Chapitre 13 - Cernée

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Léonie

A l'heure du déjeuner, j'ai évité la cantine, où tous les élèves se rassemblent et se retrouvent pour manger. Kaylee est partie après que je lui ai assuré en lui racontant un beau mensonge, mon attitude en classe, tout à l'heure.

Je ne crois pas qu'elle ait cru une seconde à mon histoire de « juste une vieille connaissance » mais tant pis. Pendant que tout le monde a déserté les couloirs, j'en profite pour essayer de me recentrer et recouvrer un calme qui ne veut pas revenir. J'ai la boule au ventre, de nouveau incapable de manger, pas même la pomme qui attend dans mon sac.

Je ne peux m'empêcher de me questionner sur ce qu'Aurélia a prévu pour me torturer ? Parce que c'est sûr qu'après qu'elle m'ait remarqué, elle n'en a pas fini avec moi. Si elle s'est assise derrière moi en classe de science, ce n'est certainement pas par le fruit du hasard. Aurélia ne fait jamais rien au hasard quand je suis concernée, je l'ai appris à mes dépends.

A Boston, elle a tout détruit. Autant ma relation avec mon groupe d'amis que ma réputation. Une fois seule, elle en a profité pour s'en prendre de plus en plus à moi, sachant que je n'avais plus personne sur qui je pouvais compter. Pendant les soirées auxquelles j'étais invité, j'ai rapidement compris - hélas trop tard - que ce n'était qu'un énième plan dans sa tête de tordue pour m'atteindre.

Bien évidemment, comme tous les harceleurs, Aurélia n'agissait pas seule. Elle était accompagnée de ses deux meilleures amies : Lolita et Yris.

– Les cheveux violets, c'est un nouveau délire dans ta tête de délurée ?

Je sursaute et me raidis sur le coup quand sa voix résonne sur ma droite. Un bref coup d'œil me suffit pour la voir adossée au mur, d'une attitude nonchalante mais que j'ai cessé de croire depuis longtemps.

Elle n'a pas changé. Toujours aussi belle, toujours aussi sûre d'elle.

– Fous moi la paix, Aurélia, je marmonne en prenant déjà la fuite.

Son rire mesquin me fait frémir d'anticipation.

– Incroyable ! Mais c'est qu'elle parle dis donc !

Je serre les dents, le corps tendu à m'en faire mal. Je veux la fuir, lui échapper plus que tout et pourtant, mes pieds demeurent pétrifiés dans ce foutu lino impeccable où je peux y voir mon reflet angoissé dedans.

Ses pas résonnent autour de moi, comme je sens sa présence intimidante rôder comme un prédateur ayant cerné sa proie.

Malheureusement, je ne suis pas dotée de quatre pattes pour détaler à toute vitesse. Juste de deux jambes qui restent désespérément immobile.

– Dis moi, elle susurre de sa voix venimeuse. Ça a quelle saveur l'eau de piscine ?

je vais mourir, est la première pensée qui fuse dans mon esprit aussitôt sa question posée loin d'être innocente.

Je déglutis puis soudainement, je relève la tête pour croiser son regard. Des yeux beaucoup trop verts pour une salope comme elle.

J'ai envie de crever ses foutus yeux intimidants. Elle ne les mérite pas.

– Si tu veux tant savoir, je rétorque et je peux voir la surprise figée un instant ses traits de me voir lui répondre, tu as qu'à tester par toi-même.

Son visage se ferme en suivant mon élan d'audace sortie de je ne sais où et sans que j'ai le temps de bondir pour me mettre en arrière, sa main percute déjà avec force mon visage. La douleur se fait sentir instantanément, et malgré que je serre les dents, les larmes me picotent les yeux.

LOVE NIGHT (TERMINÉE)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora