Chapitre 60 - Retour chez les vivants

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Léonie

Je lâche un léger soupir quand je suis enfin libéré de ce tube dans la gorge. L'infirmière me retire également le masque à oxygène étant donné que je suis capable de respirer par mes propres poumons.

Mais à présent, je ne sais plus quoi faire ou bien quoi dire.

Toutes ces paires d'yeux sur moi qu'elles soient des amis, la famille, je suis incapable de les affronter et faire face à l'acte que j'ai commis. Pour être franche, je ne sais même pas comment réagir en sachant que je ne me trouve pas dans l'au-delà mais encore dans ce monde et malheureusement vivante...

Tout le monde parle en même temps et je ne saisis pas un traître mot de ce qui se dit parce que toute mon attention est portée sur ma meilleure amie, en larmes où Shiro est en train de la soutenir tellement elle manque de souffle à son tour. Cette vision me comprime le cœur et je sens les larmes monter. Qu'est-ce que je pourrai dire qui pourrait la faire aller mieux ? Rien qui ne serait que des mensonges car j'aurai jamais voulu me réveiller. Un choix plus qu'égoïste mais j'en ai ras le bol de vivre ma vie. J'ai trop vu, trop subi dans une si courte existence pour vouloir encore croire à un semblant d'espoir. Pendant que j'étais dans le coma, j'entendais tout ce qu'il se disait autour de moi mais je ne voulais pas reprendre conscience et ouvrir les yeux. Pourtant, Nathanaël a su comment me faire réagir en provoquant ma jalousie et ma possessivité à son égard. C'était un coup de traître et je le déteste pour ça parce que maintenant, je dois affronter les réactions de mes proches, chose que je voulais éviter plus que tout.

– Allez-vous en... Tous...

Ma voix est pâteuse, éraillée d'être resté trop longtemps silencieuse et je me replie sur moi-même, tournant le dos à tout le monde et ferme les yeux. Des larmes s'échouent sur les oreillers alors que je pleure en silence. Pourquoi ? D'être toujours en vie ? De faire souffrir ceux que j'aime ? Ou de me détester moi-même ? Le silence s'installe dans cette chambre qui m'étouffe, uniquement brisé par les bip réguliers de l'électrocardiogramme. J'entends un reniflement, des chuchotements puis une porte qui se ferme. Je suis sur le point de soupirer de soulagement quand sa voix m'en empêche :

– Tu crois vraiment que ce sont les mots à dire après deux mois d'inquiétudes à ton sujet ? me reproche Nathanaël.

– Je ne vous aient rien demandés, je murmure assez fort pour qu'il m'entende.

Un juron fuse.

– Putain, tu te fous de ma gueule, Léonie ?

– Je ne vois pas en quoi.

– T'étais morte, Léonie ! Morte tu entends ça ? T'imagines pas la peur que tu nous as tous fait !

– Et vous auriez dû me laisser là-bas. Je voulais mourir putain, c'était pas assez clair ?! je m'agace à mon tour.

Silence. Et puis :

– Pourquoi ? Putain, je pensais que t'allais mieux. On le pensait tous...

Je ravale mes sanglots et lui fait face. Son visage ravagé par le chagrin que je lui cause me terrasse.

– Penser et l'être sont deux choses différentes. Certes, j'allais mieux mais je suis addicte. Malade. J'aurai tôt ou tard fini par rechuter parce que c'est que je sais faire de mieux. Me faire du mal pour ne plus rien ressentir.

– Alors c'est ça, tu préfères baisser les armes que de continuer à te battre ? Peut-être qu'ils ont tous raisons finalement ; t'es une lâche Léonie Style. T'as voulu partir sans dire un mot à personne pour ne pas avoir à affronter les conséquences de ton acte qui aurait pu être irréversible. Tu n'as penser qu'à toi sans penser à ta famille, à tes amis et... A moi.

Son ton baisse sur ses deux derniers mots et je sens mon cœur se briser. Autant par ce qu'il vient de dire que par la vérité. Je l'observe à travers le flou de mes larmes qui me brouille la vue et déforme ce garçon que j'ai blessé plus que n'importe qui.

Au final, c'était peut-être ce qui devait se passer dès le début. Blesser l'autre pour que nos deux chemins se séparent. Ca me tue mais Nathanaël mérite une personne bien meilleure que je ne pourrai jamais l'être pour lui.

Il m'a apporté beaucoup plus que quiconque ne l'aura jamais fait mais moi, tout ce que je lui ai apporté sont mes malheurs, mes problèmes et je n'ai fait que le blesser en commettant l'acte le plus impardonnable. Et bien qu'il pense le contraire, ma dernière pensée a été pour lui. Je mérite pas de trouver l'amour, faudrait déjà pour ça que je m'accepte moi-même et c'est une chose qui n'arrivera jamais tant que j'aurai toujours le désir de quitter ce monde.

– Il y a un proverbe qui dit : quand on aime quelqu'un, nous devons le laisser partir. Et c'est ce que je vais faire. Je t'aime Nathanaël mais toi et moi ça ne sera jamais possible. Tu mérites mieux qu'une personne toxique et addicte dans ta vie. Je te serai éternellement reconnaissante pour tout ce que tu m'as apporté, tous ces moments de bonheurs, nos nuits à deux et nos fous rires... (Je renifle, alors que ma voix s'éteint de plus en plus, devenant dans l'incapacité de parler tellement faire ça me brise dix fois plus) mais nous deux ça auraient seulement dû rester une relation fraternelle et jamais devenir des amants secrets. Mais on ne choisit pas de qui on tombe amoureux... Pour autant...

– Pour autant ça s'arrête là, termine-t-il d'une voix rauque en restant debout devant moi, avec son cœur que je viens de briser voire même de piétiner.

J'étouffe mes sanglots en mordant avec force l'intérieur de ma joue et hoche la tête. Il baisse la sienne puis la relève avec un air résigné qui me donne envie d'hurler.

– Tu veux savoir une chose ? Le pire c'est pas que tu mettes fin à ce qu'on a qui me fait le plus mal, c'est cette façon que tu as de te rabaisser et de te résumer à une personne malade et qui par conséquent ne procurera jamais de bonheur à quiconque mais tu as tort, Picasso. Tu as toujours eu tort en concernant tout ça. T'es bien plus qu'une personne malade, addicte ou brisée. Et tu as su rendre des gens heureux car tu m'as rendu heureux rien que par ta présence. La preuve, comme le couillon que j'ai été, je suis tombé amoureux de toi, telle que tu es alors que tu commençais tout juste à te révéler en celle que tu as toujours été. Mais tant que tu n'en prendras pas toi-même conscience, tant que tu continueras à foutre un mur géant entre toi et le monde, tu ne le verras jamais. Et au fond, c'est ça qui me rend le plus triste. Comme je t'ai dit, j'attendrai le temps qu'il te faudra mais je n'attendrai pas éternellement. Alors un conseil, Léonie ; réveille-toi avant de nous perdre et de perdre ceux qui ne cessent de te tendre la main. Avant de te retrouver définitivement seule comme quand tu as cru l'être toute ta vie.

Il avance de quelques pas et je tressaille subitement avant que je ne sente ses lèvres se poser sur mon front.

– Réagis, princesse. Réagis, assume et vis. Mais surtout, ouvre les yeux, relève la tête et voit ce monde qui n'attend que toi.

Ses lèvres quittent mon front et son corps s'éloigne, emportant dans son sillage son odeur. Quand la porte se ferme dans son dos, j'éclate en sanglot dans cette chambre blanche vide et plus seule que jamais.

C'était ce que je voulais alors pourquoi j'ai la sensation qu'on m'éviscère de l'intérieur ? 

🤍🤍🤍🤍

Avant de venir me passer un savon royal, je tiens à vous dire que j'ai écris ce chapitre avec une vue plus que floue. Donc moi aussi j'ai chialé comme pas possible. Brefff désolé pour ça !!!

Dites moi ce que vous en pensez et n'oubliez pas de voter !

À très vite pour la suite !

Xoxo 🦋

LOVE NIGHT (TERMINÉE)Where stories live. Discover now