Game of Thrones - tome 1: Premières Guerres

Chapitre CXLII: Drogo, devant Mereen

L'épreuve serait ardue. Je partais aujourd'hui pour Port Yhos. Mon enfant venait avec moi, ainsi que mon Khalassar et l'ancien garde du corps de ma femme, Jorah. Il aurait pour mission de veiller sur Aego. La lune de mes jours allait se retrouver toute seule, au milieu des Dothrakis. Je ne leur faisais pas confiance : ils la détestaient. Je devais cependant le faire pour leur prouver que tout était sous contrôle : je suis suffisamment indépendant pour aller prendre des villes par moi-même, et elle est suffisamment intégrée pour oser me confier notre bébé pour plusieurs semaines sans jamais le voir. J'allais prendre deux villes, elle aussi, et nous nous retrouverions devant les immenses portes de la cité de Quarth pour un combat décisif et commun.

Je n'étais pas doué pour les adieux. Je me contentai de l'embrasser, et de lui promettre mon retour. Je devais maintenant me concentrer sur ma tâche. Au plus vite c'était fait, au plus vite je la retrouverais. J'allais devoir, pour une brève distance, traverser le désert rouge. Ensuite, je me retrouverais dans une ville dothrak, pour après seulement arriver devant la cité à assiéger. Je comptais me déplacer le plus vite possible.

Les esclaves étaient restés derrière nous, ne suivant que Dany. Nous n'avions donc que des cavaliers. Cela permettrait d'aller encore plus vite. Je voulais en finir avec cette mascarade pour retourner le plus rapidement auprès d'elle. Je me savais plus fort de l'extérieur, mais elle était plus forte de l'intérieur. J'aurais renversé des empires pour elle – ce que je suis d'ailleurs en train de faire avec elle.

Son obsession pour le trône de fer était fascinante. On en viendrait à penser qu'elle tenait ça de moi, de son mariage. Avec ses dragons qui laissaient par moments éclater la fureur de leur maitre, elle avait tout le tempérament d'une Khaleesi impitoyable. Elle était plus Dothraki que la plupart de mes hommes. Comme le deviendrait Aego, d'ici peu de temps. Je le gardais près de moi autant que possible, restant parfois de longues minutes à contempler ses yeux de fer. Là où d'autres ne voyaient que beauté je voyais force et courage.

Mereen m'avait jusqu'à présent parue très hostile. De grandes pyramides où vivait des hommes de pierres. Les Dothrakis avaient même décidé de s'installer en-dehors de la métropole pour plus de confort. Pour ma part, j'avais vécu à moitié auprès de Dany et à moitié dans le campement de mes pairs. Mes nuits, je les passais auprès d'elle, peu importe le lieu. J'étais certain qu'Aego resterait en sûreté protégé par Jorah.

Nous savions la traversée du désert rouge dangereuse, alors tout avait été préparé pour que le voyage soit le plus bref possible. Les dizaines de milliers de cavaliers sortirent par la porte sud, pour emprunter les dédales rocheux sur plusieurs kilomètres avant de bifurquer à l'est en direction de l'étendue désertique mortelle. Nous verrons des montures tomber, des cavaliers s'écrouler, mais c'était un mal nécessaire. Nous étions prêts à payer le prix. Car, pour atteindre le donjon rouge, il fallait assurer nos arrières et conquérir chaque homme, femme et enfant en Essos.