Chapitre CXLVIII; Viserys Targaryen, Astapor

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Nous arrivions. J'étais parti de Quarth il y a deux semaines. Une armada de bateaux n'avançait pas aussi vite que le petit navire que j'avais utilisé à l'aller. Mais nous voilà, dans Ma ville. Le travail des immaculés n'avait pas cessé. Plus de dix-mille soldats avaient été formés en mon absence. Cela pourrait être suffisant, même s'ils ne possédaient pas autant de compétences que les soldats d'origine.

Le plan du mage qui m'accompagnait était très ingénieux. Avec ça, plus mes armées, plus une partie des armées de Quarth, je pourrai enfin me venger. Je ne voulais plus du trône de fer, pas tant que ma sœur était encore en vie. Je ne voulais que de la justice après tout. La justice d'un roi légitime. Je devais établir un ordre de priorité et j'avais décidé que tant que ma sœur se baladait en liberté cela signifiait que le nom de Viserys ne pouvait être respecté, bafouer comme il l'était par sa propre famille.

Ellyn me suivait encore. Petit-à-petit, nous ne nous quittions plus. Il était la seule personne de confiance que j'avais. Le seul ami que je n'avais jamais eu. Il me comprenait, lui. Les autres personnes qui avaient été emprisonnées avec moi et qui m'avaient ensuite suivi, je les avais laissées à Mereen.

Je n'allais pas rester à Astapor bien longtemps. Mon prochain arrêt était Yunkaï. La cité était gigantesque : plus de deux-cents milles esclaves. C'était moins que Mereen, mais ça restait énorme. Et les maîtres de la ville ne devraient pas apprécier la façon dont Dany traitait les esclaves. Elle les libérait, et s'il n'y avait plus d'esclaves à Yunkaï, la cité perdrait toute sa richesse.

Je comptais donc me rendre là-bas. Mais je n'allais pas voyager seul. Le but était de vaincre ma sœur. Je prendrais donc toutes mes armées : celles de Quarth et les miennes. Le mage viendrait aussi. Je ne laissais à Astapor que suffisamment d'hommes pour continuer la production des immaculés. Tous les autres me suivraient.

Je gardais le fouet près de moi. Pour éviter de devoir porter une énorme pile de fouets, j'avais fait comprendre à mes esclaves qu'il n'y en avait plus qu'un seul : le fouet suprême. Il était incrusté de pierres précieuses. Tous les immaculés me suivraient grâce à celui-là. Raison pour laquelle il était toujours sur moi, ou sur Ellyn.

Je m'apprêtais à partir. Je n'étais resté qu'une journée ici, mais il n'y avait pas de temps à perdre. Tout le monde était déjà prêt. Certains partiraient en bateau pour prendre l'armada et les machines de guerre. D'autres partiraient à pied pour arriver par une autre voie. Je ferais partie de ceux-là. Les navires partaient demain. L'objectif était d'arriver en même temps pour montrer un maximum de puissance aux maîtres de Yunkaï.

Le départ était impressionnant. Douze-mille immaculés sortaient par les quatre portes parallèles de la ville en rang de dix. Des colonnes de soldats, tous identiques, à perte de vue. Seuls les immaculés prenaient la voie terrestre. Ils étaient plus résistants que les autres qui allaient par la mer. Ils étaient d'ailleurs très surprenants. Ils marchaient d'un seul pas, en ligne, sur un rythme constant.

Je demandai à voir le chef des immaculés. Ils me suivaient parce qu'ils n'avaient pas le choix. Si j'arrivais à convaincre leur chef que c'était pour une bonne cause, ils seraient plus combattifs. Lorsque se dirigea vers moi un groupe carré de seize soldats, ils me répondirent qu'ils n'avaient pas réellement de chef. Ils ne parlaient que le Valyrien, ce qui était par chance ma langue maternelle.

-Puisque vous n'avez pas de chef, dis-je, en lequel d'entre vous avez-vous le plus confiance ? Lequel suivriez-vous le plus volontiers ?

Tous s'écartèrent brutalement sauf un, qui resta au milieu. Je suppose que ce devait être leur réponse. Il se posta, droit, planté dans le sol tel un piquet. Il devait être le meilleur des soldats. Il n'était pas très musclé, mais très fin. Avec une rapidité déconcertante, il s'avança vers moi et tous se remirent à leurs places de départ.

-Quel est ton nom ? demandai-je.

Il retira son casque et me regard, sans expression apparente sur le visage.

-Ver Gris, mon roi.

J'avais entendu cette rumeur. Les maitres leurs donnaient des noms de vermines pour qu'ils se rappellent ce qu'ils étaient. La tâche allait être ardue, mais j'avais une semaine pour convaincre Ver Gris qu'il était dans le bon camp.

Game of Thrones - tome 1: Premières GuerresDove le storie prendono vita. Scoprilo ora