𝐔𝐍 𝐕𝐈𝐃𝐄 𝐆𝐋𝐀𝐂𝐈𝐀𝐋² ━━ 𝙡.𝙡𝙖𝙪𝙛𝙚𝙮𝙨𝙤𝙣

CHAPITRE SIX

ASGARD

Le vent sifflait dans ses oreilles, si fort qu'elle n'entendait même plus son cœur qui battait fortement dans sa poitrine. Le tunnel de lumière l'avait engloutie toute entière et dès l'instant que l'arc-en-ciel s'était abattu sur eux, Kimberley avait sentis ses pieds quitter la terre ferme. Par instinct, guidée uniquement par la peur et l'appréhension, elle s'était crispée et avait fermé les yeux. Elle s'accrochait à Thor comme si sa vie en dépendait, et en y réfléchissant, peut-être que c'était le cas.

Elle se sentait secouée, comme si elle se trouvait sur des montagnes russes. Le voyage dura quelques secondes ou des heures, Kimberley ne saurait le dire, mais lorsqu'elle trouva que cela faisait déjà trop longtemps qu'elle était secoué par le vent glacial qui l'entourait, elle se risqua à ouvrir les yeux.

N'ayant aucune expérience des voyages entre les mondes ni même de l'espace, elle ne sait pas à quoi elle s'était attendu. Mais dès l'instant qu'elle ouvrit les paupières, elle eut le souffle coupé. Le Bifrost formait un tunnel de couleur dansantes tout autour d'eux, leur guidant le chemin. Mais au travers, Kimberley pouvait voir l'étendu de l'espace. Tout défilait beaucoup trop vite pour qu'elle prenne le temps d'apprécier la vue, cependant, elle ne rata pas la planète qui passa juste à côté d'eux ou encore l'immense constellation qui étincelait au loin.

Avant même qu'elle ne puisse réellement commencer à comprendre ce qu'elle avait sous les yeux, leur voyage prit brusquement fin. Une lumière vive l'éblouit et le vent s'arrêta net de souffler autour d'eux. Avec élan, elle se sentit propulser en avant et ses pieds trouvèrent enfin le sol. Si Thor ne l'avait pas tenu si fermement, elle serait probablement tombée, entrainé par la vitesse de son voyage.

Son émerveillement disparut lorsqu'elle se retrouva enfin au repos, sur la terre ferme. Son estomac se crispa de façon désagréable et elle avait l'impression qu'elle allait être malade. Son cœur battait toujours aussi fort dans sa poitrine et cela ne fit qu'accroitre son mal-être. La jeune femme prit une grande inspiration, essayant de reprendre son souffle et se pencha en avant, les mains poser sur ses genoux.

— Est-ce que ça va ? Demanda Thor, un peu inquiet par son comportement.

C'était assez courant d'être malade lors du premier voyage en Bifrost. C'était assez violent lorsqu'on n'est pas habitué, surtout pour des humains. Il observa attentivement son amie alors qu'elle reprenait lentement une respiration normale. Elle hocha la tête vivement sa question mais mit un certain temps avant de répondre.

— Oui. Hum... j'ai juste besoin...

Sa voix se fana lorsqu'elle releva la tête et vit enfin pour la première fois où elle se trouvait.

— ... d'une minute...

Son regard parcourut la voute sous laquelle elle se trouvait, éblouit par tant de beauté. Toute la structure était faite de métal mais Kimberley se serait cru à la cité d'or. Le sol était foncé, presque noir, mais tellement lustré et lisse que la jeune femme pouvait voir son reflet dedans. Lorsqu'elle tourna la tête, elle vit les murs, dorés. Il y avait des sortes de roues ou bien des rouages incrusté dedans. Les roues était trois fois plus grand qu'elle et elle se demanda l'espace d'un instant si c'était grâce à elle que le Bifrost fonctionnait. La jeune femme continua d'observer la salle avec étonnement et émerveillement, jusqu'à ce que son regard se pose sur l'estrade qui se trouvait en plein milieu de la pièce.

Il était haut de six marches, elles aussi dorées, et luisait à la lumière. Au centre de cette estrade se tenait un socle. Et derrière celui-ci, un homme.

Avec une aise déconcertant, l'homme étrange souleva la lourde épée qui se trouvait dans le socle. Le frottement de la lame contre le métal fit écho dans l'habitacle puis soudain, les lumières arc-en-ciel qui avaient amené Thor et la jeune femme ici disparurent pour laisser place à la noirceur de l'espace.

— Bienvenue à Asgard, déclara l'homme avec une voix grave et imposante.

Kimberley jeta un regard à Thor, ne sachant pas si elle devait répondre, s'incliner ou juste s'effacer. Avait-elle le droit de lui parler ? Est-ce que les humains était les bienvenue sur Asgard ? Pourquoi n'avait-elle pas pensé à poser toutes ces questions à Thor avant de s'embarquer dans cette aventure ?

Le dieu dû sentir sa panique car il lui offrit un sourire rassurant et s'approcha d'elle. Il enveloppa un bras lourd autour de ses épaules et fit un signe en direction de l'homme en haut des marches.

— Kimberley, je te présente Heimdall, un ami et le gardien du Bifrost.

— Je suis honorée, dit Kimberley, optant finalement pour une petite révérence maladroite. Et euh... Désolé d'avoir hurlé votre nom... J'avais besoin d'aide et vous étiez mon dernier espoir, ajouta-t-elle après coup, embarrassée. 

Thor rit, amusé mais pas moqueur. Heimdall, lui, n'afficha qu'un léger sourire discret.

— Il me tardait de vous rencontrer, Dame Weaver.

— M-moi ? Bégaya-t-elle sous la surprise.

— J'ai beaucoup entendu parlé de vous. Le royaume tout entier à entendu parler de vous.

Une sorte de sentiment d'effroi la gagna peu à peu. Que voulait-il dire par ça ? Qu'avait-il entendu sur elle ? Paniquée, elle tourna son regard vers Thor qui semblait un peu embarrassé. Avec son bras toujours autour de ses épaules, il la guida vers la sortie de la pièce, ignorant la question dans son regard.

— Nous ferions mieux d'y aller, s'empressa-t-il de dire, la poussant vers la sortie.

— Thor, at-

— Nous devons voir Père, insista-t-il.

Kimberley s'apprêtait à protester une fois de plus mais lorsqu'elle sortit de l'habitacle, son souffle se coupa dans sa gorge. Si le voyage en Bifrost avait été magnifique, ce n'était rien comparé à la vue qui s'offrait à elle. La jeune femme n'arrivait pas à décider laquelle de la vue sur l'espace ou du palais était la plus belle. Au bout d'un pont immense, formé de verre qui laissait paraitre la lumière de l'arc-en-ciel, la même qui l'avait fait voyager jusque-là, se trouvait au loin, un immense palais doré. Il formait une pointe perçant le ciel, dominant la planète toute entière, imposant sa lumière et sa grandeur à tout le monde. Sur la matière qui le composait, se reflétait la lumière d'un soleil couchant. Magnifique. À couper le souffle.

De l'autre côté des lumière mordorée et chaudes d'un soleil couchant, se trouvait la noirceur de l'espace. Quelques lumière, semblable à des aurores boréales, dansait dans l'obscurité, peignant l'infini de couleur vives. Au loin, la jeune femme pouvait voir des étoiles briller, mais elles était différentes des étoiles qu'elles avait pu voir dans le ciel sur Terre. Celles-ci n'avait pas la même lueur, le même emplacement.

Une pensée lui traversa alors l'esprit. Sa maison se trouvait quelque part dans l'immensité de l'espace.

— C'est beau, n'est-ce pas ?

La voix de Thor la ramena soudainement à la réalité. Mais elle refusa de quitter ce spectacle des yeux, pas tout de suite. Elle hocha la tête, profondément plongée dans ses pensées.

— C'est magnifique... Souffla-t-elle.

Et malgré cette beauté, malgré ce privilège qui s'offrait à elle, elle ne se sentait pas heureuse. Un souvenir lui revint en tête, alors qu'elle était allongé sur un lit, sa tête reposant sur le torse de Loki, écoutant les battements de son cœur et sa respiration régulière. Elle se souvint lui avoir demandé pour la énième fois de lui décrire Asgard. Et elle se souvint de sa voix profonde alors qu'il lui contait les magnifiques paysages qui entourait le palais.

Elle aurait aimé découvrir ce paysage avec lui. Elle aurait dû le découvrir avec lui...

Un poing dans la poitrine l'arracha à ses pensées, et elle se ressaisit avant que les larmes ne puissent embrumé sa vue.

— Allons-y, déclara-t-elle finalement, sa voix un peu éteinte.

Thor fronça les sourcils, sentant sa douleur silencieuse. Il n'aimait pas la voir souffrir, mais il ne trouva pas les mots pour la réconforter. Il hocha simplement la tête et lui montra le chemin jusqu'au palais.