Chapitre 10

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WILLIAM REGARDA ELIOTT partir en courant sur son vélo flambant neuf, fixant Camille, tremblant.

- William... Je peux tout t'expliquer... Je... Bafouilla Camille, ses grands yeux se remplissants de larmes.

- Tu allais le tuer. Murmura-t-il, fixant Camille dans les yeux, qui détourna rapidement le regard.

- Ne dis rien... Je t'en supplie... Je n'allais pas le tuer... Je...

William sentit son cœur s'emballer dans sa poitrine. Ses tremblements reprirent. Pouvait-il être le complice de Camille ? Et peut-être que s'il n'était pas arrivé à temps, Eliott serait... mort ? Son cœur battait la chamade. Celui-ci se tordait, s'arrêtait, et repartait à toute allure. Il plaça sa main droite sur son cœur, et la pressa dessus. Autour de lui, tout devint noir, lointain. Les champs dorés, les maisons colorées, le visage si familier de Camille; tout devint noir. La silhouette de Camille devint celle de sa mère, allongée dans son lit d'hôpital, son lit de mort, celui qui l'avait arraché si brutalement à William.

Will vacilla, d'abord lentement, puis de plus en plus vite, et il s'écrasa par terre, sa tête tapant brusquement sur la terre dure. Et, avant qu'il ne perde connaissance, son cœur commençant doucement a ralenti la cadence, il vit Camille se précipiter vers lui, et commencer à lui faire un massage cardiaque, criant à William de rester en vie, des larmes lui effleurant le cou.

William se redressa sur le lit du docteur Allan

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William se redressa sur le lit du docteur Allan. Marguerite s'était assoupie, mais lui tenait fermement la main droite, comme si elle avait peur que celui-ci s'échappe de nouveau. Le jeune homme retira délicatement la paluche de sa tante de la sienne, et se releva avec peine de la table d'examen recouverte d'un papier râpeux, ses pensées embrumées à cause de la multitude de médicaments que le docteur lui avait donnés pour ralentir son rythme cardiaque.

Depuis qu'il était réveillé, ses pensées n'étaient occupées que par Camille; sans elle, il serait mort à l'heure qu'il est. Il s'installa sur un vieux fauteuil de cuir rouge devant la fenêtre, et observa les gouttes de pluie s'écraser sur le goudron abîmé de la route. Le visage de Camille apparut soudain à la fenêtre. Will sursauta, et cligna plusieurs fois des paupières pour savoir si ce n'était pas son esprit qui lui jouait des tours. Mais la jeune femme se trouvait bel et bien en face de lui, ses cheveux de jais et ses habits colorés complètement trempés.

Ses grands yeux bruns étaient fixés sur lui, animé par une triste lueur. Elle lui fit signe de venir d'un rapide mouvement de la main. William hésita. D'un côté, ses souvenirs lui rappelaient les mains de Camille autour du cou d'Eliott, et de l'autre, ces mêmes mains sur son torse, essayant de le maintenir en vie du mieux qu'elle pouvait.

Il jeta un coup d'œil à Tante Marguerite qui dormait toujours aussi paisiblement, et se leva douloureusement du fauteuil. Il passa discrètement devant Marguerite, et ouvrit tout doucement la porte, qui se mit à grincer fortement. William retint un juron, et cessa de respirer quelques secondes en voyant Marguerite bouger légèrement sur sa chaise. Voyant que celle-ci ne se réveillait pas, il se mit à courir dans le couloir complètement vide. La lumière de la salle de repos du docteur Allan était allumée, et Will murmura une courte prière, espérant que cette espèce de médecin des enfers n'avait rien entendu, trop occupé à fumer sa pipe, un magazine dans son autre main.

Il sortit du petit bâtiment, et en fit le tour en courant. À plusieurs moments il faillit tomber sur le bitume du trottoir, mais chaque fois, il arrivait à garder son équilibre de justesse. La pluie le gelait jusqu'aux os, couvert seulement par une chemise de flanelle et un jean en velours qui lui coupait la circulation sanguine.

William s'arrêta à quelques mètres de Camille. Il n'avait pas oublié ce qu'elle avait fait à Eliott. Mais peut-être qu'elle avait eu une raison de le faire ? William soupira. Il retira quelques mèches brunes qui lui collaient au front à cause de la pluie, et essaya tant bien que mal de soutenir le regard indescriptible de Camille, qui le fixait, la mine impassible. Quelques larmes se mélangeaient aux gouttes de pluie, et sa lèvre inférieure tremblait légèrement.

- Je ne voulais pas le tuer, William. Je te le jure... Sanglota Camille qui s'était doucement avancée vers Will.

Le jeune homme baissa les yeux. Au fond de lui, il savait, que Camille n'avait pas voulu tuer Eliott. Jamais elle ne l'aurait fait. N'est-ce pas ? Mais William n'aurait su dire pourquoi il s'obstinait secrètement à croire que Camille aurait continué à serrer ses mains sur le cou d'Eliott jusqu'au coup de grâce.

- Je suis perdue William... J'ai peur, j'ai mal... Je m'en veux tellement, tu sais... Je n'arrête pas dis penser. Et plus j'y pense, plus je regrette...

- Je ne dirais rien. Lança William sans réfléchir.

Camille releva la tête. Ses larmes s'étaient mélangées à l'eau de pluie, formant de petites cascades salées sur ses joues caramel. Elle fronça les sourcils en signe d'incompréhension.

- Tu n'as pas besoin de faire, tu sais ? Je ne veux pas que tu ais des ennuis à cause de moi, William...

- Tu m'as sauvé la vie, Camille. Je ne dirais rien. Répéta William, cette fois-ci, plus sûr de lui.

Camille lui rendit un sourire triste et reconnaissant, comme celui que William avait rendu à sa mère après que celle-ci lui ai offert son lecteur cassettes pour son anniversaire. Camille tendit sa main gauche tremblante vers William, hésitante. William resta quelques secondes à observer la paume de Camille tendue vers lui, et, tendit à son tour sa main trémulante.

Au premier abord, les gens auraient pu penser à un simple pacte avec le Diable entre deux adolescents perdus et amoureux. Mais c'était tellement plus. Tellement plus complexe. C'était une rédemption pour Camille, pour la laver de toute sa souffrance et de ses péchés. Et un véritable passage à l'âge adulte pour William, violent et compliqué.

Soleil d'étéWhere stories live. Discover now