Chapitre XII: Ellaria Sand, Lancehélion

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Je me dirigeais vers les jardins aquatiques. La beauté de cet endroit m'impressionnait à chaque fois. Les buissons taillés en animaux extrêmement réalistes de toutes sortes, les fontaines capables de produire des jets d'eau aussi réalistes que les buissons,... Cet endroit réalisé spécialement pour le prince Doran était extraordinaire.

Je songeais à la raison de ma visite ici. Vengeance, vengeance,... c'était tout ce qu'il avait en tête. Obyryn Martell était mon amant. Mais tout ce qui l'intéressait, c'était de venger sa sœur. Il était le frère du prince de Dorne, l'un des meilleurs combattants du pays et plus têtu qu'une mule. Dorne était un des sept royaumes de Westeros, le plus au sud et le plus tropical d'entre eux. C'était une contrée florissante, lorsque l'on ne se trouvait pas dans un des nombreux déserts, où il faisait toujours chaud. Le climat était le plus clément des sept couronnes.

Je devais mon nom à la liaison de mes parents. Au nord, on appelait les bâtards Snow. Ici, on les appelait Sand... Mais même si j'étais une Sand, j'étais en couple avec un noble. L'amour n'avait pas de limites. Je n'étais pas mariée. Obyryn et moi ne voyions pas l'intérêt du mariage. Nous étions des amants de cœur. Ce n'était pas partout qu'une bâtarde était la compagnonne de quelqu'un d'aussi important. Mais Dorne était très tolérant pour ce genre de choses. Nous avions par exemple tous les deux la réputation de visiteurs de bordels. Cette rumeur était absolument vraie, nous ne le cachions pas. De même que nous ne cachions pas que nous faisions l'amour autant à des hommes qu'à des femmes. Pourquoi se priver de la moitié des plaisirs lorsque l'on pouvait tout avoir ? Je ne me souciais guère de l'opinion du peuple, j'étais en droit de faire ce que bon me semblait.

La vengeance que mon mari voulait, c'était celle de sa sœur, Ellia Martell. Elle était autrefois la future reine de Westeros. Mais, lors du sac de Port-Réal par les Lannister durant la rébellion contre les Targaryen, elle et tous ses enfants avaient été tués. Depuis, tout ce qu'Obyryn voulait, c'est la mort de Tywin Lannister, l'homme qui avait mené la charge, et de Gregor Clegane, l'assassin de sa sœur. Il voulait au passage tuer tous les Lannister se trouvant sur sa route. Il avait toujours adoré exagérer les choses. Ellia avait été mariée au prince Rhaegar, avant qu'il ne la repousse pour une autre. Cependant, elle était toujours la future reine lors de son meurtre.

Nous avions plusieurs filles, dont les noms étaient Obara, Nyméria et Tyene. Elles étaient de très grandes guerrières, probablement les meilleures de Dorne. Elles avaient cependant le nom de Sand étant donné que j'avais ce nom-là. Normalement, on donnait le nom du père, mais lorsque l'un des parents était un bâtard, il fallait le signifier à la population. Ça n'avait pas empêché Obyryn de les élever comme si elles portaient le nom des Martell. Il avait aussi pris en charge l'éducation de mes cinq autres filles, elles aussi des bâtardes du coup. Je n'avais jamais eu que des filles. Et c'étaient toutes des guerrières. Mais tout ce que mon amant voulait qu'elles fassent, c'était tuer des Lannister. Cela me frustrait par moments au plus haut point.

J'avais un projet autrement plus ambitieux : le trône de fer. Je ne pouvais cependant pas en parler comme cela, je prétendais donc vouloir moi aussi ma vengeance par-dessus tout. Les Dorniens et les Lannister se détestaient, il serait donc aisé de leur déclarer la guerre. Les guerres font tomber des rois... Il fallait que j'en parle à mon époux. Cependant, le seigneur de Dorne, Doran, qui était le frère d'Obyryn, ne voulait rien entendre. Jamais il ne risquerait à se lancer dans une guerre. Il me fallait trouver des alliés. Dorne était depuis longtemps considéré comme le royaume le plus petit de tous, excepté les îles-de-fer bien entendu.

Pour cela, j'avais déjà mon idée. Les Lannister étaient les plus puissants, mais les Tyrell, seigneurs du bief, étaient les deuxièmes plus puissants et plus riches de tout Westeros. La fille aînée du seigneur Mance Tyrell, Maergery, était encore jeune. Nous pouvions la marier au fils de Doran, Tristane Martell. Cela scellerait une alliance entre nos deux maisons. Dans la même optique, nous pourrions marier la princesse Arianne à Robin Arryn, futur seigneur du Val ou encore le prince Quentyn à la fille de Balon Greyjoy des îles-de-fer, Yara. Mais je m'emballais. Même si les alliances politiques par mariage avaient la cote ces dernières années, rien n'était encore fixé. Ce n'étaient que des suppositions. Je devais maintenant tout mettre en œuvre pour que cela devienne bien plus.

Je me mis donc en route pour les jardins aquatiques. Lancehélion, la capitale de Dorne, était un endroit tout à fait charmant. On y trouvait de nombreux jardins, chose qu'appréciait tout particulièrement mon beau-frère. Il ne s'occupait guère des affaires du royaume, plutôt dirigées par Obyryn. Cependant, c'est Doran qui avait le titre de seigneur de Dorne. Il restait en permanence dans les jardins aquatiques, depuis son accident qui lui avait coûté ses jambes. Et sa goutte.

Sur le chemin, des gens s'affairaient à diverses occupations. Je passai dans une rue commerçante, dont les étals, tous plus colorés les uns que les autres, semblaient virevolter au gré des passants. Un enfant avait piqué une pomme dans un étal et la marchande lui courait après, criant des « sacripant » à tout va. Le garçon amusé partit dans le labyrinthe du centre-ville. D'autres vendeurs tentaient d'attirer le plus de clients avec des slogans saugrenus. Certains tentèrent de m'aborder, mais la plupart me saluèrent avec respect avant de retourner travailler. Le fait d'être un bâtard n'était pas aussi mal vu à Dorne que dans les autres royaumes. En effet, notre peuple était plutôt connu pour son ouverture d'esprit que pour son rejet d'absurdité à la façon des autres contrées.

Une fois arrivée aux jardins, je fis écarter les gardes et me dirigeai vers mon amant, qui se trouvait exactement là où je pensais qu'il était. Ils discutaient tels des frères nostalgiques. Le balcon, protégé par des gardes à la peau noire dont la tête était enfournée dans un turban, avait une vue spectaculaire sur le parc. D'ici, je voyais des dauphins, des serpents, emblème de Dorne, et même un éléphant. Leurs buissons et fontaines étaient incroyables. Les défenses des pachydermes étaient coupées dans du bois de nacre. La langue du serpent était faite de deux jets d'eau se séparant. Cet endroit était la meilleure réussite de mon beau-frère.

Dans son siège de bois aux accoudoirs incrustés de pierres précieuses, le prince de Dorne avait l'air d'un piètre souverain. il n'était pas le plus apprécié parmi le peuple. Je m'adressai autant à lui qu'à Obyryn quand je dis, décidée :

-J'ai peut-être une idée pour nous venger des Lannister.

-Arrêtez tous les deux avec cette histoire, je pensais que c'en était fini ! coupa Doran avec une pointe d'agacement.

-Ce ne sera jamais fini, pas tant qu'ils n'auront pas payé pour la mort de notre sœur, répliqua Obyryn la lance en main.

Je n'en attendais pas moins de lui. Sa fierté l'emportait toujours sur le reste.

-Donc, je disais que j'avais eu une idée. Le roi se trouve actuellement dans le nord. Il y a donc moyen de frapper Port-Réal sans faire de mal à la maison Barathéon. Pour cela, il nous faut des alliés. Le meilleur moyen d'en trouver, ce sont les mariages. Nous pourrions marier Tristane à Maergery Tyrell, marier Arianne à Robin Arry et marier Quentyn à Yara Greyjoy. Avec quatre royaumes unis contre la couronne, nous pouvons gagner la guerre.

Je voyais Doran sceptique face à mon monologue. Il ne me croyait pas une seule seconde.

-Pourquoi lanceraient-ils une rébellion ? me questionna Doran. Nous avons la vengeance, mais qu'ont-ils, eux comme motivation ?

-On parle des Lannister, tout le monde les déteste, ce ne sera pas compliqué de trouver une bonne raison.

-Ce ne sont pas les Lannister au pouvoir, mais les Barathéon. Je ne me risquerai pas à déclencher une guerre sans être sûr de la gagner. J'ai déjà vu les résultats d'une guerre. Cela n'apporte que souffrances et malheurs. Je ne veux pas de cela pour mon peuple.

-Obyryn, interviens ! Ne le laisse pas faire !

Je ne pouvais pas laisser plus longtemps ce lâche gouverner Dorne. Soit il s'endurcissait, soit je me débrouillais pour qu'Obyryn prenne sa place.

-Ecoute, me dit mon amant d'un ton conciliant, Doran a peut-être raison. Nous ne pouvons pas gagner cette guerre comme cela. J'ai eu une autre idée. Arianne est prête pour gérer les affaires de notre royaume comme je le faisais. C'est pourquoi je pensais aller à Port-Réal, avec toi et nos trois filles, pour assassiner les Lannister de nos propres mains. Qu'en penses-tu ?

-Assassiner les Lannister ? intervint Doran. Vous voulez vraiment déclencher une guerre ?

-Ne t'inquiète pas, mon seigneur, lui dis-je. Nous savons parfaitement tuer sans nous faire remarquer. Je dois dire que je te retrouve bien là, Obyryn... Quand partons-nous ?

Si nous allions tuer des Lannister, qu'est-ce qui m'empêchait de tuer un roi et de prendre sa place ? C'était l'occasion parfaite. Je devais aller prévenir mes filles.

Game of Thrones - tome 1: Premières GuerresWhere stories live. Discover now