Chapitre 33 - Nouveau mois, nouvelle couleur

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Léonie

Ça fait plus d'une heure que je suis devant ce miroir à contempler en essayant de ne pas être dégoûté du reflet que me renvoie le miroir. La couleur violet du mois de septembre a fini par laisser place à la Nature qui reprend ses droits en m'imposant ce blanc comme la neige que sont mes cheveux. Je passe des doigts tremblants dans mes mèches qui glissent entre, et je prends l'ampleur d'à quel point ils ont poussé. Ils me frôlent les reins et je ne peux même pas aller chez le coiffeur parce que je refuse que d'autres personnes voient ou touchent ça.

Alors je tire le tiroir du meuble de la salle de bain et m'empare de la paire de ciseau qui s'y trouve. Je prends une profonde inspiration puis je coupe, coupe, coupe, coupe et coupe encore.

Des taches blanches recouvrent le sol à mes pieds, m'entourant par la même occasion. Cependant, je ne coupe pas beaucoup. J'ai toujours apprécié avoir les cheveux longs mais je veux juste les raccourcir. Quand je juge qu'ils m'arrivent au milieu du dos est parfait, je pose le ciseau sur le bord du lavabo.

Et encore une fois, je contemple mon reflet et cette foutue couleur qui m'a attiré tant de problèmes...

Quelle couleur vais-je bien pouvoir faire pour ce mois d'octobre ?

J'ai le choix entre du roux, du rouge ou bien du châtain... Je n'ai pas très envie de faire dans l'extravagance ce mois-ci. J'ai besoin de passer inaperçue, qu'on oublie que j'existe.

J'ai fait mon choix.

Nouveau mois, nouvelle couleur.

***

Je me suis fait porter pâle pour le dîner. Comme à chaque fois que je change de couleur de cheveux, j'ai besoin d'un temps pour m'y habituer et faire comme si tout allait bien. Alors qu'au fond, cacher celle que je suis vraiment me tue bien plus que je ne le laisse paraître.

Mais les gens sont incapables d'accepter une différence chez quelqu'un qui sort un tant soit peu de l'ordinaire et cette blancheur immaculée, symbole de la pureté est pour l'instant le symbole de ma déchéance.

De ma destruction.

Devant le miroir de ma chambre, j'observe la nouvelle apparence de mes cheveux d'un rouge aussi flamboyant que les flammes d'un incendie. Bien évidemment, cette couleur est loin de me faire passer inaperçue et j'ignore pourquoi j'ai fait ça mais ce qui est fait est fait, je ne peux pas revenir en arrière.

Un peu comme avec Nathanaël. Nous ne pouvons pas revenir en arrière mais je ne suis pas forcé de poursuivre dans cette voie dans laquelle nous avons dévié cette nuit. Un de nous doit reprendre le contrôle de cette situation et il semble que ce soit moi la plus raisonnable.

Pour autant, je me sens terriblement seule et vide quand il n'est pas là.

Dehors, la pluie frappe les carreaux de ma chambre dans un rythme à la fois ensorcelant et apaisant. Je me détourne de mon reflet et m'approche de la fenêtre que j'ouvre. J'avance sur le balcon et aussitôt que je suis à découvert, la pluie semble me souhaiter la bienvenue à ses réjouissances.

Je rejette la tête en arrière et me laisse tremper par cette eau qui, ce soir, semble être ma meilleure amie.

Mes yeux se ferment alors que mon corps fusionne pour ne former plus qu'un avec la météo prévue de ce soir.

– Flamme Ardente...

Je relève brusquement les paupières quand ces deux mots sont dits beaucoup trop proches de moi. Et pour cause, j'ai juste à pivoter légèrement la tête pour tomber dans les prunelles intenses de Naël.

LOVE NIGHT (TERMINÉE)Where stories live. Discover now