Chapitre 12

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Est-ce une bonne idée ? Voilà la phrase que je me répète depuis une demi-heure tout en me préparant. Après tout, est-ce que je parlais vraiment à Sam ? Et si cette discussion avait été surveillée ? Est-ce vraiment raisonnable de sortir alors que je fais la une partout ? Enfin, pour de vrai, personne ne pourra savoir que je suis LA Jhane, car personne ne connait mon vrai visage. Ce n'est pas pour autant que j'y vais en toute sérénité.

J'ai laissé tomber le tee-shirt trop grand me servant de pyjama. J'ai sorti un jean noir simple, ainsi qu'un haut gris laissant les épaules à découvert. Ce n'est pas ce que je porte habituellement, mais j'ai envie de renouveau. Ce n'est pas tous les jours qu'on a un rendez-vous. Enfin, pour certaines personnes si. Mais pour moi, c'est carrément sortir de ma zone de confort ! Je décide de cette fois ci, ne pas m'attacher les cheveux. Ils tombent alors sur mes épaules, laissant apparaître leur dégradé de couleur naturel. Pour ce qui est des chaussures, on va rester aux bonnes vieilles converses. Un pas à la fois !

Je jette un rapide coup d'œil dans le miroir avant de partir. Je semble vraiment différente. Le simple faite d'avoir lâcher les cheveux donne l'aspect... d'une certaine assurance. Je m'empare de mon sac à dos, et y fourre ma tablette holographique, mon passe de Navette Wash, et mes médicaments que m'avaient donné les robots du Jeu.

Avant de partir, je prends un morceau de papier trainant sur le comptoir, et m'empara d'un stylo bille. J'écrivis à la va vite un mot à Nolan, l'informant de ma sortie. Officiellement, je vais juste faire un babyfoot pour me changer les idées. Je ne veux pas lui dire que j'ai rendez-vous avec Sam. Sinon il m'aurait dit de faire attention etc., ou alors il aurait voulu m'accompagner. Surtout que je ne veux pas qu'il s'immisce totalement dans ma vie. Certes, nous allons devoir collaborer, mais ce n'est pas pour autant dire que nous devons devenir meilleurs amis. Faut pas déconner...

Je sors discrètement du studio, et ferme la porte derrière moi. Eve et moi vivons dans un caseur. C'est le nom donné aux grands immeubles fait pour accueillir un maximum de personnes. Les petits appartements ressemblent à une multitudes de petites cases les unes sur les autres. C'est de là d'où vient le nom.

Dans les autres quartiers de Paiworld, là où tout le monde a une vie parfaite impeccablement tracée, les habitants vivent dans des maisons individuelles. Chaque quartier a un style particulier. Par exemple, le numéro 4, est constitué de maisons de briques rouges, et n'est pas très strict. On y trouve des skate-parks, des bistros, des cabarets, ainsi que des terrains de basket pour les plus sportifs. Les façades des habitations sont parfois habillées d'escaliers de fers, permettent de circuler entre les quelques appartements. Ce n'est pas l'endroit le plus propre au monde, mais il a son style.

Le numéro 8, lui, est beaucoup plus chic. C'est là que tous les plus aisés vivent. L'endroit grouille d'hôtels particuliers et de casinos. Avec les keys que je possède, je ne sais même pas si j'arriverais à m'acheter une grenadine là-bas. Seul les players ayant fait fortune peuvent y vivre, comme le précédent gagnant du Jeu, ou des patrons d'entreprises.

Au total il y a 10 quartiers, avec chacun un style de vie différent. C'est un des cadeaux que nous a offert PAI lorsque nous sommes arrivés : chaque player peut construire SA vie comme il le souhaite. Le quartier 5, est centre de Paiworld, et le dixième est aussi nommé le dirty piece. Là où nous habitons.

Je sors donc du caseur, et me dirige vers la rue. A cette heure-ci, le soleil se lève péniblement. Entre quelques caseurs, on peut apercevoir les lueurs de l'astre rouge. Ces rayons naissant illuminent tout Paiworld, ce matin de 736ème jour. L'air est encore frais, mais je ne suis pas frigorifiée pour autant.

Les rues sont vides, à cause de l'heure matinale. Ne sont dehors, que quelques players en route pour aller travailler, ou alors des « zombies ». « Zombi » est le nom donné au personnes tombées dans la Gharne. Une drogue, ou plutôt la seule, très puissante. Elle grille un par un les neurones du cerveau, jusqu'à ce que le consommateur ne devienne qu'un simple déchet abandonné, incapable de penser ou bouger. Les principaux zombies résident dans le dirty piece, et ce n'est pas très beau à voir. Ils restent, comme ça, dehors, sans rien pouvoir faire, comme des cadavres.

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