Chapitre 3

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Jeudi 23 juin, 9h30, Appartement de Lili

Et voilà! Ce n'était pas si compliqué, finalement. En pénétrant dans mon petit appartement, je fais se balancer fièrement le petit sac plastique contenant mes achats de la pharmacie, comme s'il s'agissait d'un exploit que d'être parvenue à les acquérir. 

-Toute une semaine, hein? Murmurais-je, plus pour moi même que pour n'importe qui d'autre - étant donné, notamment, que j'étais toute seule. 

Je me sentais presque investie d'une force divine. La veille, je rampais plus bas que terre, et maintenant, j'étais capable de... faire un aller retour à la pharmacie au coin de la rue. Bon. Ça ne semblait certes pas être un exploit, en effet. Mais pour moi, ça l'était! Malgré ma respiration sifflante, les grosses gouttes de sueur luisant sur mon front, le tremblement des mes jambes, et le point douloureux dans ma poitrine... je les avais. Ces fichus médocs. Et maintenant, 24h pour se soigner. 

Je ne suis pas complètement stupide non plus, je n'ai pas fais des études dans les sciences pour rien. Je sais bien que le dosage est important, et qu'un médicament n'est pas un petit bonbon que l'on fait croquer sous la dent parce que ça a bon goût. Je sais aussi qu'il faut le temps qu'il faut pour que le corps se soigne. Mais j'étais particulièrement encouragée par cet exploit, et l'impression d'être particulièrement bien reposée après la nuit que j'avais passée. Je tremblais encore un peu, et alors? Le doliprane était sensé faire passer la fièvre. J'avalais le comprimé sans une hésitation. Mal à la gorge? Aucun soucis. Le sirop était bien là pour ça. J'en avalais une large cuillère à soupe, histoire de m'assurer qu'il fasse effet, et au plus vite. Je ne comptais pas devoir tousser pendant la moitié du temps qui m'était imparti le lendemain. J'avais même pris la pommade antibiotique, le désinfectant et quelques compresses pour traiter cet ongle incarné. On ne pouvait pas vraiment dire que je ne suivais pas les recommandations, au contraire... 

Je m'assis même à mon bureau pour faire face à mon ordinateur. J'avais la motivation. J'avais même un peu d'inspiration. Sans attendre un instant, je me replongeais dans l'écriture de mon roman. Cela m'avait tant manqué durant ces jours à préparer l'audition, puis à être alitée... j'aurai pu réviser une énième fois, mais je considérais que c'était assez. Le professer Auquebert m'avait prévenue que j'allais finir par m'abîmer la santé, et c'était peut être ce que j'avais fini par faire. Je n'allais pas prendre le risque la veille de mon passage; je comptais bien profiter de ma journée pour me reposer, me soigner, et me détendre un peu, avant le grand jour. Au moins, j'aurai écouté la partie "repos" des préconisations de cette chère docteure. 

Je restais ainsi quelques heures à écrire frénétiquement sur mon claviers sans trop porter attention à mon environnement, interrompue de temps à autre par une quinte de toux que je tentais de faire passer par des cuillères à soupe de sirop. Eventuellement, la matinée se termina, et l'après midi fut bien engagée, lorsque je reçut un message sur discord. 

Thibault: Prête pour demain? 

Thibault, mon meilleur ami. Je ne pu m'empêcher de sourire en l'imaginant tout fier devant son écran, de s'être rappelé du jour de mon passage. Notre troisième compère, Matthias, lui, l'avait très probablement oublié. 

Moi: Et comment! 

Thibault: Stressée?

Moi: Forcément un peu. 

Thibault: Petit verre pour oublier ce soir? 

Moi: Je sais pas si c'est une bonne idée la veille de mon audition.

Thibault: Mais je sais que c'est une excellente idée pour décompresser.

J'hésitais. Aller boire un petit coup était dans nos habitudes. Nous nous donnions rendez vous au Boucanier, un petit bar pas trop connu en centre de Strasbourg où nous étions tranquille. Ce n'était pas des grosses soirées beuveries, juste de moments sympathiques passés entre amis autour d'une bière, voir de quelques shot de rhum... Mais, quand bien même j'avais déjà désobéi à mes recommandations, peut être que sortir restait un peu trop... peut être étais-je contagieuse, après tout. Je pouvais toujours porter un masque, mais pas quand il faudrait boire... et je n'avais même pas prévenu mes deux amis que j'étais malade, et devoir leur expliquer maintenant, c'était devoir subir leur question sur pourquoi je ne leur en avais pas parlé plus tôt - questions peut être légitimes, mais auxquelles je n'avais pas la patience de répondre. 

Allo docteure?Where stories live. Discover now