ET SI L'AMOUR NE SUFFIT PAS | Tome 1 - Je te protègerai | • Loki Laufeyson •

RÉVEILLE-TOI

Lorsque Arya rouvrit les yeux, la tente du Prince était plongée dans l'obscurité. La nuit était tombée et seules quelques ombres projetées par le brasero dansaient encore sur la toile tout autour de la jeune femme. Les lieux étaient silencieux, les braises crépitaient et les bruits inquiétant de la nuit transperçaient l'atmosphère par intermittence. La petite servante se releva péniblement. Sa tête cognait douloureusement et elle se sentait fébrile mais elle parvint à se maintenir assise sur sa paillasse. Elle regarda tout autour d'elle essayant de se remémorer les évènements de la veille. Des images d'horreur lui revenaient en mémoire... Des jeunes gens mutilés, des corps ensanglantés, des cris déchirant témoignant de la douleur des soldats durement blessés au combat... Loki...

Le Prince était tombé lui aussi, transpercé par une épée qui l'avait affreusement amoché et qui avait mis en péril sa vie malgré le sang divin qui coulait dans ses veines. À la simple pensée du Dieu, Arya tourna ses yeux en direction du grand lit sur lequel reposait encore son corps. Il était immobile, les yeux clos, la respiration sifflante et irrégulière. Il était toujours vivant...

Un guérisseur s'affairait autour du Prince, épongeant son front couvert de sueur et rafraichissant sa peau éprouvée par la fièvre. Il refaisait ses pansements avec soins, nettoyant la plaie encore mal cicatrisée. Il le maintenait en vie le temps que la petite servante retrouve assez de force pour pouvoir terminer ce qu'elle avait initié... pour qu'elle puisse lui sauver la vie.

Le guérisseur ne remarqua pas que la jeune femme s'était réveillée, son corps étant dissimulé dans la pénombre au fond de la tente. Une fois sa besogne accomplie, il quitta les lieux laissant le Prince seul en compagnie de sa servante. Arya resta encore quelques instants interdite, assise sur sa paillasse, ne sachant pas réellement ce qu'elle devait ou simplement ce qu'elle avait le droit de faire. Au bout de plusieurs minutes, un râle plus prononcé émanant de la bouche du Prince la fit sortir de sa torpeur. Elle se releva doucement, chancelante, en se retenant aux meubles les plus proches et avança avec précaution jusqu'à arriver près du lit.

Loki avait le visage étrangement paisible. Ses traits étaient tirés mais ne gâchaient en rien la finesse de son visage. Sa peau était presque translucide, brillante malgré l'obscurité de la pièce. Arya le contempla d'un air désolé, culpabilisant de ne pas avoir pu lui insuffler assez de magie pour le soigner. Les larmes aux yeux, elle se risqua à approcher ses doigts de son visage, hésitant encore à réduire l'espace entre eux. Puis elle le toucha, du bout des doigts, effectuant une pression à peine plus forte qu'un effleurement. Elle caressa sa peau douce et fine parcourant les contours de son visage. Il était glacé, ses muscles presque tétanisés sous son épiderme. Il n'était plus complètement vivant et la vie était en train de le quitter doucement...

Arya ne parvient pas à retenir des larmes. Elle se sentait si impuissante, si inutile. Jamais elle ne s'était retrouvée dans une telle situation, son pouvoir lui faisant cruellement défaut, l'empêchant de sauver la vie d'un être qu'elle ne s'imaginait pas voir mourir... Elle avait vu des cadavres durant sa vie. Elle avait vu des gens mourir mais jamais elle n'avait eu si peur de perdre quelqu'un...

Elle ne pouvait pas accepter qu'il l'abandonne. Elle devait tenter quelque chose. Elle ne le connaissait pas depuis longtemps mais elle s'était étrangement habituée à sa présence, espérant au plus profond d'elle-même reprendre leurs séances d'entrainement et passer du temps avec lui. Elle n'avait pas le choix, elle devait le sauver au péril de sa propre vie...

La jeune servante s'assit sur le rebord du lit au niveau de l'abdomen du Prince. Le lit était tellement grand qu'elle pu s'étaler de tout son long. Elle souleva le draps qui couvrait le corps du Dieu et constata que le pansement refait il y a à peine quelques minutes par le guérisseur était déjà abondamment couvert de sang. Arya n'avait plus une seconde à perdre. Elle défit les bandages exposant la chair déchirée du Prince là où l'épée était entrée. Le sang coula aussitôt provoquant une véritable hémorragie que la jeune femme comprima à l'aide de ses mains. Au moment où elle toucha la blessure, le Prince tressaillit et laissa échapper un gémissement de douleur étouffé.