Chapitre 13

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Ben

Alors que je croyais tout le monde encore au lit, je suis surpris de trouver Flavie dans la cuisine, occupée à faire de la pâtisserie. Je m'appuie contre le plan de travail à côté d'elle, et me frotte le visage pour émerger. Bras croisés, je regarde au loin par la fenêtre, l'esprit complètement vide pour la première fois depuis longtemps. Flavie capte mon attention en plongeant sa main dans le paquet de farine pour m'en envoyer une pincée au visage. Surpris, je me tourne vers elle et perçois le sourire espiègle qu'elle peine à retenir.

J'hésite une seconde puis fonce finalement à mon tour sur le paquet de farine. Elle comprend un peu trop tard mon plan machiavélique mais tente tout de même d'atteindre le paquet avant moi.

Plus rapide qu'elle, j'y plonge la main et en ressort une grosse poignée que j'envoie dans sa direction en rigolant. Elle se protège comme elle peut en faisant barrière avec ses mains dans un petit cri extrêmement mignon. Elle cherche une solution de repli sur le plan de travail et attrape le bol rempli d'un mélange de sucre et de farine avec un sourire diabolique. Elle y prend une pleine poignée et me l'envoie mais je parviens à l'éviter. Alors que je prépare ma contre-attaque, elle s'enfuit dans le jardin, avec pour seule arme son bol presque vide. Je la course avec le paquet de farine, elle fait volte-face et me balance tant bien que mal le contenu du bol avant de le laisse tomber au sol. Maintenant désarmée, elle part en courant tout en poussant de petits cris aigus traduisant à quel point ce jeu l'amuse. Je la rattrape en quelques enjambées et lui vide le paquet de farine sur la tête. Elle explose de rire et se frotte les cheveux avant de redresser la tête, rouge comme une tomate. Essoufflée par notre course et son fou rire, elle me donne un coup de coude dans les côtes, comme une ultime attaque pour avoir le dernier mot.

- C'est toi qui as commencé, il ne fallait pas me chercher, lui dis-je amusé.

- J'essayerai de m'en souvenir, rétorque-t-elle d'un air entendu avant de retourner à l'intérieur pour se débarbouiller.

Un sourire idiot collé aux lèvres, je la regarde s'éloigner, impatient de goûter à sa revanche.

***

Ce soir, nous sortons en boîte de nuit. Ce n'est pas ce que je préfère, mais la majorité a voté pour ce programme alors je m'y plie sans broncher. Ma chemise et mon jean enfilés, je me rends au salon pour attendre les autres. Je trouve Romain les yeux fermés, allongé sur le canapé avec une main posée sur son front.

- Ça ne va pas ? le questionné-je.

- Non, j'ai mal à la tête. Je vais rester ici.

- Tu veux que je reste avec toi ? proposé-je avec le soudain espoir d'éviter cette sortie en boîte de nuit.

- Et laisser Jimmy avec ma sœur sans surveillance ? Certainement pas, me recadre-t-il. J'ai aucune confiance en lui. Je compte sur toi pour prendre soin d'elle en mon absence, me missionne-t-il.

Alors que je devrais être fier, je suppose, de la confiance qu'il place en moi, je me retrouve un peu nerveux. J'acquiesce et me renfonce dans le canapé à côté du sien. Quelques minutes plus tard, Flavie apparaît, ses courbes moulées dans un jean slim noir huilé et un débardeur assorti. Ses cheveux sont lissés, lui donnant l'air un peu plus âgée que ce qu'elle n'est. Avec ses nu-pieds à talons, la vision d'ensemble la rend très femme. Mon cœur effectue une petite cavalcade lorsqu'elle pose ses yeux maquillés sur moi et je déglutis en repensant à la mission que son frère vient tout juste de me confier.

Arrivés sur place, le parking rempli de voitures annonce la couleur. Composée d'une grande salle principale où se situent plusieurs bars, la boîte de nuit offre un accès à d'autres petites salles à thème accessibles depuis le hall principal. Des tables avec banquettes sont disposées sur l'étage qui offre une vue plongeante sur la piste de danse.

