Chapitre 5

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Samedi 25 juin, 10h30, Chambre d'hôpital

Mon regard se détourna de la fenêtre que je fixais depuis... depuis beaucoup trop longtemps, probablement. Je n'avais pas vraiment compté. Mais on perdait facilement le fil du temps, dans cette foutue chambre d'hôpital. La preuve, la seule chose qui m'arrachait à l'admiration des branches d'arbres se mouvant de l'autre côté de l'écran de verre fut le bruit d'une porte se fermant. C'est dans cette direction que je tournai le regard.

Je n'aimais pas cet endroit. Qui aime les hopitaux, déjà? C'est moche, ça sent le détergeant et la mort, la nourriture est à se tailler les veines, et on y est rarement pour de bonnes choses. Ce qui était évidemment également mon cas... mais bon, je ne vois pas trop comment une simple infection virale avait pu m'amener au bord de l'inconscience durant le trajet entre le hall des sciences et l'hôpital, la veille. Les quelques tests qu'on avait pu me faire effectuer devaient continuer ce jour là, une fois que j'étais un peu plus reposée, et j'imaginais que c'était de cela qu'il s'agissait.

L'homme qui venait de pénétrer dans ma chambre était de toute évidence un médecin, au vu de la blouse blanche - quoiqu'il aurait peut être pu être infirmier? Mais je ne savais pas vraiment s'il y avait une différence d'uniforme. Quoi qu'il en soit, il était plutôt jeune, probablement beau gosse, avec sa coupe en brosse qui retombait un peu, sa mâchoire carrée et virile rasée de prêt, et son expression souriante et chaleureuse. Ce qui me donna espoir de ne pas tomber sur un connard, le genre qui s'amusent à me mégenrer tout en s'imaginant que ça m'amuse... mais bon, ce n'était pas parce qu'il devait faire tourner la tête de toutes ses clientes qu'il était quelqu'un de sympa, alors je restais sur mes gardes. 

-Bonjour, Lili. Commença-t-il avec un grand sourire qui m'ôté immédiatement un poids des épaules. Comment s'est passé ta nuit? 

Je haussais les épaules.

-Pas trop mal.

-Donc j'imagine que ce n'était pas incroyable non plus. Fit-il remarquer.

Je ne savais pas vraiment s'il plaisantait ou s'il était déçu.

-C'est pas un hôtel, en même temps... 

Il acquiesça, mais ne rajouta rien, promenant son regard sur le dossier qu'il tenait à la main. Je n'avais eu affaire qu'à Roman, la veille, du moins durant les moments où j'étais à peu près consciente. J'avais fini par comprendre qu'elle devait bosser ici. Je l'avais plutôt imaginée en cabinet, pour une raison qui m'échappait. Peut être l'impression qu'elle avait beaucoup de temps à perdre... Mais cet homme était donc à peu près le premier médecin autre que ma fameuse stalkeuse avec qui j'avais une vraie discussion. Je regardais le badge qui ornait sa poitrine. "Dr. J. Fort". Au moins le nom était évocateur. Je n'eu pas besoin de chercher si je devais dire quoi que ce soit, puisque ce fut lui qui reprit.

-Je suis le docteur Jonathan Fort, je vais m'occuper d'être ton référent durant ton séjour ici. Bon, je vois que tu as déjà subi quelques tests hier... comment tu te sens? 

-Hm... bien?

-Et pour de vrai?

-J'ai un peu la tête dans le cul. Admis-je, me disant que je pouvais bien avoir un ton aussi familier avec un docteur aussi jeune - je ne l'aurai pas osé avec qui que ce soit ayant l'air plus âgé, ou avec la docteure Roman. 

-Toujours de la fièvre?

-Oui. J'ai... assez froid. Dis-je. 

-Je demanderai à ce qu'on te fasse parvenir de plus grosses couvertures, lorsque les draps seront changés. Rien d'autre? Toux, douleurs, difficultés à respirer...

Allo docteure?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant