Chapitre 1 - Je suis ce que je choisis d'être

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Léonie

Si on devait me qualifier d'un adjectif, ce serait sûrement « extravertie ». Peut-être même un brin excentrique. Faut dire que mon apparence ne laisse pas l'option d'un autre choix.

Je suis une artiste dans l'âme même si je le montre pour l'instant qu'à travers les diverses teintures que je fais à mes cheveux. Le mois dernier, ils étaient d'un bleu électrique en accord avec le bleu/gris de mes yeux. Hier soir, pour ce nouveau mois - de rentrée qui plus est - je les ai teintés d'un violet magenta. Une des couleurs que je préfère.

Mes écouteurs dans les oreilles où le chanteur Yungblud crache les paroles de la chanson Parents, quand arrive le moment du refrain et de la phrase que je préfère, je ne peux m'empêcher de chanter à tue-tête dans la rue :

– 'Cause parents ain't always right ! je crie alors qu'une mère avec son fils passe à côté de moi. La mère, une femme d'un âge avancé et aux cheveux coupé courts blonds, me jette un regard courroucé et s'empresse de s'éloigner alors que son fils me regarde d'un œil plutôt curieux. Toujours dans mon délire, j'offre un sourire au gamin qui me le rend avec cette innocence qui est propre aux enfants. Et qu'on leur envie quelques fois.

Je rejette mes cheveux sur les côtés, dégage une mèche violette de devant mes yeux et poursuis ma route, toujours accompagné de mon artiste favori.

Et c'est une fois arrivé devant mon lycée pour la dernière année, que je me rends compte que j'ai oublié une chose fondamentale...

Trop tard, je me dis en avançant la tête haute dans le bâtiment qui m'est inconnu sous les regards épieurs de ces élèves que je ne connais pas non plus. Et bien que je le cache, l'angoisse commence à monter en moi et le pire, c'est que je ne peux même pas me fondre dans la masse entre ma chevelure à la couleur éclatante de l'arc en ciel et mes vêtements qui détonnent comparé à l'uniforme réglementaire d'un bleu marine que tout le monde semble arborer avec fierté.

Je fais tâche avec mon jean boyfriend troué, mes guêtres en résilles sur les bras et mon tee-shirt aux tâches multicolores, à se demander si je ne suis pas tombé dans une piscine de peinture...

Mon Dieu... Je m'oblige à ne rien laisser paraître, mettant un pied devant l'autre en tentant d'évincer les murmures sur mon passage. Je leurs lance à tous un sourire révélant mes dents et pousse le vice plus loin en levant la main comme si j'étais la reine d'Angleterre qui salue ses sujets.

– Salut les gars ! Je suis canon, je sais, je lance d'une voix joyeuse et d'une démarche arrogante.

Ce que je ne suis pas du tout mais hors de question de révéler mes failles dès le premier jour pour me faire bouffer par ces requins en manque de potins.

Les chaînettes accrochées aux passants de mon jean cliquettent à chacun de mes pas et mes boots noires grincent contre le lino impeccable du bahut.

J'inspire et expire plusieurs fois, agissant comme si j'étais la nana la plus sereine du monde, jusqu'à que je finisse par un hasard - qui me fait remercier le seigneur et Satan en personne - de trouver la porte du directeur ou de la directrice.

– Mademoiselle, je peux vous aider ? m'intercepte alors une voix inconnue.

Je pivote sur mes talons et croise le regard d'une femme que je mettrais dans la quarantaine, qui rajuste ses lunettes sur son nez, ce qui me rappelle que j'ai oublié les miennes.

Super. J'esquisse un sourire tout en avançant vers le comptoir et répond donc à la secrétaire.

Je ne loupe pas le moment où elle fait glisser son regard sur ma tenue ni la grimace ainsi que le froncement de ses sourcils bruns en suivant.

LOVE NIGHT (TERMINÉE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant