Chapitre XL : Benjen Stark, Château Noir

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Je m'étais fait avoir. Jamais je n'aurais dû partir pour Winterfell. Je voulais premièrement aider la garde en rapportant des recrues et deuxièmement revoir ma famille. Vivre dans la garde était avant tout se trouver loin des siens... Mais je n'avais pensé qu'en tentant de les retrouver j'aurais à subir de telles conséquences. J'étais devenu l'intendant de la personne encore vivante qui me détestait le plus au monde. Quel cauchemar c'était !

Ser Alliser, ou plutôt désormais Lord Commandant Alliser, m'en voulait énormément. Je pouvais le comprendre, il avait fait tant d'efforts pour devenir premier patrouilleur à l'époque. Mais il n'avait jamais réussi à admettre que j'étais meilleur que lui, c'était tout. Et maintenant je payais de ses erreurs. Mais ce n'était pas important. Je devais rester calme pour après reprendre le dessus sur lui lors du retour de Mormont.

Tyrion avait quant-à-lui vraiment l'air désolé de ce qui m'arrivait. Il était venu jusqu'ici comme n'importe quelle autre personne, il ne faisait aucun quelconque caprice dont les Lannister avaient le secret. Il avait fait un tour en haut du mur, ne demandait pas d'aménagements supplémentaires et restait sympathique avec tout le monde. Il était le typique touriste discret. Il était inquiet pour ma réaffectation mais je lui dis :

-Ne vous en faites pas, ce n'est que provisoire. Dès que Mormont reviendra, il me remettra dans mes fonctions et punira Alliser pour ce qu'il a fait, dis-je. Il me suffit de rester calme et de patienter. J'ai vu des atrocités bien pires.

-Il ne vous est pas venu dans l'idée que Mormont ne reviendrait peut-être pas ? répondit-il. S'il est parti affronter un danger plus gros que lui, le danger pourrait bien le manger, me répondit-il. J'ai entendu qu'il vérifiait si les morts se relevaient. Je n'y crois pas personnellement mais personne ne sait ce qu'il se trouve au-delà de ce miracle de glace...

Je devais dire que je n'avais pas pensé à cette éventualité. Cependant, montrer ma souffrance procurerait trop de plaisir à Alliser, je devais donc rester impassible au possible jusqu'à ce qu'il finisse par m'oublier. Pendant ce temps, la vie continuait ici. Maintenant que j'étais intendant, je dormais dans les dortoirs réservés à mon ordre. C'en était fini de ma chambre de premier patrouilleur.

Je passais mes journées à rester près d'Alliser qui me donnait des ordres en permanence. L'objectif était de faire de moi un petit chien qui ne demandait plus rien. Je devrais effectuer mes tâches quotidiennes sans même qu'il ne me les demande, sous peine de sanctions.

Je voyais de temps en temps le nouvel entraîneur des recrues. C'était une catastrophe. C'était à peine s'il était capable de tenir ne épée. Jamais ils ne sauront se battre comme cela. J'apportais donc parfois de l'aide au pauvre instructeur qui tentait vaille que vaille de se dépatouiller. Ces recrues n'étaient pas si mal... certaines se débrouillaient même bien. Ça aurait été un gâchis qu'ils ne soient pas entrainés correctement.

Les exercices se faisaient bien sûr dans le dos du Lord Commandant. Quelle serait sa fureur s'il apprenait ce qu'il se passait ! Je n'avais pas envie de l'imaginer. J'arrivais sans peine à les entrainer. J'avais moi-même reçu une éducation militaire très stricte. Depuis mes sept ans, mon père avait exigé à ce que je sois le meilleur soldat de Winterfell.

Mon frère Ned était parti pour le Val deux ans plus tard. À la fin de mes apprentissages, j'étais parti pour la garde de la nuit, prétextant à tout le monde que je ne pouvais pas avoir de vraie ambition sur le trône du nord et que donc mes talents seraient plus utiles là-bas. Seul mon père connaissait la véritable raison de mon départ. Et il avait emporté ce secret dans sa mort.

Un secret très embarrassant...

Game of Thrones - tome 1: Premières GuerresWhere stories live. Discover now