Chapitre 15

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Vendredi 15 juillet, 7h30, Chambre d'hôpital

Le bruit lointain d'une poignée de porte. Le bruissement d'une étoffe toute proche. L'affaissement du matelas sur lequel je reposais. Et une voix. Familière. Réconfortante. 

-Debout, Lili. 

Je gémis de protestation, et tentai de m'enfoncer un peu plus profondément sous les draps. Mais Sara n'était pas de cette avis.

-Je te laisse dormir après. Insista-t-elle. Montre moi juste ta bouille. 

Trop groggy pour vraiment pouvoir lui résister, je sentis les deux mains brûlantes se poser sur mes joues pour me forcer à la regarder. 

-Bonjour, Sara... fis-je d'une voix endormie.

Mais son expression semblait plus préoccupée qu'autre chose. 

-Tu n'as pas beaucoup dormi, cette nuit.

Ce n'était pas une question, mais une déclaration. Et je savais que lui mentir n'était pas la meilleur des idées en cet instant. 

-Mmm... pas trop, non. Murmurai-je en tentant de m'étirer. 

Une ride inquiète se forma entre ses magnifiques sourcils. 

-Je t'avais dit de m'appeler si tu faisais une...

-J'ai juste mal dormi, Sara. Grommelai-je. C'est toujours comme ça, la première nuit à un endroit. 

-Ne me prends pas pour une gourde, Lili. 

-Une jolie gourde. Pouffai-je, pas encore complètement sortie du pays des songes. 

Elle soupira, mais me laissa finalement aller. Ma tête retomba lourdement sur l'oreiller, et je me rendormis si vite que je ne pourrai dire si la sensation de sa main dans mes cheveux provenait ou non de mes rêves. 

Je dois admettre que j'avais honte de lui avoir menti de nouveau. Je n'avais pas juste mal dormi. J'avais passé une nuit horrible. Je trouvais l'endroit presque plus oppressant que lors de mon premier séjour, et c'était dire. Pourtant la fièvre ne me tourmentait même pas... ce qui n'empêchait pas mon esprit de paniquer sans la moindre raison. Mais je m'étais - un peu - préparée, et avais lu quelques méthodes de relaxation à effectuer lors d'une crise de panique. Très utile, en l'occurrence. Je n'avais pas regretté d'avoir visionné ces vidéos et mis en pratique leurs enseignements. La fatigue accumulée de la veille avait fini par aider également, mais le tout me laissait tout de même un goût amer dans la bouche. J'allais devoir passer une semaine ainsi? Sans compter mon hospitalisation à Montpellier pour mon opération? Sans même parler du fait que je mourrai de manque de sommeil avant la fin du mois, la question était surtout de ne pas pouvoir le cacher bien longtemps à Sara. Elle était passée immédiatement lors de son arrivée à l'hôpital, et semblait déjà ne pas être dupe... savoir qu'elle allait être de garde la nuit suivante n'arrangeait pas mon cas. A ce rythme, je n'allais pas passer plus de deux nuits ici avant d'être forcée à retourner à l'appartement de Sara et Jelila, ce qui réduirait tous les efforts de diplomatie à néant. 

Je dormis une bonne partie de la matinée, rattrapant autant que possible le sommeil que je n'avais trouvé la nuit. Je fus tout de même tirée du lit lorsque la lumière du jour et l'activité frénétique qui commençait à prendre place dans les couloirs de l'hôpital ne put me permettre de continuer mon somme en toute quiétude. Machinalement, j'ouvris mon ordinateur, bénissant le travail qui devait trop déborder Sara pour qu'elle ait le temps de venir m'interroger. Une notification discord attira immédiatement mon regard, et je grimaçai légèrement. 

Thibault: Motivée pour un verre ce soir, ou tu te débine encore? 

Je culpabilisai beaucoup de n'avoir encore pas expliqué ce qu'il se passait à mes deux comparses. J'avais repoussé l'échéance, me justifiant de leur travail, ou du fait de ne pas vouloir les ennuyer. En réalité, j'avais surtout rejeté la question à plus tard, trop perdue dans mon petit monde pour m'occuper du reste. Ce qui était souvent mon cas, Thibault et Mathias n'étaient pas étonnés de la chose. Mais peut être que mes refus répétés de sortir boire un verre, quand bien même j'étais généralement facilement partante pour le faire, allaient finir par leur mettre la puce à l'oreille. Et je tenais beaucoup trop à eux pour les garder dans le flou éternellement. Peut être que si ma condition s'était améliorée plus vite, je m'en serai tirée sans avoir à évoquer la question, mais il apparaissait de plus en plus évident que ça n'allait pas être une option. 

Allo docteure?Where stories live. Discover now