17 : Ces chiens de Baskerville (2)

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Je n'avais vu Fred aussi expressif. D'habitude, il est très calme et silencieux. Il ne parle que lorsque quelqu'un le lui demande ou pour ajouter son avis. Mais ce soir... il est complètement différent. Du jamais vu. Ça ne lui ressemble pas du tout. Ce n'est pas le Fred que je côtoie d'habitude. Son regard, ses yeux n'éprouvaient qu'une vive colère et un sentiment d'inachevé. C'était clair comme de l'eau de roche. Fred est totalement révolté de ce qu'il informe. Son animosité lui grimpait jusqu'aux oreilles au point qu'il en devienne rouge. Ça me perturbe encore à l'heure actuelle.

Il nous a déclaré dans les moindres détails qu'un noble utilisait sa berline pour enlever des enfants, et que ces mêmes enfants ont disparu sans y laisser de trace. Cet individu détournerait l'attention de ces êtres innocents avec des bonbons. Quelle perversion déplorable ! Je comprends que Fred se soit mis dans une sombre colère.
Le mystère autour du chien de Baskerville prend enfin une tout autre tournure. Si les gens ont si peur de s'aventurer dans ces lieux, c'est que, premièrement personne n'en ressort vivant, et qu'en deuxième lieu, le chien décrit poursuivrait ses proies à travers la vaste forêt qu'occupe Dartmoor. En mes souvenirs, le château de Baskerville est divisé en deux. Une partie à l'Ouest et l'autre à l'Est. C'est donc fort probable que les ravisseurs laissent les enfants courir dans cette forêt, qu'ils se perdent car il fait nuit, et que des pièges soient posés.

Rien que d'y penser ça me donne la chair de poule. Je comprends mieux pourquoi ils ne capturent que des enfants. Ils savent qu'ils ne retrouveront pas leur chemin. De plus, innocents comme ils sont, ils ne savent pas à quoi s'attendre en arrivant là-bas. Les ravisseurs jubilent face à leur désarroi et jouissent de l'effet de surprise procuré par leur sadisme. C'est dégueulasse...

Fred s'est exprimé de manière vive, concise et rapide. Il doit vraiment apprécier les enfants pour parler de la sorte. Il cherchait absolument à convaincre William de s'épancher rapidement sur cette affaire.

- Fred, commence William écouté de tous, ton discours était très persuasif, aurais-tu peur que je te comprenne pas ? que je ne m'intéresse pas à cette affaire car nous avions déjà éliminé un même type de crime ?

L'espion acquiesce. Il était rigide et les poings fermés, plus calme cependant.

- Bien, reprend le professeur mains refermées, notre plan est de mettre à bas le système de classe répugnant, de changer les mentalités de ce pays, de semer le doute dans l'esprit de ceux qui n'ont jamais douté du bien-fondé de l'ordre établi afin qu'ils commencent à se poser des question. C'est pourquoi nous devons tout faire pour éradiquer le mal, et partout où il y a le mal, nous intervenons !

William s'est brusquement levé du canapé. J'en fait de même.

- La berline en question doit venir cette nuit, il faut donc agir en urgence ! je viens avec vous ! Préparez-vous à partir immédiatement, résume le professeur.

- Bien ! acquiesce le plus jeune, face à William.

- Je viens aussi, me manifestais-je brutalement. On ne peut pas laisser indéfiniment ces salopards torturer et s'amuse des innocents !

- Je regrette Rose, mais il est devenu trop dangereux pour toi de participer à ce genre d'opération.

Je m'indigne face à cette nouvelle. Que ce soit Louis, Albert, Moran ou encore Fred, aucun d'entre eux ne m'a semblé étonné.

- Hein ? fais-je en écarquillant les yeux.

- Je suis assez d'accord avec William, approuve Moran, d'autant plus que si tu tombes nez à nez avec un homme, qui sait ce qui pourrait t'arriver...

Moran qui s'inquiète pour moi, je suis en train de rêver ! Je leur montre mon désaccord mais aucun ne souhaite m'avoir dans l'équipe. C'était donc vrai, je suis un fardeau pour eux...

La Rose et le Prince [Terminée]Where stories live. Discover now