Chapitre 61 - Un grand vide

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 Léonie

Les prochains jours défilent dans une lenteur de tortue me laissant indifférente. Mes larmes ont finis par se tarir en même temps que les visites. Après ma rupture avec Naël, plus personne – excepté les infirmiers et médecins - n'a ouvert la porte de cette chambre dans laquelle je passe mes journées et mes nuits. Si les deux premiers jours, ce constat m'a blessé à m'en vider encore les larmes de mon corps, maintenant, je ne ressens qu'une grande indifférence.

Et surtout un grand vide. Dans mon cœur. Mon organe qui paraît n'avoir rien eu est celui qui souffre le plus. Tellement que parfois, je me réveille en sursaut quand je m'endors avec la sensation d'étouffer. Et alors que j'ai tellement l'habitude de trouver mon demi-frère près de moi, ne voir que les fauteuils sans personne dedans ne fait qu'alimenter ce vide dans ma poitrine.

Alors c'est ça un chagrin d'amour ? Cette sensation qu'on est en train de t'arracher les organes un par un ? Plusieurs fois j'ai appelé Nathanaël et plusieurs fois je n'ai eu que la messagerie vocale pour réponse. Rien que de penser qu'il m'a littéralement abandonné me ramène des larmes que je pensais épuisé. Pourtant c'est moi qui aie choisi de mettre un terme à cette relation alors je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Néanmoins cela fait bien plus mal que je ne l'aurai pensé.

Mon cœur brisé et ses pensées chagrineuses sont interrompus par un toquement contre la porte. Je me replie dans mon lit, tournant le dos à cette porte qui est en train de s'ouvrir et à cette personne afin de lui dissimuler combien je suis meurtrie par l'absence de mon demi-frère.

– Bonjour, Léonie. Comment vas-tu aujourd'hui ?

Je reconnais la voix de Matthew et rien que le fait que ce soit le père de Naël qui soit venu me voir fait redoubler mes larmes.

C'était mon choix putain mais il me manque autant que l'oxygène que je peine tant à récupérer.

Comme je ne réponds pas, il contourne le lit et je n'aie plus moyen de cacher ma tristesse. La mine affligée de Matthew ne fait que me rendre plus pathétique que je ne le suis déjà et pourtant :

– Comment il va... ? je souffle.

Je suis irrécupérable. Ma première pensée va vers lui ainsi que ma dernière.

– Aussi dévasté que tu l'es, répond un Matthew navré.

Je détourne le regard, plus coupable que jamais.

– Il me manque...

– Tu lui manques aussi, Léo.

– Il ne faut pas, je murmure. Il doit m'oublier...

– Fais une croix dessus dans ce cas, soupire le doc. Parce que mon idiot de fils est juste derrière cette porte, Léonie. Il n'a pas quitté cet hôpital depuis que tu as été emmené ici. Que ce soit quand tu étais dans le coma ou comme maintenant réveillée. Il arbore l'expression dévasté d'un ado au cœur brisé sur sa chaise qui a attiré la compassion d'une patiente de plus de quatre-vingt ans ultra bavarde.

Dans la tirade de Matthew, je n'aie que retenu qu'une seule chose :

– Il... Il est ici ?

– Seigneur... T'as pas vraiment cru à ce qu'il t'a dit quand même ?

Je crois que mon regard répond pour moi car il marmonne dans sa barbe.

– Bon sang ! Léo, tu as juste à te lever et passer cette porte si tu veux le voir.

J'écarquille ouvertement les yeux.

– Je...

– Et si je serai toi je ne tarderai pas trop car sa nouvelle amie lui fait carrément du rentre dedans, ricane Matthew.

LOVE NIGHT (TERMINÉE)Where stories live. Discover now