paradis perdu

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je m'en irai filer vers les abysses et déraciner les lavandes,
à bord d'un bateau qui flotte sans quelconque direction où se pendre.
puis brouillant mon reflet sur un miroir de nuage, doublure d'argent,
entre le ciel et quelques mers devenues floues à l'aveugle naviguant.

caché dans l'ombre j'irai voler les catacombes de l'imaginaire,
et dérober quelques os, viscères déchiquetées et débris de chairs,
pris d'un corps vide lancinant, enchainé entre le drame et la verdure,
pour contempler un ciel, d'où les nuages ne pleurent plus que du cyanure.

puis le vent berce le silence, éolienne de mon cœur sans famille,
sculpte douce brise douce amère, sur la mer de mon corps apatride,
entre le sel et la diamorphine, orage et je ne brûle tes yeux,
que d'embruns et de marécages de ce sans fond de souvenirs brumeux.

oublié des rêves, loin perché d'où les champs s'entremêlent aux brouillards,
comme des souliers sur le bord du chemin, se détachant de ton regard.
irrassasié de tes poumons échus, anges déchus, cris endiablés,
je t'attendrais là bas, où s'arrête les dunes, sabliers ensablés.

le prochain nuage qui passe, envahit le vase brisé que j'entaille,
miroir sans ombre de fleurs abandonnées, danse macabre en éventail;
maintient à peine la buée de mes larmes écrite contre la vitre,
une vulgaire ligne d'un poème oublié, parfum et couleur myrte.

surplus de fleurs écrasées, se craquellent faute de temps et de soleil,
en gigantesques bouquets de toi, ciel gris qui berce mes nuits sans sommeil.
face à ça, je me sens petit, vide, presque comme un coquillage creux,
âme penchée par la fenêtre, seule témoin de ce débris poreux.

l'eau se jette du rivage, revers de ma conscience bâillonnée,
entre nuage et brouillard, s'envole en fumées toute la fin de l'été,
ainsi, survolant l'essence de rien, j'hume tout ce qui m'est superflu,
cependant j'espère encore y trouver un reste d'anarchie révolue.

oblivionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant