fringues vulgaires semblent ne pas avoir été lavées depuis des jours. Ils sont froissés et sale. Sa jupe est très courte et ne laisse pas place à l'imagination. J'ai beau cligner des yeux afin de chasser cette image de ma vue et de mon esprit, elle s'incruste dans la réalité. Je ne me fais apparemment pas d'idées.

Il se trouve au beau milieu de la chaussée avec une prostituée. J'ai du mal à y croire...

Je suis tellement scotchée que je reste là, à les observer se gueuler dessus de loin, sans que je puisse comprendre le sens de leurs paroles. Elle finit par s'en aller et il la laisse partir. Encore heureux ou je lui aurais lancé mes sacs à la tronche, non, mais ! Quoi qu'elle fasse pour gagner sa vie, elle a des droits, bon sang ! Elle rejoint la Berline noire qui est stationnée à plusieurs mètres.

La tête de Damon dévie dans ma direction et je sors de ma léthargie en même temps qu'un faible sourire ébauche ses lèvres. Son regard me percute de plein fouet tandis qu'il effectue un pas vers moi, jusqu'à se rapprocher et être à moins d'un mètre.

De façon puérile, je lui tourne le dos afin de partir d'ici. Je ne sais pas comment réagir face à ce que j'ai vu. Ça ne me plaît pas. Je préfère m'éloigner de lui. Je sens cependant sa présence derrière moi, ce qui me fait lourdement soupirer.

— Pourquoi me suis-tu ? marmonné-je, sans pour autant lui accorder davantage d'attention.

— Je voulais te dire « bonjour ».

— Oui, ben au revoir, Damon, conclus-je.

Son rire fait écho dans tout mon être et je me tourne à la volée, stoppant net mes pas ainsi que les siens. Il manque de me rentrer dedans, je recule aussitôt, par mesure de sécurité.