PETER PAN , NEVER GROW UP

~ thimble, arrow and hook ~

Un jour, Peter m'a dit qu'il n'avait pas peur de la mort, mais de la solitude.
Je me souviendrai toute ma vie de cette journée, l'une de mes dernières sur l'île. Nous étions sur la plage, le soleil se couchait et allait mourir dans l'océan le temps d'une nuit, esquissant une nouvelle fois cette mise en scene de mort rayonnante au service d'une humanité insensible à son fardeau.

- Le soleil est le seul à pouvoir mourir tout les jours sans avoir peur de la solitude, il sait que le monde attend sa renaissance pour continuer de vivre.

J'avais dit cela en observant les derniers rayons disparaître derrière les vagues du large s'écrasant contre la barrière du récif.

- Non, je pense qu'il doit se sentir bien seul là haut. Il a seulement fini par s'habituer à ce que personne ne le pleure, parce que tous savent que la lune ne s'attarde pas, et que quelqu'un doit bien prendre sa place.

- Tu fais de la lune un astre plus important que le soleil ?

- Bien sur. C'est une reine entourée de milliers d'étoiles. Elle veille sur la nuit parce qu'elle sait que c'est dans les ténèbres que les secrets sont révélés et que les complots se nouent. Le soleil n'est qu'un gardien enchaîné à un rôle qu'il n'a pas choisit. dit Peter en scrutant la voûte du ciel à la recherche de l'Orbe argenté.
Quand celle ci apparut enfin derrière les nuages, il baissa la tête vers moi :

- Ne me laisse jamais être aussi seul que lui. Je ne veux pas que mon destin soit emmêlée dans une quête que je n'ai pas choisit. Je ne veux être le gardien d'aucune reine.

-Je ne te laisserai jamais être aussi seul que lui. Promis-je légèrement en l'embrassant sur la joue pour le rassurer. Mais son silence continua un moment avant qu'il ne le rompre avait une voix trop sérieuse pour appartenir à un enfant.

- Tu sais Wendy, en vérité je n'ai pas peur de la mort... j'ai peur de la solitude.

C'est cette phrase qui résonnait dans ma tête alors que je m'éveillai seule dans la forêt.

Je me redressais péniblement dans le noir, cherchant Peter des yeux. Le feu était allumé mais aucuns signes du garçon dans les alentours.
J'étais sur le point d'appeler son prénom dans le noir et le silence quand j'aperçus sa silhouette apparaître dans le brouillard. Il avança doucement vers moi comme hypnotisé par quelques chose, l'air perdu. Le brouillard flottait autour de sa peau blême. Ses bras étaient lâchés de chaque côté de son corps et ses épaules étaient presque voûtées, comme s'il était exténué ou perdu.

-Peter ? Tu vas bien ? Demandai-je en plissant les yeux et en m'avançant à tâtons vers lui.

-Trouve moi Wendy... ne t'arrêtes pas tant que tu ne m'auras pas trouvé. Murmura t'il quand je fus à sa hauteur.

Je fronçais les sourcils et lâchait un rire nerveux en me penchant vers ses yeux. Un cache cache ? Il me semblait que nous avions passé l'âge de jouer à ce genre de jeu. Je réalisais enfin que quelque chose n'allait pas. Ses yeux étaient voilés d'une infinie tristesse. Ils semblaient regarder à travers moi, comme si j'étais transparente. Comme s'il était aveugle ou somnambule.

-Mais je t'ai déjà trouvé... Dis-je dans une totale incompréhension en avançant ma main pour saisir la sienne. Mais je me figeai soudainement. Là ou nos peaux auraient du se rencontrer... mes doigts ne trouvèrent que le vide.

-Non... cherche moi... ne me laisse pas...pas mourir. Commença t'il à sangloter. J'aperçus avec horreur des larmes noirs tombées de ses yeux et coulées sur ses joues. Je m'apprêtais à les essuyer mais il recula subitement de plusieurs pas, comme si mon toucher aurait pu le dissiper dans les ténèbres. Son mouvement me fit trembler de froid, comme si il avait provoquer un souffle glacial tout autour de nous. Peu à peu, sa silhouette commençait à s'engouffrer dans le brouillard d'où il était apparu et je me sentais incapable de le suivre. C'était comme ci à chaque pas que j'aurai pu faire, le gouffre l'emportant aurait reculé trois fois plus vite.