| CHAPITRE 12 |

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— Demain, pourras-tu tailler la haie ? me demande monsieur McGregor

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— Demain, pourras-tu tailler la haie ? me demande monsieur McGregor.

— Oui, pas de problème, assuré-je.

Le pauvre vieux me fait de la peine. Il m'a déjà posé la question tout à l'heure et je lui ai répondu que je le ferai, seulement, j'ai l'impression que le septuagénaire commence à devenir sénile. Sa fille devrait songer à le placer dans une maison de repos. Je finis de monter le meuble de sa cuisine qu'il a déniché dans une brocante le week-end dernier d'après ses dires. C'est une antiquité, bien plus que le vieil homme à la chevelure immaculé qui me fait face. Il remet correctement les bretelles qui maintiennent son pantalon, sur ses épaules, puis se gratte la panse.

— T'es un bon gars, me dit-il, avant d'aller dans son salon pour s'asseoir.

Une fois terminée, je quitte la demeure après lui avoir souhaité une bonne fin de journée et je grimpe dans ma bagnole. Je ne suis pas toujours d'humeur pour la politesse, mais lorsqu'il s'agit des clients, je fais en sorte de ne pas tirer la gueule ni de les envoyer sur les roses quand ça ne va pas. Et pourtant, il y en a une paire qui m'ont déjà fait chier durant toutes ces années. Comme la vieille Martins qui veut que je taille ses haies toutes les semaines bien qu'elles n'aient pas bougé d'un centimètre. Ça me gonfle, mais je fais semblant de le faire. Tant pis pour elle, si elle dépense de l'argent dans le vent, ce n'est pas mon problème. Visiblement, elle a trop de blé et ne sait qu'en faire, donc j'en profite, c'est vrai.

Je me rends dans une supérette pour m'acheter un paquet de clopes, puis rebrousse chemin jusqu'à ma voiture. Rentrer à la maison me fera du bien et j'appellerai Daria histoire de savoir comment s'est passée sa journée à la crèche. Ce matin, j'ai expliqué à la directrice ce qui s'est véritablement passé et elle a tenu à ce qu'elle s'excuse, que sa camarade le fasse également. En gros, elles ont les torts partagés. Ça m'a démangé de foutre la trouille à cette gosse tyrannique, mais j'ai fermé ma gueule pour ne pas que Daria en subisse les conséquences.

Je me grille une cigarette avant de grimper à bord du véhicule, parce que je déteste l'odeur de tabac froid. Il fait un temps magnifique et j'ai bien envie d'aller piquer une tête à la plage ce week-end. De boire une bonne bière ou même une vodka aussi. Adossé au capot de ma caisse, j'observe les allées et venues des voitures sur la grande route.

Une Berline noire familière est stationnée non loin et je plisse les yeux. Putain, qu'est-ce qu'il fiche ici celui-là ? Sergio sort du véhicule et tourne la tête dans ma direction, comme s'il avait pu capter ma présence sur la chaussée. Un sourire carnassier vient étirer ses lèvres et je repense aux derniers mots qu'il a ébauchés, quand les abrutis qui lui servent d'homme de main m'en ont mis sur la tronche.

« Apprends à fermer ta gueule, si tu ne veux pas devenir ma pute. N'oublie pas qui je suis et où est ta place. »

Il ne l'entendait pas au sens littéral du terme, mais peu importe, jamais je ne deviendrai son chien. Il peut crever pour que je bosse pour lui, même avec un salaire plus avantageux. Il souhaite ma soumission, seulement, il y a plus de chance qu'il neige en enfer, que cela se produise.

Aime-moi... (et tu le regretteras). © [ÉDITÉ]Where stories live. Discover now