Chapitre 15 - Une nuit où les démons sont de sortie et un accord se scelle

203 18 15
                                    


TW : SCARIFICATION, DÉSESPOIR, IDÉE SUICIDAIRE !!!

Nathanaël

J'ai couru. J'ai couru comme un dératé à qui on aurait annoncé que la fin du monde aurait lieu dans les trente prochaines minutes. L'immeuble d'Aurélia était à quatre rues de chez nous mais je suis quand même de retour.

Quand j'ouvre la porte d'entrée, je suis à bout de souffle. La maison est plongée dans l'obscurité et dans le silence le plus complet. J'allume la lumière tout en avançant et l'horloge au mur m'indique qu'il est vingt trois heures quarante. Je ne m'attarde pas et emprunte les escaliers qui mènent à l'étage. Le couloir aussi est plongé dans le noir et est aussi silencieux.

Ou presque.

En passant devant la porte de la salle de bain, j'entends distinctement des pleurs. Suivant mon instinct qui ne cesse pas de me hurler d'ouvrir cette porte, c'est ce que je fais. La pièce est plongé dans le noir elle aussi, pourtant je sais qu'elle est ici.

Je l'entends. Alors j'avance et quand j'allume la lumière, je n'étais pas prêt à ce qui allait s'afficher devant mes yeux.

– Lé- Léonie ? je bafouille, complètement figé sous le spectacle déplorable qui se passe.

Elle sursaute, jette l'objet du délit loin d'elle mais c'est trop tard. Le filet de sang provoqué par la coupure sur sa cuisse qui coule montre que le mal a été fait.

Je m'avance et elle tente de reculer - comme un animal blessé apeuré - mais elle est déjà dos contre la paroi de la douche. Plus près, je distingue alors d'autres traces de sillons rouges et j'avise la lame de rasoir jetée au bout de la douche et son corps recroquevillé dans le bac. Ses yeux gonflés et rougis.

Inexplicablement mon coeur se serre tout comme ma gorge qui me fait peiner à avaler ma salive. J'étais préparé à tout ou presque sauf à ça.

Elle se scarifie putain. Je ne l'aurai jamais cru.

J'amorce un pied dans la douche et alors sa voix s'échappe en un son étranglé :

– Va t'en, j'entends en même temps qu'elle renifle.

Je ne l'écoute pas et mets le deuxième pied dans le bac. Elle se met aussitôt sur l'attaque et hurle :

– Dégage putain !

Je l'ignore et je continue d'approcher jusqu'à être devant elle. Je tends la main vers elle mais elle la chasse d'un geste violent.

– Je t'ai dit de partir ! crie Léonie en commençant à s'agiter.

Je fais tout le contraire de ce qu'elle me demande et je pose la main sur sa cuisse dans un geste ferme. Elle sursaute, bouge dans tous les sens en m'insultant de tous les noms.

– PUTAIN MAIS CASSE TOI NATHANAËL ! elle s'égosille.

Elle essaie de me frapper mais j'intercepte sa main, emprisonne ses deux bras et l'oblige à se calmer.

– Continue de gueuler, de me frapper ou autre, je ne partirai pas Picasso.

Aussi subitement que tout ce qu'elle fait, elle cesse de me combattre, lève ses yeux larmoyants vers moi et éclate en sanglots.

Je crois que je viens d'entendre mon coeur se briser. Je récupère cette âme esseulée contre moi, j'entoure son corps tremblants de mes bras et tout en inspirant ce parfum de désespoir, je me demande comment cette tornade violette et joviale en est arrivé à un stade de se mutiler, dans une salle de bain plongée dans le noir.

LOVE NIGHT (TERMINÉE)Where stories live. Discover now