☆꧁ 4. HUMBLE DEMEURE

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Sans un mot, la jeune femme conduisit Loki à travers ce désert de poussière et de sol rocheux. Il était fatigué et n'avait plus la force de commenter cette planète maudite où il avait atterri, ni même la voleuse qui avait étrangement décidé de l'aider. Quel genre de voleur regrette son acte au point de rendre le butin dérobé et d'aider leur victime ? Loki était confus et ses pensées se mélangeaient dans son esprit. Ses pieds se faisaient lourds et traînaient sur le sol, manquant de les faire tomber tous les deux une paire de fois.

Finalement, il commença à en avoir marre

— Où comptes-tu m'emmener à la fin ?

La jeune femme sursauta presque au son de sa voix, il avait été si silencieux qu'elle avait cru qu'il ne lui décrocherait pas une parole. Elle lui lança regard surpris et peut-être un peu méfiant avant de regarder devant elle. Elle ne savait pas ce qu'elle était en train de faire, son côté rationnel lui hurlait de le laisser là et de s'enfuir. Il ne lui avait apporté que des ennuis, il était mal poli, grincheux... Elle avait cru qu'il serait une proie facile, mais elle s'était trompée et elle regrettait son choix. Pourtant, son cœur ne pouvait pas se résoudre à l'abandonner. Il était blessé et elle avait fait de lui l'ennemi public numéro un. Il n'avait plus d'endroit où se réfugier, à cause d'elle, il risquait de se faire arrêter. Elle se sentait coupable. Après tout, elle était la criminelle et lui, la victime. Il ne méritait pas de mourir de froid dans le désert qui entourait la ville, ou de subir les violences des justiciers qui rôdaient dans le coin.

— On y est.

Loki leva la tête et regarda l'étendue de poussière devant lui. Au milieu de ce paysage désertique se trouvait une cabane en ruine. Il lui fallut du temps pour voir que ce tas de plaque de métal et de tas de bois était une habitation. Ils étaient loin de la ville, loin de tout, mais la jeune femme semblait connaître ce lieu comme sa poche. Après avoir descendu la petite colline qui les séparait de la cabane, ils entrèrent.

— Bienvenue chez moi, déclara la jeune femme, sans la moindre émotion.

L'intérieur était semblable à l'extérieur : faits d'objets en tout genre, de débris trouvés ici et là. Le dieu regarda avec attention chaque recoin de la pièce, hésitant entre admirer l'ingéniosité de la jeune femme, ou se sentir répugné. La voleuse le lâcha pour poser son sac sur la chaise la plus proche et se dévêtir de son manteau quand Loki fut pris d'un violent vertige. Il gémit et se rattrapa de justesse à un meuble.

— Oh, attention ! S'exclama-t-elle, se précipitant à ses côtés pour le soutenir. Viens t'asseoir là...

Elle le conduisit jusqu'à un matelas, à même le sol, et l'aida à s'asseoir. Lorsqu'elle fut certaine qu'il n'allait pas perdre connaissance, elle s'éloigna et chercha quelque chose dans ses étagères. Loki ferma un moment les yeux, essayant de chasser la désagréable sensation d'être sur un carrousel. Lorsqu'il les rouvrit, l'inconnue était accroupie devant lui, un bol rempli de fleurs et d'herbes.

— Allonge-toi et montre-moi ta blessure, ordonna-t-elle gentiment.

Il hésita un moment, mais devant son regard soutenu, il commença à défaire son haut. Il grimaça au moindre geste. La blessure était fraîche et sensible, et le sang séché aux vêtements ne rendait pas la tâche facile. Une fois torse nu, il s'allongea et regarda le plafond. Avec une certaine crainte, la voleuse prit un linge humide et entreprit de nettoyer la plaie. Au contact de l'eau froide sur son entaille, Loki sursauta et réprima un gémissement, ce qui força la jeune femme à se figer sur place. Quand elle remarqua sa respiration se réguler, elle continua.

Une fois la plaie propre, elle prit la mixture de fleur qu'elle avait faite dans ses mains et l'étala sur la peau meurtrie et déchirée du jeune homme. Curieux, il tourna la tête pour regarder ce qu'elle faisait. Il n'avait pas confiance en elle, mais il savait que les plantes pouvaient soigner et elle semblait savoir ce qu'elle faisait, alors il la laissa faire. Cependant, il ne pouvait s'empêcher de se demander comment une vulgaire voleuse avait appris ce savoir ancestral.

DON'T LET ME FALL | 𝚕.𝚕𝚊𝚞𝚏𝚎𝚢𝚜𝚘𝚗Où les histoires vivent. Découvrez maintenant