~In the Crocodile's mouth~

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À l'âge de 8 ans, j'ai attrapé la croupe

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À l'âge de 8 ans, j'ai attrapé la croupe. Cette maladie infantile était devenue courante à Londres et durant de longues semaines j'avais été enfermé dans une des chambres d'invités pour ne pas contaminer mes frères. À l'époque, George avait 5 ans et Mikael commençait juste à marcher. Je me souviens que quitter les murs familiers et colorés de la chambre d'enfant et me retrouver seule dans une grande chambre vide et impersonnelle m'avais fait peur.
Je me souviens de la solitude que je ressentais de ne plus pouvoir voir mes frères et la tristesse que j'éprouvais de causer tant de soucis à mes parents. Je me souviens de l'inquiétude dans les yeux de ma mère quand elle venait le soir déposer la veilleuse au bord de la fenêtre. Mais le souvenir qui reste le plus clair dans mon esprit est celui d'un soir, ou cette maladie a failli m'emporter à jamais loin de ma famille.
J'étais fiévreuse depuis déjà plusieurs jours, allongée dans l'immense lit aux draps froids, les yeux rivés vers la fenêtre. C'était une nuit sans étoiles. Je me souviens que j'étouffais, seule, dans le noir, et que dans le silence, mon corps semblait flotter dans un vide terrifiant. Et seule la douleur était présente.

La douleur des poumons qui brûlent, de la tête qui tourne sous le manque d'oxygène, et des muscles qui ne répondent plus.
La sensation de la force qui nous abandonne peu à peu.
Il n'y a pas d'image qui passe devant nos yeux.
Il n'y a rien.
Seulement la peur, l'angoisse et le vide.
Jusqu'à ce que la porte de la chambre s'ouvre, que la lumière entre enfin et que quelqu'un vous sauve la vie en vous aidant à reprendre votre souffle.

C'est la seule et unique fois que je m'étais senti glisser vers une mort froide et sombre. Du moins jusqu'à ce que l'ombrêve, brûlante et dévastatrice, circule dans mon sang. Alexeï avait raison. La douleur était inimaginablement lente et profonde. C'est une douleur qui creuse la chair et dévore les os. Une douleur tellement vivace que notre âme cherche par tous les moyens à s'échapper de notre corps.

Alors nous tombons dans un rêve profond et inanimé en attendant que le poison atteigne le cœur et que notre esprit s'éteigne.

Sauf que de ce sommeil vide de rêve... je me suis réveillé.

J'avais juste eu besoin que l'on m'aide à respirer.

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Je ne sais pas à quel moment j'ouvris mes yeux. Mais mon premier regard se posa sur mes mains bandées. Ma première sensation elle, fut la douceur des draps frôlant ma peau. Et c'est quand j'entendis les multiples bruits de pas au-dessus de moi et que je sentis enfin l'odeur de la mer que je me rendis que tous mes sens m'avaient été rendus.

J'étais en vie.

- Je ne pensais pas que tu te réveillerais si vite...

Je ne reconnus pas immédiatement la voix d'Alexeï. C'est quand je me retournai, me dépêtrant lentement des draps en satin noir, que je l'aperçus au fond de la pièce. Il était assis derrière un immense bureau en bois massif, il ne me regardait pas et semblait absorbé dans l'écriture d'une lettre. Je détachai mon regard de sa plume virevoltant à chacune de ses lettres tracées sur le papier pour poser mes yeux sur les grandes fenêtres incurvées dos à lui.
Derrière ces dernières s'étendait l'océan à perte de vue.
Nous étions en mer.
Un long frisson d'horreur me parcouru le corps, je ne voulais pas être en mer ! Je voulais retourner sur l'île ! Je ne devais pas être éloigné de l'île, et encore moins être entre les griffes des pirates !

PETER PAN , NEVER GROW UPOù les histoires vivent. Découvrez maintenant