Chapitre 29 - Protège moi des démons de la nuit

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Léonie

C'est à présent réchauffé qu'avec Nathanaël, nous nous retrouvons autour de la table avec Elia et ma mère. Cette dernière pose le plat de pâte carbonara devant nous et j'entends mon estomac gronder à sa vue. Je n'attends pas une minute de plus et me sers une assiette, ne lésinant pas sur la quantité. J'ai la dalle. Cette journée m'a donné de l'appétit.

J'enfourne une fourchette pleine dans ma bouche et je manque de gémir à ce goût que j'aime tant. C'est un de mes plats préférés et je ne pourrai jamais m'en lasser.

Ma mère reprend sa place aux côtés de la mère de Nathanaël pendant que tout le monde se sert. Moi, je suis bien trop occupé à manger.

– Alors, comment s'est passée votre journée ? lance Elia en reposant la cuillère dans le plat une fois qu'elle s'est servie.

Il y a tant de choses à dire. Autant bien que mal et j'ignore par où commencer. Me connaissant, je serai capable de faire une gaffe et alors tout serait foutu.

Comme je sens le regard de mon demi-frère et mon complice de cette journée sur moi, je lui jette un regard. Il semble attendre patiemment que je me décide à répondre, ce que je fais après avoir longuement mastiqué comme pour gagner du temps.

– Plutôt pas mal.

– Ouais enfin, une journée comme une autre, quoi, rajoute mon voisin.

J'acquiesce pour confirmer ses dires et repars sur le contenu de mon assiette.

– C'est tout ? s'étonne ma mère. Bon sang, à votre âge on avait bien plus de choses à raconter à ses parents, le soir.

J'échange un regard mi blasé avec Nathanaël qui lui, esquisse un rictus narquois. Si les jérémiades de sa belle-mère l'amuse, eh bien tant mieux pour lui ! Moi, j'ai assez entendu ce refrain dans ma vie.

– Maman, je soupire en fourrant une autre bouchée de pâte carbo dans ma bouche.

Et voilà que je me retrouve la cible des yeux bleus de ma mère.

– Ma fille, renvoie-t-elle sur le même ton.

Je lève les yeux au ciel en même temps qu'Elia vole à mon secours en déviant le sujet pour un autre qui me fige sur ma chaise.

– Dis moi, Léo, t'as prévu d'aller chez ton père pour les fêtes ?

– C'est ce qu'elle fait chaque année, répond ma mère à ma place.

Exact, c'est ce que je fais chaque année parce que j'ai passé énormément de temps à vivre avec papa. Seulement c'était avant que Boston ne devienne mon ennemie...

Je n'ai aucune envie de laisser mon père tout seul pour Noël mais d'un autre côté, rares sont les fois où j'ai passé les fêtes de fin d'année avec ma mère... C'est ce que je déteste plus que tout dans le fait d'avoir des parents séparés ; devoir à chaque fois en abandonner un dans des moments importants comme ceux-ci me déchire de l'intérieur. J'aimerai pouvoir me couper en deux et être avec les deux en même temps...

Je sens mes yeux me picoter mais je les cligne une fois, deux fois jusqu'à que ça revienne à la normale. Non, je ne pleurerai pas. Pas en public. Pas devant ma mère.

Mais qu'on soit clair, je déteste cette situation. Ma culpabilité ne fait que grandir et je ne peux jamais réellement profiter de Noël car je sais qu'il manquera toujours quelqu'un.

Le truc, c'est qu'il n'y aucun moyen de pouvoir arranger ça car mon père et ma mère dans la même pièce, c'est la guerre.

La portion de pâte que j'avale me laisse un coup amer dans la bouche et je n'ai plus faim. En soulevant le sujet des fêtes de fin d'années, sans le vouloir, ma belle-mère vient de me couper l'appétit.

LOVE NIGHT (TERMINÉE)Where stories live. Discover now