Chapitre 16

667 64 15
                                    

Samedi 16 juillet, 14h30, Appartement de Sara et Jelila

-Bon... eh bien, nous sommes tous là...

La voix de Jonathan se voulait joyeuse et détendue. Mais l'illusion était loin d'être parfaite... et difficile de lui en vouloir. J'étais moi même tendue comme la corde d'un arc, assise, droite comme un i, sur le canapé de l'appartement de Sara et Jelila. Chacune d'elles était assise, l'expression renfrognée, de part et d'autre de la pièce. C'était à peine si elles avaient échangé un regard. J'aurai bien soupiré à leur comportement, mais j'étais bien trop stressée pour ça; c'est à peine si j'osai respirer. En cet instant, je regrettais beaucoup d'avoir cédé à la demande de Sara de revenir à l'appartement... mais il fallait mettre les choses à plat. Et discuter. 

Ce qui ne voulait pas dire que ça allait être facile. Et ni Sara, ni Jelila, ne semblaient prêtes à faciliter la tâche. 

Ce fut finalement Jonathan qui laissa échapper le soupire que je n'osais pas pousser.

-Bon, on ne va pas rester là toute la journée non plus. Vous avez des griefs, alors exposez les, et tentez de les régler.

-A quoi bon? Lança Jelila. Si elle est là, c'est bien que Sara n'a rien compris à ce que je lui reproche. 

Elle avait dit cela en me montrant du doigt... ça commençait mal.

-Qu'est ce que tu peux être... commença Sara, avant de s'interrompre en se massant la tempe. Très bien. Je m'excuse de ne pas t'avoir parlé du trajet pour emmener Lili plus tôt. Et de ne pas t'avoir consultée avant de prendre ma décision. 

-Ah, on avance. S'exclama Jonathan, ce qui lui valut un regard noir de Sara.

Jelila sembla elle même autant surprise qu'un peu mal à l'aise en recevant les excuses de sa petite amie. Et de même pour moi. Têtue comme elle était, je n'aurai pas pensé que Sara serait la première à s'excuser, quand bien même une partie de notre deal était qu'elle devait tenter de réparer les choses avec Jelila. 

-C'est tellement plus que cette histoire de voyage... finit par dire Jelila. C'est la façon dont tu l'as amenée chez nous... la façon dont vous interagissez dont vous vous comprenez. Comment tu veux que je ne me sente pas... mise à l'écart? 

-Jel, le fait que Lili et moi ayons des centres d'intérêt en commun est la raison pour laquelle nous sommes amies. Répondit Sara. Et le fait que toi et moi soyons si différentes est la raison pour laquelle je t'aime. Je n'ai jamais cherché à te mettre à l'écart, et... je m'excuse si c'est ainsi que tu l'as ressenti. 

Jelila déglutit, en hochant la tête longuement, fixant sa petite amie en détail. J'avais la sensation que ma présence était un peu de trop, mais il était un peu tard pour partir... Finalement, l'enseignante reprit la parole.

-J'accepte tes excuses. Et... je... m'excuse à mon tour, pour tout ce que j'ai dit. Je... ne le pensais pas vraiment, mais j'étais... frustrée, et énervée, et... tu sais que mes mots ont tendance à dépasser ma pensée quand je suis ainsi. 

-Oui, je le sais plus que bien. Sourit Sara avec amusement. 

-C'est que nous passons déjà si peu de temps ensemble, avec ton travail... soupira Jelila. Et maintenant, à chaque fois, il y avait Lili avec nous. J'ai eu l'impression que nous ne pouvions plus juste... profiter l'une de l'autre.

-Ce n'est que temporaire, Jel.

-Je sais, je sais. Soupira-t-elle. Mais ma patience n'est pas... enfin, tu me connais, moi et mes défauts...

-Tu es un peu sanguine, c'est vrai.

-C'est le mot. Sourit Jelila, avec un souffle amusé. 

-Et j'aimerai juste que... tu me fasse confiance, Jel. Ajouta Sara. Se sentir doutée, ainsi, après tant d'année de relation, ça... ça fait mal. 

Allo docteure?Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon