Chapitre 2

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Je déambule dans Paiworld jusqu'à arriver dans le centre. Il est bondé comme toujours. Il est difficile de se frayer un chemin dans cette foule.

Règle numéro 4 du dirty piece : en cas de foule, ne jamais céder et aller tout droit.

Certes je ne suis plus dans le dirty piece, mais la règle tient toujours. Si on commence à s'excuser dès que l'on cogne quelqu'un, jamais on arrivera à avancer. J'enfonce ma capuche sur mon chignon laissant déjà des mèches s'échapper, et je trace vers mon objectif.

L'axe central affiche pleins d'informations, certaines intéressantes, et d'autres totalement inutiles. Il indique le jour : 734ème jour depuis notre arrivée. Il y indique les appartements à vendre, des pubs, les actualités... Mais un seul des multiples écrans m'intéresse. Il n'est pas très haut sur le pilier. Je m'approche, jusqu'à l'avoir face à moi. Petit à petit, d'une main tremblante, j'enlève ma capuche pour pouvoir lire. Juste le titre me fait frissonner : Eliminatoire du Jeu ce 735ème jour. Sept colonnes se dressent sur l'article. Une colonne par groupe. D'un doigt hésitant, je parcours les noms. Je cherche le mien... encore... et encore. Je commence à croire que PAI à oublié de m'inscrire. Et si ma candidature s'était perdue en route ? Et si on ne m'avait juste trouvée trop nulle pour m'y mettre ? Non, impossible. Je ne peux pas. Pas après tous ces efforts, tous ces entrainements... J'ai besoin de cette somme. Pour Eve.

Et c'est finalement, en arrivant un bas de la septième colonne, que je vois afficher en italique : Jhane. Pas de nom de famille, rien. Juste ces cinq lettres me remplissent de soulagement.

Même si je suis sûre de ne pas connaître les autres noms, je regarde les autres participants de mon groupe par simple curiosité. Je lis les différents prénoms avant moi. Comme je m'y attendais : je ne connais personne. A part... Joey K. Le seul face à qui je n'aurait pas aimé être. Le favoris au jeu. C'est littéralement un pro. Rien que l'autre soir, je regardais tranquillement la télé sur notre écran mural avec Eve, et ils nous passaient un documentaire entier sur lui. Il a une précision de tir hors du commun, et ne rate jamais, jamais sa cible. Il est d'une extrême intelligence et la logique fait partie de lui. Il connait toutes les tactiques, toutes les possibilités... Bref : un pro quoi. C'était juste celui avec qui je ne voulais pas être aux éliminatoires. Si je ne suis pas tirée au sort en binôme avec lui... c'est perdu d'avance et autant déclaré forfait.

J'arrive dans l'Euphoria, le quartier fêtard. Je suis devant la Félicitas, notre bar à Eve et moi. On y a passé nos premières soirées, nos premières rencontres, nos premiers verres... La façade du lieu est couverte de street art dans tous les sens et de toutes les sortes. Du faux lierre ainsi que des plantes exotiques dégringolent sur les murs. J'entre sans crainte dans le lieu. C'est alors qu'un flot de musique et de bruits des discussions m'envahit. L'éclairage est composé de simples spots de couleurs différentes. L'endroit n'est pas particulièrement grand, et il n'y pas beaucoup de monde. C'est cependant pour moi, le meilleure endroit de Paiworld. Il y un espace restauration composé d'un bar et plusieurs tables. Plusieurs groupes d'amis sont installés en train de parler, rigoler, débattre, travailler... Des posters sont collés les uns sur les autres, présentant des évènements, des groupes de musique, ou même des messages laissés par des clients. Un coin est aménagé avec plusieurs canapés ou poufs au ras du sol. L'odeur du thé se mélange à celle de l'alcool, créant en étrange contraste. 

Ce n'est pas ici que je vais. Je continue tout droit sans prêter attention au reste. 

Arrivée vers le fond de la pièce, le bruit de la musique se fait déjà moins fort. Je m'engouffre dans un couloir à peine éclairé, par de vieux néons. Au bout de celui-ci, se trouve une porte blindée, un peu rouillée par le temps. Délicatement, je pousse la porte, et j'arrive dans MON endroit. Une salle dans le même style que la précédente. Cependant dans celle-ci la musique est plus forte et plus entraînante. Des ampoules sont accrochées au plafond par des fils, près à céder à tout moment. Dans la salle sont disposés, deux tables de poker, des flippers, et... un babyfoot. On se croirait dans une de ces vieilles salles de jeu dans les années 80. A ma grande surprise, la salle est vide. D'habitude elle est assez remplie et il faut attendre avant de pouvoir jouer à quelque chose. En même, c'est rare que je vienne aussi tôt. Enfin, je ne suis pas seule. Un garçon est occupé sur un des flippers. 

PaiworldWhere stories live. Discover now