Chapitre 18

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WILLIAM ET JUDITH ATTENDAIENT DEPUIS MAINTENANT deux longues heures sur un petit sofa installé près de la salle d'audience où se trouvait Camille. Judith faisait semblant de s'intéresser à un magazine sûr de stupides potins de stars, buttant sans arrêt sur le même mot, et William se triturait les doigts depuis le début. 

Et si la preuve n'était pas assez convaincante pour faire sortir Camille ?  Se répétait-il sans arrêt, des larmes d'anxiété et de peur lui brouillant la vue. 

- William ? Judith ? Appela une voix rauque et fatiguée. 

William bondit sur ses jambes en reconnaissant la voix d'Assane, et Judith referma précipitamment son magazine qu'elle posa sur ses genoux. Un nœud gigantesque se forma presque instantanément dans l'estomac de Will. Si la preuve qu'il avait fournie à la police n'avait pas été retenue, c'était la fin. La fin de la vie de Camille. Les rêves brisés, un avenir bousillé et une conscience abîmée pour l'éternité. Non, il fallait  que la preuve soit retenue. Camille allait éviter la prison à perpétuité et tout rentrerait dans l'ordre. William refusait que tout soit fini à cause d'un connard qui avait trop de fierté pour laisser Camille tranquille et la laisser se reconstruire. 

Assane avait les yeux cernés et des rides de fatigue s'étaient formées aux creux de sa bouche pulpeuse. Mais, pourtant, dans ses yeux d'un noir ébène, brillait un soulagement indescriptible. Il ouvrit grand ses bras pour serrer William contre lui, et, très vite, des grosses larmes mouillèrent la chemise de Will. 

- Je ne pourrais jamais te remercier assez, William... Sanglota Assane en serrant aussi fort que possible William dans ses gigantesques bras. 

- Alors, Camille va sortir ? Murmura William, l'espoir lui irradiant tout le corps. 

Assane relâcha son étreinte, et hocha la tête de haut en bas. 

- Elle devra aller dans un institut pour se faire soigner, mais finit la prison. Camille est libre. Elle va aller mieux, j'en suis persuadé.

William s'écarta brusquement d'Assane, de nouvelles larmes menaçant de jaillir d'un instant à l'autre.

- Comment ça, dans un institut ?

Assane pinça ses lèvres, et posa avec douceur ses deux gigantesques mains sur les épaules de William.

- Camille est malade. Elle a besoin de se faire soigner pour apprendre à se délivrer de ses démons. Ça ne lui fera pas de mal, seulement du bien. Le rassura Assane en essayant de ne pas faire trembler sa voix qui était prête à se briser sous l'émotion.

- Mais... Mais pour combien de temps... Et, quand ? Demanda-t-il en laissant s'échapper une petite larme qui glissa lentement le long de sa joue.

- Elle part dans trois jours. Tu auras le temps de lui dire au revoir.

Le cœur de William se brisa en mille morceaux.

- Et où c'est, cet institut ?

- À la frontière de la Belgique. Finalement, ce n'est pas si loin de Paris. Tu pourras lui rendre visite, de temps en temps.

William baissa ses yeux brûlants sur le carrelage froid, et, bientôt, un silence pesant s'abattit entre les deux garçons.

- Tu es sûr que tu ne veux rien manger, mon Willy ? Tu n'as rien avalé depuis hier

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- Tu es sûr que tu ne veux rien manger, mon Willy ? Tu n'as rien avalé depuis hier. Et, en plus, j'ai faits de la tarte aux myrtilles. Celle que tu préfères. Demanda Tante Marguerite en toquant à la porte de William.

William secoua négativement la tête, pour signifier qu'il n'avait pas faim, mais c'était un pur mensonge. Son ventre criait famine, mais le jeune homme ne pouvait se résoudre à avaler quoi que ce soit. Il attendait avec anxiété et impatience le retour de Camille à St-Louis, même s'il allait être de courte durée.

Marguerite s'assit sur le bout du lit de Will. Elle soupira longuement avant de prendre la parole avec courage, ses ongles tapotant sur ses jambes.

- Je comprends que ce soit dur pour toi, William. Perdre une personne qui nous est chère, c'est dur. Ça nous paraît insurmontable. Dur de faire son deuil. Tellement dur qu'on a l'impression de perdre une petite partie de soi. Mais tu ne quittes pas Camille pour toujours. Quand elle sera soignée, en pleine santé et en paix avec elle-même, tu ne seras plus jamais obligé de lui dire adieu. Comme dirait ta mère, ce n'est pas un adieu, juste un au revoir.

Quand William se remémora cette phrase-ci, et de grosses larmes pointèrent presque instantanément le bout de leur nez. C'était la dernière phrase que sa mère lui avait dite avant de mourir.

Ce n'est pas un adieu, mon petit chéri, juste un au revoir, le temps que tu me rejoignes au paradis. Mais, pour l'instant, le paradis doit te sembler loin. Très loin.

Tante Marguerite se rapprocha de William pour le serrer dans ses bras de toutes ses forces. Pendant de longues minutes, les deux pleurèrent en silence, se consolant tous les deux par la présence de l'autre.

- Tu sais, la tarte aux myrtilles va refroidir. Plaisanta Marguerite en se détachant délicatement de William, séchant ses larmes avec le dos de ses mains.

William rigola légèrement, et se leva, pour signifier à Marguerite qu'il acceptait enfin de manger quelque chose.

En descendant avec sa tante dans la cuisine, ils discutèrent un peu du deuil impossible à faire de William, et Marguerite semblait avoir les bons mots pour tout.

La tarte aux myrtilles de Tante Marguerite était divine, réchauffant un peu le cœur de Will. Et, alors qu'il s'apprêtait à en prendre une quatrième part, la sonnette retentit dans la maison. Tante Marguerite partit ouvrir, et un cri de joie retentit entre les murs de la bâtisse.

- WILLIAM !

William se releva rapidement de sa chaise en reconnaissant la voix de Camille. Il se jeta sur elle quand il la vit entrer en courant dans la cuisine.

- Merci William. Merci, merci, merci. Sanglota Camille en écrasant ses lèvres gercées sur celles de William.

William sursauta légèrement à ce geste, avant de lui rendre à son tour son baiser. Il avait tellement rêvé, de ce moment-là. De pouvoir à nouveau embrasser Camille. De pouvoir la serrer dans ses bras, sentir son parfum sucré, et effleurer sa peau caramel.

Assane et Marguerite décidèrent de les laisser tranquilles quelques instants, pour qu'ils puissent se retrouver.

- Je ne te remercierai jamais assez pour ce que tu as faits pour moi, Will. Tu m'as sauvé la vie. Le remercia Camille en enlaçant tendrement William.

- Y'a pas de quoi. Rigola William. Jamais je n'aurais pu t'abandonner. Jamais.

- Merci, William. Parfois, je me demande vraiment si tu n'es pas mon ange gardien.

Soleil d'étéWhere stories live. Discover now