Les filles se dirigent sur la piste pendant que je pars à la recherche d'une table avec Jimmy.

Une fois installés, je les cherche du regard en contrebas et les repère après quelques secondes. Alors que nous passons commande, Jimmy engage la conversation :

- Tu as le droit de décoller tes yeux de la piste, tu n'es pas leur chien de garde tu sais ? me taquine-t-il.

Je hausse les épaules, peu désireux d'approfondir le sujet avec lui, et reporte mon attention sur les filles. Je m'aperçois qu'elles n'y sont plus puis je repère Flavie qui arrive droit sur nous.

Je ne suis pas sans remarquer le regard envieux de l'un de nos voisins de table que je m'empresse de fusiller du regard pour lui passer l'envie de venir me gâcher la soirée.

- J'ai déjà soif, annonce-t-elle en se ventilant avec une main en guise d'éventail.

La serveuse dépose nos verres et Flavie vide le sien en quelques secondes. Elle retourne aussi vite sur la piste de danse. Je l'observe de loin, désireux de la laisser s'amuser avec Jane.

Elle s'enfonce dans la foule à la recherche de sa belle-sœur mais semble ne pas la voir d'où elle est. Alors qu'elle se redresse sur la pointe des pieds, un homme vient se coller dans son dos. Elle plaque sa main sur le bras qui encercle son ventre et semble vouloir le repousser sans y parvenir. Le cœur battant, je me redresse pour avoir un meilleur angle de vue. L'homme l'attire de force en dehors de la piste alors qu'elle lui tape presque dessus. Sans réfléchir, je fonce pour la rejoindre. Je maudis cette boîte de nuit pleine à craquer, freinant mon avancée jusqu'à Flavie. Je joue des coudes pour la rejoindre plus vite et je finis par les repérer dans le hall. Alors que j'arrive enfin à leur niveau, l'inconnu ne la touche plus et j'entends Flavie s'emporter :

- Comment tu m'as trouvée ?! T'as un sérieux problème Rémi, tu as dépassé les bornes !

J'hésite à intervenir, pour mettre à exécution ma menace faite quelques jours plus tôt. Mais je ne crois pas que Flavie apprécierait que je me montre violent, d'autant qu'elle semble finalement maîtriser la situation.

- Je te préviens Rémi, c'est la dernière fois que tu me vois. Si tu me contactes encore, ou que tu t'avises de m'approcher, j'irai voir la police.

Sans attendre de réponse, elle se retourne et s'aperçoit de ma présence. Fonçant tout droit vers moi, elle attrape ma main et m'emmène avec elle dans l'une des petites salles de la boîte de nuit.

L'ambiance y est plus tamisée et moins assourdissante, me convenant davantage. Flavie lâche ma main, à mon grand regret, et s'installe sur l'un des tabourets qui longent le bar où je prends place à côté d'elle.

Elle pose ses coudes sur le bar pour plaquer sa tête dans ses mains. Je pose une main amicale sur son épaule, lui laissant le temps de se remettre de ses émotions. Je ressens alors à quel point elle tremble, encore sous l'effet de la colère et certainement de la peur.

- Merci, finit-elle par me dire dans un soupir de soulagement.

- De quoi ? Je n'ai rien fait, m'étonné-je.

- Justement, merci de ne pas t'en être mêlé. Je crois que j'avais besoin de régler ça moi-même.

J'acquiesce, compréhensif et content d'avoir pris la bonne décision.

- Tu veux rentrer ? lui proposé-je.

- Oui s'il te plaît.

L'ambiance qui règne dans la voiture est assez chargée. Jane et Jimmy ont suivi le mouvement sans comprendre pourquoi nous devions partir si soudainement. Pour autant, aucun des deux ne s'avise à poser des questions. Arrivés à la maison, Flavie fonce à la salle de bain qui se situe à l'étage. En rejoignant ma chambre, j'entends le jet d'eau de la douche et espère secrètement que cela suffira à effacer les marques invisibles que Rémi a laissé sur elle.

À deux pas de chez toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant