Chapitre XXVIII : Nyméria Sand, Port-Réal

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Le voyage avait été long et pénible jusqu'ici. Je savais pourtant que nous avions voyagé extrêmement vite, étant donné la distance à parcourir. Ce qui avait rendu le temps long, c'était que depuis que nous étions partis de Lancehélion, nos parents répétaient quasiment les mêmes phrases, telles que : « le premier Lannister que nous trouverons deviendra un cadavre ». Toutes leurs paroles se ressemblaient. Mais maintenant que nous étions arrivés, il fallait être discrets. Personne ne connaissait nos visages, normalement. Mes sœurs et moi n'étions jamais venues à Port-Réal. Mais ce n'était pas le cas de notre père.

Port-Réal portait bien son nom. C'était tout simplement le plus grand port de Westeros, appartenant à la famille royale. L'arrivée se faisait par l'unique accès : la baie. Elle se jetait elle-même dans le Détroit séparant les deux continents. En tout cas, il n'y avait rien à redire : cet endroit était immense ! Des centaines de bateaux, pour la plupart commerçants, mais aussi près de deux-cents navires militaires, étaient amarrés le long des quais de l'entrée de la ville. À certains endroits, ces quais étaient protégés par des remparts, à d'autres, il fallait passer une sorte de porte se trouvant dans l'eau. Aux derniers emplacements, aucun quai, seulement des plages de galets. Nous étions rentrés par les portes sous-marines.

Elles étaient pour le moment ouvertes. Nous n'étions pas en temps de guerre, les portes n'étaient donc fermées que la nuit. Cependant, je pouvais voir le mécanisme d'ouverture. D'immenses leviers de deux mètres se trouvaient sur les remparts, de part et d'autre de cette entrée dans la lagune de Port-Réal. Ces leviers étaient eux-mêmes reliés à un système très complexe d'engrenages et de rouages. C'était un tout très ingénieux. La lagune de la capitale était quant-à-elle très bien organisée. Des rangées de pontons de bois parallèles seraient à amarrer les navires qui ne se comptaient plus. Je pouvais vraiment tout voir de là où j'étais.

Ce port était une véritable fourmilière. Des marchands allaient et venaient, surveillant le transport de leurs marchandises. Des militaires embarquaient pour partir faire un tour de garde voir si aucun ennemi inconnu ne s'approchait. Des civils revenaient d'autres endroits de Westeros pour une quelconque raison, voire même d'Essos. D'autres repartaient pour ces mêmes lieux. Des gens couraient dans tous les sens, allant et venant. On en venait à penser que cette agitation était à cause d'un évènement exceptionnel mais il n'en était rien, c'était le quotidien de ce lieu.

Nous nous faisions passer pour des marchands, mais mes parents resteraient dans le bateau. Une fois que mes sœurs et moi serions dans la capitale, le navire repartirait et mes parents débarqueraient à quelques lieues d'ici et s'installeraient en lieu sûr. A nous trois, nous allions tenter de nous faire embaucher comme employées dans un des bâtiments de la ville, pour pouvoir passer inaperçues. Ensuite, nous devrions pénétrer dans le donjon rouge. Si nous réussissions, nous devions prévenir nos parents et ils nous diraient quand ouvrir les portes du donjon central et à quelle heure. A ce moment, ils tueraient tous les Lannister accessibles, à la façon dont ceux-ci avaient tué notre tante il y a dix-sept ans.

Pour commencer, nous fîmes un petit tour discret de la ille, en repérage des lieux. La ville avait trois lieux principaux, distinguables des autres. Le donjon rouge, bien évidemment, dominait la ville. Il se trouvait à l'extrémité nord de la capitale. On ne pouvait s'y rendre que par le sud et les grandes portes gardées dominant les quartiers pauvres. Le deuxième endroit était bien sûr le septuaire de Baelor, deuxième plus haut sommet de la cité. C'était le centre religieux de Port-Réal, et même de tout Westeros.

Le dernier était Fossedragon. Ce lieu fut autrefois la prison des dragons des Targaryen. Lorsque Aegon Ier était arrivé et avait conquis les sept couronnes, son dragon était immense et faisait beaucoup de dégâts. Cependant, après la conquête, il avait fallu trouver un moyen de le gérer. Raison pour laquelle Fossedragon avait été bâtie. Désormais, ce n'étaient plus que des ruines, dont les touristes les plus riches en visitaient l'intérieur.

Après cette balade, nous nous rendîmes vers le bâtiment dans lequel nous travaillerions. Le bordel de Petyr Baelish se trouvait non-loin du septuaire. Si nos parents voulaient que nous devenions des catins, qu'il en soit ainsi. Nous n'avions pas le choix. Ils avaient le droit de vie ou de mort et nous ferions de toute façon n'importe quoi pour les rendre fiers de nous. Nous ferons le nécessaire.

La date de notre arrivée tombait mal. Aujourd'hui même, le roi et sa cour revenaient d'un voyage dans le nord. Tout le monde se trouvait aux portes de la cité pour nous accueillir. Même Littlefinger. Nous nous rendîmes à l'entrée. Lorsqu'on entra, une femme nous accueillit. Elle était belle, et devait être la secrétaire de Baelish.

-Quel genre de clients ou clientes désirez-vous ? nous dit-elle.

-Nous ne sommes pas venus pour consommer, répondis-je.

-Je vois, vous êtes venues pour être consommées. Veuillez attendre avec les autres femmes, dans la salle à gauche.

Dans cette salle se trouvaient trois femmes. Une d'Essos, une rousse du nord et une du Conflans. Nous étions classées par région. Je ne supportais pas cela. Attendre avec des femmes qui prennent tant de plaisir à vendre leur corps... Heureusement, je n'étais là que par pur intérêt de vengeance et non pas pour prendre tant de plaisir. Les assassins de ma tante allaient payer, c'était certain.

Game of Thrones - tome 1: Premières GuerresWhere stories live. Discover now