Aime-moi... (et tu le regretteras). © [ÉDITÉ]

| CHAPITRE 8 |

Il manquait plus que ça !

Je sais que Daria grandit dans un entourage plutôt douteux, mais je pensais qu'étant donné les efforts que je fais au quotidien pour lui apporter la douceur, le cadre qu'il lui faut, elle ne tomberait pas dans ce genre de travers. Mettre une claque à une gamine, non, mais franchement !

Ils ont eu de la chance que je puisse venir la chercher pendant que j'étais au boulot. Il vaut mieux que ce soit moi qu'Ashley. D'ailleurs, ils l'ont très peu vu et ça n'a rien d'étonnant. J'ai fait en sorte qu'on ne sache jamais qu'elle est notre mère. Oui, j'suis un enfoiré qui a honte de ses géniteurs ! Vous avez un problème avec ça ? Je dis ça, mais j'ignore qui est mon paternel tout comme celui de la petite frimousse brune à mes côtés qui tire une moue boudeuse. Pour ce que ça changerait !

Pour l'heure, je suis plutôt en pétard d'être confronté à ce genre d'ânerie. La directrice de la crèche dit à Daria de repenser à son geste durant le week-end et de s'excuser auprès de sa copine lundi tandis que je serre la mâchoire. J'aimerais bien comprendre ce que l'autre gamine a fait pour qu'elle lui en colle une. Je connais ma sœur, elle n'est pas violente. La femme à l'allure plutôt rigide s'éloigne et je m'agenouille pour tenter de saisir ce qui cloche. Daria plonge ses petits yeux dans les miens avec une certaine inquiétude. Elle sait qu'elle peut me parler, alors si un truc la chagrine, elle peut me faire confiance pour essayer de résoudre le problème si jamais cela est possible.

- Pourquoi as-tu fait ça, mon ange ?

- T'es fâché contre moi ? me demande-t-elle, d'une voix faible, pas rassurée.

Je souffle bassement, résigné face à son comportement stressé.

- Non, mais ce qu'elle a dit ne me plaît pas. Il faut que tu m'expliques pourquoi tu as frappé cette petite fille, rétorqué-je calmement.

Elle se met à renâcler, puis à frotter ses yeux et je vois rouge. Il s'est bien passé un truc.

- Parce qu'elle est méchante ! Elle a voulu voler mon goûter et elle arrête pas de dire que je suis nulle, car j'ai pas de papa.

Je vois... Saleté de gosse !

Je me gratte le menton, irrité, et l'enlace contre moi, me redressant ensuite sur mes deux jambes tout en la portant dans mes bras.

- Ce sont des conneries, d'accord ? Tu as un père, tout le monde en a un, sinon tu ne serais pas née. Tu comprends ? Mais c'est vrai que parfois, il y a des gens qui n'ont pas la chance de connaître leurs deux parents. Ce n'est pas de ta faute et ça ne fait pas de toi une nulle. Tu ne l'es pas ! C'est elle qui l'est de juger les autres sans connaître leur vie. Tu m'as moi, je suis ta famille... avec maman aussi. Et tant que tu m'auras moi, tu n'auras pas à t'en faire, ma puce. Ok ?

Elle dodeline de la tête en séchant ses larmes d'un revers de la main, puis enroule ses bras autour de ma nuque.

- Je suis vraiment obligée de demander : « pardon » à Shannon ?