Chapitre XXV - Nuit au chalet

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Lisa se réveilla en sursaut, ayant encore fait un cauchemar. Cette fois, il avait été encore plus réaliste que d'habitude : elle s'était vue retourner chez elle pour donner la potion à ses parents. Elle avait versé quelques gouttes sur leurs statues de pierre, mais ça les avait réduites en miettes au lieu de les ramener à la vie. La jeune fille sentit les larmes lui monter aux yeux en imaginant que ça pourrait très bien arriver. Si leurs parents avaient seulement laissé la liste d'ingrédients, c'est qu'ils n'avaient jamais pu tester la potion. Et même si son père était un génie des potions, il devait toujours faire plusieurs essais et modifications pour arriver à un résultat réussi. Alors les chances que la potion fonctionne étaient vraiment faibles...

Elle s'essuya les yeux et regarda autour d'elle pour vérifier que les autres étaient bien endormis. Il n'y avait que deux chambres dans le chalet de Billy, donc les garçons s'étaient installés dans l'une et les filles dans l'autre (sauf Xenda, qui dormait dehors et montait la garde au passage). Mais Léo n'avait pas voulu être séparé de ses sœurs, alors il se trouvait avec elles aussi. Lisa posa son regard sur lui et s'aperçut avec surprise qu'il ne dormait pas : il était assis sur son matelas et la regardait d'un air triste.

— Tu n'arrives pas à dormir, Léo ? lui demanda-t-elle à voix basse.

Il secoua la tête en guise de réponse avant de se lever pour se rapprocher d'elle. Il lui tendit alors la main en lui jetant un regard insistant. Elle comprit le message et la prit en se mettant debout à son tour. Il la guida ensuite hors de la pièce et ils allèrent dans la cuisine ensemble. Léo s'arrêta devant les photos qui étaient accrochées au mur et chuchota :

— Les photos me font peur. On voit des personnes qui bougent, mais on ne ressent pas leurs émotions. C'est comme si une part d'elles était absente.

— C'est comme ça que nous voyons les gens en permanence, nous, lui expliqua Lisa. Mais je comprends que tu puisses trouver ça bizarre, toi...

— J'ai vu ton cauchemar, dit-il en levant les yeux vers elle. J'ai peur de ça aussi, tu sais. Pour moi, papa et maman sont morts, puisque je ne sens plus leurs émotions et leurs pensées. Mais si vous dites qu'il y a une chance de les ressusciter, je ferai n'importe quoi pour ça. Je le jure.

— Moi aussi, murmura Lisa.

Ils contemplèrent les photos pendant un moment sans échanger un mot, puis son petit frère reprit :

— Je sais que tu penses être mauvaise pour moi parce que tu as souvent peur et que tu es souvent triste. Mais ce n'est pas vrai. Chaque fois que tu te sens mal, je vois aussi comment tu fais pour t'en sortir. Je vois comment tu surmontes tes peurs et comment tu retrouves le sourire. C'est ce qui me permet d'apprendre à faire la même chose quand je ne vais pas bien aussi. En fait, Lolli, papa, maman et toi, vous êtes mes modèles.

Lisa ne sut pas quoi répondre tout de suite, touchée par cet aveu.

— Tu dois savoir que c'est généralement toi ou Lolli qui me remonte le moral, alors, dit-elle en lui souriant.

— Oui, je sais, répondit-il avec un air espiègle. C'est comme ça que je sais que tu nous aimes.

Il marqua une pause, puis il rajouta :

— Et que tu aimes papa et maman. Eux aussi, ils te remontent souvent le moral.

— C'est vrai, dit Lisa en hochant la tête. Ils sont toujours là pour me consoler quand je fais des cauchemars ou que quelque chose se passe mal à l'école...

— Nous avons de la chance. Vos amis nous envient beaucoup, je le vois dans leurs pensées. La mère de Kobbey l'a délaissé quand elle s'est remariée et que son demi-frère est arrivé, Bastian a arrêté de chercher du réconfort auprès de ses parents quand ils ont commencé à se disputer, et ceux d'Inès ne se sont jamais occupés d'elle.

Tant que tu es avec moiWhere stories live. Discover now