Épilogue

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- Tu as tout ? Demanda Marguerite, essayant à tout prix de fermer une valise pleine à craquer. Tu as mis ta maison entière dedans ou quoi ?

William éclata de rire avec Camille. Celle-ci lisait une bande dessinée, les pieds en l'air, posés sur le mur, ses cheveux crépus éparpillés sur les draps du lit.

- Je n'aurais jamais cru dire ça un jour, mais je crois bien que St-Louis va me manquer. Un peu. Émit William en s'asseyant sur la valise pour faciliter la tâche à Tante Marguerite.

Camille reposa sa bande dessinée ouverte sur sa poitrine, et tourna son visage vers William.

- Et dire que c'est le dernier été qu'on passera ici avant longtemps. L'institut pour moi, et ta dernière année de lycée pour toi.

William sentit les larmes lui brûler les yeux presque instantanément. Camille le serra contre elle.

- Tu sais, William, tu n'as pas besoin de rester fort devant moi. Tu peux pleurer.

William esquissa un petit sourire, et Tante Marguerite soupira, triste. Elle aussi, semblait vouloir pleurer. Mais elle s'abstint, essayant de chasser dans un coin de sa tête tous les souvenirs avec William ici, en pliant et lissant plusieurs fois un même tee-shirt. Et dire que, cet été, c'était le dernier de William avant qu'il ne parte une dernière année au lycée, avant la fac de droit, les révisions, le passage à l'âge adulte. Le grand bain, appellerait ça Marguerite. Et il ne reverrait plus Camille avant longtemps, le temps qu'elle se fasse soigner et apprivoise ses démons.

- Le train part dans deux heures. Et on a plus d'un quart d'heure de route avant d'y arriver. Les pressa Marguerite en se frottant les yeux.

Camille bondit du lit, et William de la valise à présent fermée, et attrapa la poignée de celle-ci. Camille l'aida à descendre la valise dans les escaliers, et manqua plusieurs fois de tomber, et firent une grosse rayure sur la peinture jaune poussin du mur. Marguerite ne la remarqua pas, et William et Camille se regardèrent en pouffant, complices.

Assane Martin les attendait patiemment dans sa vieille Ford, son bras gauche posé sur la portière. Marguerite prit des mains de William la valise, ouvrit le coffre, et la jeta de toutes ses forces dans celui-ci, en poussant un gros soupire quand le bagage atterrit lourdement sur le métal recouvert d'une couverture à carreaux.

Tante Marguerite prit place sur le siège passager, et William et Camille, sur la banquette arrière. Tout le long du trajet, William se plaignit à Camille des épreuves qui l'attendaient à la fin de l'année scolaire, mais il lui dit aussi qu'il aimerait beaucoup qu'elle lui rende visite pendant les vacances, si elle est autorisée à le faire.

Camille, elle, parla de sa peur du Centre, qu'elle n'avait aucune envie de raconter son histoire à des inconnus, et qu'elle n'avait encore moins envie de fêter ses dix-neuf ans à l'hôpital avec des adolescents de son âge aussi bousillé les uns que les autres.

Quand ils arrivèrent à destination, Assane prit William dans ses bras, et le serra de toutes ses forces, en le remerciant encore et encore pour ce qu'il avait fait pour Camille.

Tante Marguerite, elle, ne pipa mots, essayant de retenir du mieux qu'elle pouvait ses larmes. Puis vint le tour de Camille.

Camille allait terriblement lui manquer. Il ne pourrait plus effleurer du bout des doigts sa peau caramel, ne pourrait plus plonger sa tête dans ses cheveux crépus à l'odeur de noix de coco et ne pourrait plus trouver du réconfort dans ses yeux rebelles et indomptables.

Camille affichait un air morose, un sourire triste collé aux lèvres. Elle n'avait pas envie de quitter William, parce que c'était le seul qui la comprenait vraiment, elle et ses démons. Son père la voyait encore comme une petite chose fragile qu'il fallait protéger à tout prix, et sa mère aussi, était brisée. En plein milieu d'une dépression, enfermée, seule, avec pour seule compagnie ses idées noires.

William l'embrassa tendrement, la serra fort contre lui, et chuchota une petite phrase au creux de l'oreille de Camille:

- Je t'aime.

- Moi aussi, William.

- Je t'écrirais tous les jours. Lui promit-il, toujours serré contre elle, jouant avec une de ses mèches brunes.

- Même au péril de ta vie ? Plaisanta-t-elle en se détachant de Will.

- De la même manière que Cyrano l'a fait pour Roxanne. Rétorqua-t-il en souriant.

Camille l'embrassa un peu maladroitement, à cause des sanglots qu'elle retenait, et le laissa enfin partir.

William ne se retourna pas, de peur qu'il n'arrive plus jamais à repartir de St-Louis, et s'engouffra dans le hall de la gare, des rêves plein la tête.

Au loin, le soleil jouait à cache-cache derrière les nuages de coton, et Camille souria. Le soleil d'été l'avait toujours guidé, comme William l'avait fait.

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Soleil d'étéDove le storie prendono vita. Scoprilo ora