Chapitre CIX: Renly Barathéon, Accalmie

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-La maison Hastif a déserté Monseigneur.

Je le congédiai d'un geste de main avant de replonger dans mes pensées. J'avais appelé tout le monde à Accalmie. Après le massacre commis par les Martell à l'entrée des Marches de Dorne, je ne voulais prendre aucun risque. J'avais donc demandé d'amener femmes, enfants, animaux et vivres pour survivre. Les terres de l'orage étaient les plus peuplées de toutes. J'avais rassemblé une armée de plus de cent-mille hommes. Mais, alors que j'avais tous les avantages de mon côté, je savais que je ne tiendrais pas le siège. Mes bannerets ne me soutiendraient pas le moment venu. J'avais une tour par banneret. La moitié des tours s'ouvriront en même temps que les portes de la ville. Que valait la loyauté face à la survie ?

Une des rares maisons qui me resterait fidèle était celle de Torth. Ils m'avaient toujours soutenu. Mais ils allaient être dans les derniers. Leur flotte était amarrée dans le port, bloquée par celle des Redwine arrivée tout récemment. Devant les portes de la cité étaient amassées les armées conjuguées des Tyrell et Martell. Nul doute que je ne survivrais pas à ce siège. Je passais mes journées retranchées en haut de la tour Tambour, à réfléchir et chercher une solution alternative. Abandonner Accalmie pour mener bataille sur un meilleur champ ? Possible mais peu réalisable.

Je songeai de plus en plus à retourner la situation : faire alliance avec tous mes assaillants et attaquer Stanis qui, sans armées, était faible. Il ne voudrait pas de partage du pouvoir. Il prendrait le trône pour lui tout seul et jetterait les autres en pâture aux chiens dès qu'il le pourrait. Je devais saisir l'occasion ; retourner ses alliés contre lui. Personne n'aimait sa franchise et son caractère borné, il serait aisé de garder mes bannerets à mes côtés dès lors.

Nombres étaient ceux qui me répétaient que j'étais aimé du peuple. La fin de mon alliance avec le trône avait renforcé ce sentiment. Je ne voyais plus la raison de combattre les ennemis du roi alors que moi-même m'apprêtais à combattre ce roi. La manière dont la reine Cersei m'avait traité avait bien changé mes objectifs et permis d'élargir les possibilités. Les rumeurs disaient qu'une armée avait quitté la capitale et se dirigeait vers le Conflans. Dans ce cas, Port-Réal était affaiblie. Le moment était mieux que choisi pour l'attaquer. S'il n'y avait pas des armées qui étaient en train de m'assiéger.

Brienne me prévint qu'un petit groupe de trois voyageurs désiraient me voir. Fille du seigneur de Torth, elle avait remporté un tournoi et demandé de faire partie de ma garde personnelle. Si j'avais su tous les problèmes que ça me rapporterait, jamais je n'aurais accepté. Les rumeurs avaient ensuite couru à mon sujet. Partout, je devenais le chevalier se faisant protéger par une fille. Ils ne comprenaient pas qu'il n'y avait rien de déshonorant de rester en vie grâce à un très bon combattant de presque deux mètres. Si ces hommes voyaient la bête qui me protégeaient ils comprendraient vite fait. Peu gâté par la nature, elle avait su s'imposer par son art aux combats.

J'ordonnai qu'on fasse entrer ces trois personnes. À droite, un homme de peu fière allure qui avait les doigts de la main droite amputés, au centre un homme encapuchonné et à gauche une femme toute vêtue d'un rouge aussi flamboyant que ses yeux et que sa chevelure. D'instinct, je les reconnus. L'homme sans doigts n'était autre que Ser Davos, ancien contrebandier fait chevalier pour avoir sauvé mon frère ici même, dix-sept ans plus tôt, en lui apportant des vivres. La femme devait être Lady Mélissandre, prêtresse d'un dieu d'une religion nouvelle : R'hllor. Ce dieu était prétendu l'unique par ses croyants et nombres étaient les ragots quant à la magie et la beauté de cette prêtresse. Cela ne laissait qu'une seule possibilité sur l'identité de l'homme encapuchonné.

-Bienvenue, mon frère, dis-je d'un ton assez amer. Je n'attendais pas ta venue.

Il retira sa capuche, fier d'être arrivé ici sans encombre. Toujours dans son excès de franchise, il fut direct.

Game of Thrones - tome 1: Premières GuerresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant