Chapitre 21

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                FLASHBACK,18ans plutôt

PDV AMINA

Je sortis de la salle de consultation,suivie du médecin.Dehors,seul,mon oncle,était assis dans la salle d'attente,tapant inlassablement son pied droit au sol,dénotant de son état d'impatience.Dès qu'il nous voit,il s'empresse de venir vers nous et arrivé à notre niveau,il me prend la main et s'accroupît devant moi.

Lui:Amina ma chérie,peux tu m'attendre un moment stp ,je dois parler à ton médecin !

J'acquiesce et allai m'assoir sur la chaise à quelques centimètres d'eux.Faut dire qu'acquiescer à tout ce qu'on me disait et m'enfermer dans mon mutisme étaient les seules choses que je savais faire depuis que mon oncle m'avait recueilli,bien vrai que ces temps ci,je commençais en quelques sortes à m'adapter à cette nouvelle situation.

Lui:Alors docteur ? Je dois avouer que ces temps ci je suis très rassuré,l'état de santé de ma nièce s'améliore beaucoup.Je la vois sortir de son coin et commencer à se mélanger avec les gens,sa maîtresse m'a dit la même chose,elle s'est même fait de nouvelles amies d'après mon épouse.Docteur,je travaille beaucoup et je n'ai même pas le temps de m'occuper d'elle comme il le faut,c'est ma femme qui est avec elle à la maison et Mashallah Alima est extraordinaire et elle aime beaucoup Amina,n'empêche,mes inquiétudes demeurent,elle est toujours aussi réservée,toujours aussi introvertie,son adaptation pose toujours problème !

Dr:Mr Sow,vous devez savoir que votre nièce est traumatisée,l'accident a laissé beaucoup de séquelles et je sens qu'elle ne nous dit pas tout,qu'elle garde encore des choses qui la démangent au plus profond de son être!

Je vis mon oncle se passer la main sur la tête désemparé :Dieu seul sait ce que cette pauvre enfant a pu vivre là-bas...

Je ne les écoutais plus,me pensaient -ils traumatisée? Folle peut-être ?
Savaient-ils que je les entendais parfaitement parler de mon état psychique devant moi comme si j'étais sourde?
Ne pouvaient-ils pas comprendre que je venais de loin et que tout ça était encore nouveau pour moi? Qu'à peine 8 mois plutôt,je vivais encore à Louga avec mes parents,une région située à 178 km de la capitale sénégalaise,Dakar où je me retrouve projetée du jour au lendemain sans rien demander ?
Qu'exactement 8 mois plutôt,j'ai vu ma vie valser,que j'ai subi un grave accident où j'ai perdu mes deux parents....
L'accident!
Que dire de ça ? Je me rappelle mon père ivre débarquer à la maison avec une vielle bagnole nous forçant tous à retourner au Fouta.
Que lui est-il arrivé pour qu'il veuille retourner dans cette ville qu'il haïssait tant?,cette ville qu'il a dû quitter à la hâte avec maman pour aller vivre ailleurs leur bonheur.
Ma mère,unique fille du riche commerçant El Hadji Malick Ciré Sow,était promue à une vie toute tracée,mais a préféré suivre son pauvre berger,se mettant ainsi à dos sa famille y compris son frère Djibril,abandonnant sa richesse,sa prestige,son aisance par amour,et qu'à t-elle reçu en retour ? Bastonnades ,humiliations ,souffrances,douleurs pour finir morte dans cet accident.
Mon père est mort sur le champ,maman a succombé à ses douleurs le lendemain quant à moi,a part un bras cassé,je m'en suis sortie indemne certes physiquement,mais mentalement,je traîne beaucoup de lacune encore ,chance ou malchance ?

Bien sûr que j'avais des choses enfouies au cœur,des douleurs non avouées,un traumatisme incessant,des défectuosités entassés,une angoisse gigantesque et une haine et un dégoût incommensurable envers la gente masculine,à tous ces hommes qui auront molesté,abîmé et endommagé la petite fille innocente que j'étais, à commencer par mon propre géniteur,je les hais de toutes mes forces.

Alors pour toutes ces afflictions profondes que je traîne encore ,j'ai du mal à m'adapter, à faire confiance à ces gens si aimables que sont mon oncle et sa femme.Pas que je ne désire pas intégrer leur monde,mais je ne suis pas habituée à tant d'amour,d'affection et d'attention à mon égard,pas habituer à vivre dans une maison si immense,de manger chaque jour à ma faim,d'avoir une grande chambre rien qu'à moi,qu'on me demande ce que je veux manger,qu'on m'amène au restaurant,où aller manger une glace,qu'on renouvelle ma garde robe,je ne suis pas habituée à être véhiculée,à aller à la piscine,à fréquenter la meilleure des écoles,à avoir des répétiteurs et même avoir un médecin qui me suit.Je ne suis tout simplement pas habituée à être tant choyée par la vie ,alors par mesure de prudence,pour ne pas être arrachée à ce bonheur nouveau comme par enchantement,j'avance petit à petit avec prudence et beaucoup d'attention vers ce nouveau climat.Et il lui a fallait à mon oncle,beaucoup de temps,d'énergie et de patience pour se faire une place dans mon cœur et me faire intégrer dans son monde...

Le PariWhere stories live. Discover now