sirène

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où celui qui parle à la mer le matin
comme à une femme qui lui appartient.

l'ombre abattue sur l'océan siffle, frappant contre le sable aride,
azure fantôme de toutes ces choses qu’on avait à se dire.
brisé et affligé, j’ai déposé le reste de ces quelques os,
souvenirs de ces horizons de reflets pâles, aux creux de tes côtes.
lacustres au demeurant, une infame lamproie emprise de moi,
quand le vent souffle, je n'ai été amoureux que de l'idée de toi.

m'échouant sur la plage, silence abyssal, j’y suis resté coincé,
eau troublée, puis je regarde les cristaux de sel sur ma peau sécher.
enviant la façade obscure d'où le bleu ciel n'est qu'un souvenir,
où les ruines de nos esprits en larmes n’ont su s’ensevelir.
sous les abysses, là où le lointain bleu n'est plus vraiment nébuleux,
je tombe à genoux face à la mer, absorbé par le fond de ces yeux.

plongée insupportable, la démence me noie pour m'en délivrer,
l'azote chasse au plus profond ce pourquoi je me bat pour remonter.
quand, le cœur meurtri, fatigué de voir la complexité de la mer,
narcose hydrophile que ne peut qu’humer dans le fond de mon verre.
effleurer cet idéal aqueux presque impossible à toucher du doigt,
à moitié alcoolisé, divaguant, l'esprit croqué par les baudroies.

bohème océanique dans l'euphorie, ivresse des profondeurs,
quand je me vois tomber dans une spirale, douloureuse stupeur.
au creux de mes mains, je bois les nuages, y esquissant ton visage,
portrait mélancolique et doux-amer, lentement quittant le rivage.
puis j'ai creusé la terre à la recherche de l'infime essentiel,
seulement me hante et noie, cette vision de tes yeux couleur ciel.

oblivionWhere stories live. Discover now