Chapitre CLXXX: Viserys Targaryen, ancienne Valyria

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Le bateau avançait, inexorablement. Il ne possédait aucune voile mais malgré tout était porté par les vents et marées. En cette saison, ceux-ci allaient à l'ouest, destination prévue par Ellyn. Nous venions de traverser la baie des serfs, restant respectivement loin des côtes afin de ne pas attirer l'attention. La merveille construite par ma Main, sur laquelle nous naviguions, n'avait rien en commun avec les coquilles de noix ordinaires. Elle était retournée. La voile se trouvait en effet sous l'eau, pour se laisser porter par les courants maritimes, alors que la coque restait en surface.

Ellyn y avait apportés quelques aménagements tels qu'une trappe, qui permettait d'accéder aux cabines depuis le haut de la coque, et qui servait par conséquent d'entrée. Le navire se devait d'être entièrement étanche, car ce qui avant servait de passerelle entre le cœur du bateau et le pont était désormais dans les entrailles des océans. Le moindre déséquilibre et l'eau s'y engouffrerait en quelques secondes. Ce moyen de transport avait toutefois des inconvénients. Premièrement, nous étions sous l'eau, alors les lieux étaient très humides, encore plus que dans un navire normal. Ensuite, cette technique était totalement nouvelle. Nul n'avait auparavant tester une navigation dans ce sens, le capitaine ainsi que les matelots étaient donc dépourvus de repères.

Nous passions à l'abri de tous, mais l'objectif premier était de pouvoir traverser Valyria. Il s'agissait des vestiges de l'ancienne plus grande civilisation dont provienne mes ancêtres. Cette métropole prenait toute la péninsule australe d'Essos. Depuis des jours nous apercevions les ruines dans le soleil couchant. D'immenses arches effondrées, des coupoles éventrées, de la pierre effritée. Les dieux eux-mêmes avaient décidé d'empêcher la haute lignée Valyrienne de découvrir plus de choses, de peur de perdre leurs statuts de tout puissants. Ils avaient déversé sur l'empire dragon une pluie de feu et de cendre qui détruisait tout sur son passage.

Nous nous approchions des terres. Je jetai quelque dernier regard environnant. Les îles de l'antique Valyria avaient désormais été envahies de toutes parts par la végétation luxuriante et tropicale. Une véritable jungle avait poussé dans ses rues – pour celles visibles –, des plantes grimpantes passaient leurs années à fissurer les murs et des lianes pendaient des toits ainsi que des ponts. Les eaux étaient étrangement calmes. Aucune once de vague. Aucun vent, aucune marée, aucun courant. Les lieux semblaient figés dans le temps. J'ordonnai à chacun de rentrer dans la coque. Je passai à mon tour et refermai la trappe. Des soldats se tenaient prêts devant l'entrée sous-marine au cas où ils nous voyaient et savaient nager.

Depuis sa ruine, la cité avait en effet été utilisées pour y placer des monstres de pierres. Ces gens, autrefois normaux, avaient attrapés la sclérose, une maladie très contagieuse (un simple contact suffisait à vous contaminer) qui vous solidifiait la peau comme du roc jusqu'à atteindre le cerveau et vous rendre fou. Dès lors, soit les malades étaient tués avant que leur peau ne soit trop solidifiée pour être percée par une épée ou une lance, soit on les amenait ici dans le but de ne nuire à personne d'autre que ses semblables. Cet entrepôt rendait toutefois la route maritime trop dangereuse pour être empruntée.

-Il parait qu'une fille à Westeros en a été soignée, chuchota un matelot.

Je lui fis signe de se taire. Le moindre bruit pouvait attirer leur attention. Le bateau continua à avancer, grâce à l'élan donné par les rameurs avant d'être arrivé à portée de l'endroit. Le manque de courant permettait de garder une vitesse constante, suffisamment lente pour ne pas attirer l'attention. Nous continuâmes à naviguer dans le silence plusieurs heures. La tension commençait à monter au fur et à mesure que nous atteignions l'objectif.

Soudains, tout le monde paniqua. Des pas se firent entendre sur la coque. Ellyn et moi ordonnâmes à tout le monde de se taire, mais les pas se rapprochaient. Le bruit était à intervalle régulier. Une collision fit plus de raffut. Un autre de ces monstres venait de sauter sur la coque. En quelques minutes, une dizaine de ces créatures étaient arrivées. Je voyais les marins se mettre à prier toute sorte de dieux. Certains s'accroupirent, d'autres se couchèrent, mais tous firent de leur mieux pour rester calme.

Game of Thrones - tome 1: Premières GuerresWhere stories live. Discover now